Abbas Mirza

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ABBAS-MIRZA, MEMBRE DE LA SOCIÉTÉ ASIATIQUE D’ANGLETERRE.

Le 6 mars 1828, Abbas-Mirza, prince royal de Perse, fut élu à l’unanimité l’un des quatre membres honoraires de la société royale Asiatique d’Angleterre et d’Irlande. Son diplôme, tracé sur du superbe vélin et enrichi de vignettes héraldiques, fut remis à sir John Malcolm, qui allait à cette époque prendre le gouvernement de Bombay. Arrivé à sa destination, ce haut fonctionnaire s’empressa d’envoyer au prince, par un officier supérieur, le titre qui lui était destiné. Peu de temps après, Abbas-Mirza témoigna à la docte société sa reconnaissance par deux lettres, dont voici la traduction.

Première lettre.

« Aux nobles membres de la société royale Asiatique, célèbres par leur sagesse et leur pénétration, distingués par leurs talens et leur savoir, s’élevant sur l’échelle de la science, et réunis en assemblée douée de toutes les connaissances.

» Nous leur donnons avis, par la présente, que la lettre qu’ils nous ont écrite a été reçue et lue d’une manière amicale. Souvenir de science et de sagesse, cette lettre nous a causé la plus vive satisfaction, parce que ses auteurs sont renommés par leur savoir et leur prudence. L’attention qu’ils ont eue de mentionner notre auguste nom dans leurs séances, et de le faire figurer d’une manière convenable parmi ceux des membres de la société, n’a fait qu’accroître notre confiance et notre affection. Nous aimons à espérer que toutes nos actions obtiendront désormais l’approbation et les éloges de ces hommes renommés par leur sagesse et leur justice. Tel a été, tel est encore notre plus ardent désir. Nous pouvons assurer avec vérité que l’acquisition d’une nouvelle partie de territoire nous eût donné moins de satisfaction que la réception de cette lettre. D’après les expressions bienveillantes et cordiales de la société, c’est avec les mêmes sentimens que nous nous considérerons désormais comme un de ses membres, regardant cette élection spéciale comme un moyen qui donnera plus d’éclat et d’extension à notre nom. Nous prions les membres de la société de vouloir bien s’occuper de nous dans leurs séances, ainsi que leur sagesse et leur justice pourront le leur suggérer, et de conserver, autant qu’il sera en leur pouvoir, les principes de cette union et de cette amitié qui ont commencé par eux, et par suite de laquelle ils peuvent compter qu’ils ne sortiront jamais de notre bienveillante mémoire. Nous les engageons à nous transmettre leurs vœux et leurs désirs.

» Datée de Ramazan, 1243 (mars 1828). »

Deuxième lettre.

« Nous écrivons la présente pour déclarer que, bien que nous n’ayons jamais vu les membres de la société Asiatique, nous avons souvent entendu leur éloge. Le plus grand de nos désirs serait de voir cette assemblée, quoique nous connaissions parfaitement les difficultés qui s’y opposent. La plus belle qualité que l’homme puisse posséder est la sagesse. Ceux qui en sont doués sont supérieurs au reste de l’humanité, et l’affection qu’ils ont pour les autres hommes, les louanges qu’ils peuvent leur accorder, sont pour ces derniers le plus précieux des biens. C’est d’après ces considérations que nous avons vu avec plaisir que notre nom ait été mentionné dans votre société avec honneur et respect. Dans la joie de notre cœur, nous vous adressons ce peu de mots avec notre lettre officielle. Nous vous envoyons aussi un petit morceau d’ambre comme un parfum de notre bienveillance, et pour que les membres de la société connaissent l’estime que nous avons pour eux. »

Ces deux lettres sont sur du papier embelli de riches ornemens, et la seconde est de la propre main du prince. L’ambre dont il est question pèse environ une once et demie, et est renfermé dans une boîte en or, travaillée à jour avec beaucoup de goût et ornée de rubis. La boîte elle-même est placée dans une bourse d’or et d’argent tressés ensemble, et le tout est enveloppé dans un châle de mousseline.

L…