Abrégé de l’Histoire Sainte (Frémont)
Pour les autres éditions de ce texte, voir Abrégé de l’Histoire Sainte.
ABRÉGÉ DE L’HISTOIRE SAINTE.
1.
Dieu créa le monde en six jours.
Dieu créa le ciel et la terre dans l’espace de six jours.
Le premier jour, il fit la lumière.
Le second jour, il fit le firmament, qu’il appela ciel.
Le troisième jour, il rassembla les eaux dans un seul lieu, et fit sortir de la terre les plantes et les arbres.
Le quatrième jour, il fit le soleil, la lune et les étoiles.
Le cinquième jour, il fit les oiseaux qui voltigent dans l’air, et les poissons qui nagent dans les eaux.
Le sixième jour, il fit tous les animaux, et en dernier lieu l’homme.
Il se reposa le septième jour.
2.
Dieu forme Adam du limon de la terre.
Dieu forma le corps de l’homme du limon de la terre. Il lui donna une âme vivante : il le fit à sa ressemblance, et le nomma Adam.
Ensuite il envoya un sommeil à Adam, et prit une de ses côtes pendant qu’il dormait.
De cette côte il forma la femme, qu’il donna pour compagne à Adam, et c’est ainsi qu’il institua le mariage.
Le nom de la première femme fut Ève.
3.
Dieu place l’homme dans le paradis terrestre, et lui défend de toucher au fruit de l’arbre de la science.
Dieu plaça Adam et Ève dans un jardin très-agréable, qu’on a coutume d’appeler paradis terrestre.
Un grand fleuve arrosait ce jardin : là étaient toutes sortes d’arbres agréables à la vue, et des fruits doux au goût. Parmi ces arbres était celui de la science du bien et du mal.
Dieu dit à Adam : « Usez des fruits de tous les arbres du paradis, excepté celui de la science du bien et du mal ; car si vous mangez de ce fruit, vous mourrez. »
4.
Adam et Ève désobéissent à Dieu.
Le serpent, qui était le plus rusé de tous les animaux, dit à la femme : « Pourquoi ne mangez-vous point du fruit de cet arbre ? »
La femme répondit : « Dieu l’a défendu ; et si nous y touchons, nous mourrons. »
« Point du tout, » dit le serpent : « vous ne mourrez pas ; mais vous serez semblables à Dieu, connaissant le bien et le mal. »
La femme, trompée par ces paroles, cueillit de ce fruit, et en mangea : ensuite elle en offrit à son mari, qui en mangea pareillement.
5.
Adam et Ève se cachent et s’excusent.
Adam, fuyant la présence de Dieu, se cacha. Dieu l’appela : « Adam, Adam ! »
Il répondit : « J’ai craint votre présence, et je me suis caché. »
« Pourquoi craignez-vous, » dit Dieu, « si ce n’est parce que vous avez mangé du fruit défendu ? »
Adam répondit : « La femme que vous m’avez donnée pour compagne, m’a présenté de ce fruit, afin que j’en mangeasse. »
Le Seigneur dit à la femme : « Pourquoi avez-vous fait cela ? » Elle répondit : « Le serpent m’a trompée. »
6.
Dieu maudit le serpent, et présage à Ève les malheurs qui doivent l’accabler.
Le Seigneur dit au serpent : « Parce que tu as trompé la femme, tu seras détesté et maudit entre tous les animaux : tu ramperas sur la poitrine et tu mangeras de la terre.
« Il y aura des inimitiés entre la femme et toi ; elle-même un jour t’écrasera la tête. »
Il dit aussi à la femme : « Je vous accablerai de plusieurs maux ; vous enfanterez avec douleur, et vous serez sous la puissance de l’homme. »
7.
Dieu annonce à Adam et à Ève qu’ils ne jouiront que d’une vie mortelle, et les chasse du paradis terrestre.
Ensuite Dieu dit à Adam : « Parce que vous avez cédé à la voix de votre épouse, la terre vous sera contraire : elle vous produira des épines et des chardons.
« Vous tirerez d’elle votre nourriture avec beaucoup de peine, jusqu’à ce que vous retourniez dans la terre d’où vous êtes sorti. »
Alors il chassa Adam et Ève du jardin, afin que celui-ci cultivât la terre ; et il plaça un ange, qui tenait à la main une épée étincelante, pour garder l’entrée du paradis.
8.
Caïn et Abel, enfants d’Adam, différents devant le Seigneur.
Adam eut plusieurs enfants, parmi lesquels on compte Caïn et Abel : celui-ci fut pasteur, celui-là fut cultivateur.
Tous deux offrirent des présents au Seigneur ; Caïn des fruits de la terre, et Abel des brebis les plus grasses.
Dieu vit favorablement les offrandes d’Abel, mais non celles de Caïn : ce que Caïn souffrit avec peine.
Le Seigneur dit à Caïn : « Pourquoi portez-vous envie à votre frère ? Si vous agissez bien, vous en recevrez la récompense ; mais si vous agissez mal, vous serez puni de votre faute. »
9.
Abel tué par Caïn.
Caïn n’obéit point aux avis de Dieu, et dissimulant sa colère, il dit à son frère : « Ça, allons promener. »
Ainsi tous deux sortirent ensemble ; et lorsqu’ils étaient dans la campagne, Caïn se jeta sur Abel, et le tua.
Dieu dit à Caïn : « Où est votre frère ? » Caïn répondit : « Je l’ignore : suis-je, moi, le gardien de mon frère ? »
10.
Punition de Caïn.
Dieu dit à Caïn : « Caïn qu’avez-vous fait ? Le sang de votre frère, que vous avez répandu de votre propre main, crie vers moi.
« La terre qui a bu le sang d’Abel, vous sera contraire ; lorsque vous l’aurez cultivée par un travail long et pénible, elle ne produira aucun fruit ; vous serez errant dans l’univers. »
Caïn, n’espérant point de pardon, s’enfuit.
11.
Noé construit l’arche d’après l’avis de Dieu.
Après que le nombre des hommes se fut accru, tous les vices l’emportèrent. C’est pourquoi Dieu offensé résolut de perdre le genre humain par un déluge.
Cependant il épargna Noé et ses enfants, parce qu’ils pratiquaient la vertu.
Noé, selon l’avis de Dieu, construisit une grande arche en forme de vaisseau ; il l’enduisit de bitume, et y fit entrer un couple de tous les oiseaux et de tous les animaux.
12.
Déluge (an du monde 1656).
Après que Noé lui-même fut entré dans l’arche avec sa femme, ses trois fils et autant de brus, les eaux de la mer et de toutes les sources débordèrent.
En même temps une grande pluie tomba pendant quarante jours et autant de nuits.
L’eau couvrit toute la terre, de sorte qu’elle surpassait de quinze coudées les plus hautes montagnes.
Tout fut détruit par le déluge ; mais l’arche, soulevée par les eaux, flottait sur leur surface.
13.
Fin du déluge.
Dieu envoya un vent violent, et peu à peu les eaux diminuèrent.
Enfin le onzième mois après le commencement du déluge, Noé ouvrit la fenêtre de l’arche, et fit sortir un corbeau, qui ne revint point.
Ensuite il lâcha une colombe : celle-ci n’ayant point trouvé de lieu où elle pût se percher, revint vers Noé, qui étendit la main, et la fît rentrer dans l’arche.
La colombe, lâchée une seconde fois, apporta dans son bec un rameau d’olivier vert, qui était le signe de la fin du déluge.
14.
Noé sort de l’arche ; promesse de Dieu.
Noé sortit de l’arche après y avoir été renfermé pendant une année entière, lui et sa famille : il en fit sortir avec lui les oiseaux et les autres animaux.
Alors il érigea un autel, et offrit un sacrifice au Seigneur. Dieu lui dit : « Je ne détruirai plus désormais le genre humain : je placerai mon arc dans les nues, et il sera le signe de l’alliance que je fais avec vous.
« Lorsque j’aurais couvert le ciel de nuages, mon arc apparaîtra, je me souviendrai de mon alliance, et il n’y aura plus de déluge pour perdre l’univers. »
15.
Établissements divers des enfants de Noé. Naissance de la corruption et de l’impiété.
Toutes les nations se multiplièrent par les fils de Noé. Sem habita l’Asie, Cham l’Afrique, Japhet l’Europe.
Le châtiment du déluge ne détourna point les hommes des vices ; en effet, ils devinrent bientôt plus méchants qu’auparavant.
Ils oublièrent Dieu, créateur de toute chose ; ils adoraient le soleil et la lune ; ils ne respectaient point leurs parents ; ils mentaient, ils commettaient la fraude, le vol, l’homicide : en un mot, ils se souillaient de toutes sortes de crimes.
16.
Vocation d’Abraham (an du monde 2083).
Cependant quelques saints personnages pratiquèrent la véritable religion et la vertu ; de ce nombre fut Abraham, de la race de Sem.
Dieu fît alliance avec lui en ces termes : « Sortez de la maison de votre père, quittez votre patrie, et allez dans le pays que je dois donner à vos descendants. Je rendrai votre postérité nombreuse, vous serez le père de plusieurs peuples, et par vous toutes les nations du monde seront comblées de biens. Regardez le ciel : comptez les étoiles, si vous le pouvez ; votre race en égalera le nombre. »
17.
Naissance d’Isaac.
Abraham était déjà vieux, et Sara, son épouse, était stérile.
Cependant Dieu leur promit qu’un fils naîtrait d’eux.
« Vous aurez, » dit-il, « un fils de Sara, votre épouse. »
Sara entendant cela, se mit à rire ; elle n’ajouta pas foi sur-le-champ aux promesses de Dieu, et pour cela Dieu la réprimanda.
Mais Abraham crut à la promesse de Dieu.
En effet, un an après, Abraham eut un fils, qu’il nomma Isaac.
18.
Abraham se prépare à immoler son fils sur un bûcher.
Lorsqu’Isaac fut devenu grand, Dieu, éprouvant la foi d’Abraham, lui dit : « Abraham, prenez votre fils unique que vous aimez, et immolez-le-moi sur la montagne que je vous indiquerai. »
Abraham n’hésita point à obéir à l’ordre de Dieu ; il chargea Isaac du bois, et lui-même prit dans ses mains le feu et le glaive.
Tandis qu’ils marchaient ensemble, Isaac dit à son père : « Mon père, voici le bois et le feu, mais où est la victime qui doit être immolée ? » Abraham lui répondit : « Dieu y pourvoira, mon fils. »
19.
Dieu arrête la main d’Abraham par la voix d’un ange, et lui envoie une victime.
Dès que tous deux furent arrivés au lieu désigné, Abraham éleva un autel, arrangea le bois, lia Isaac sur le bûcher, et ensuite il saisit le glaive.
Alors un ange cria du haut du ciel : « Abraham, retenez votre main ; ne faites point de mal à cet enfant : Dieu a reconnu votre obéissance, puisque vous n’avez pas épargné votre fils bien-aimé : aussi il vous favorisera et récompensera magnifiquement votre foi. »
Abraham regarda derrière lui, et vit un bélier embarrassé par les cornes dans un buisson : il l’immola à la place de son fils.
20.
Éliézer, serviteur d’Abraham, va chercher une épouse à Isaac.
Dans la suite, Abraham envoya son serviteur Éliézer chez ses parents qui habitaient la Mésopotamie, pour amener de là une épouse à son fils Isaac.
Éliézer prit dix chameaux de son maître, et partit, emportant avec lui de magnifiques présents, pour les offrir à la jeune fille destinée à Isaac, et à ses parents.
Dès qu’il fut arrivé dans la Mésopotamie, il s’arrêta avec ses chameaux près d’un puits, sur le soir, dans le temps où les jeunes filles avaient coutume de se rassembler pour puiser de l’eau.
21.
Éliézer consulte Dieu pour connaître l’épouse destinée à Isaac ; il rencontre Rébecca.
Éliézer pria Dieu en ces termes : « Seigneur, Dieu d’Abraham, faites que la jeune fille qui me donnera à boire lorsque je le lui demanderai, soit celle que vous destinez à Isaac. »
Aussitôt Rébecca, jeune fille d’une rare beauté, s’avança portant une urne sur ses épaules ; elle descendit vers le puits, et remplit l’urne.
Alors Éliézer, s’étant avancé au-devant d’elle, lui dit : « Donnez-moi à boire. — Buvez, mon seigneur, » lui dit Rébecca. Et en même temps elle baissa son urne.
Lorsqu’il eut bu, Rébecca offrit aussi de l’eau à ses chameaux. À cet indice, Éliézer connut ce qu’il désirait savoir.
22.
Éliézer interroge Rébecca sur sa famille.
Éliézer tira des pendants d’oreilles et des bracelets d’or, qu’il donna à Rébecca : alors il lui dit : « De qui êtes-vous fille ? y a-t-il dans la maison de votre père un logement pour séjourner ? »
Rébecca lui répondit : « Je suis fille de Bathuel : mon grand-père est frère d’Abraham ; il y a beaucoup de logement à la maison ; nous avons aussi beaucoup de foin et de paille pour les chameaux. »
Ce qu’entendant Éliézer, il rendit grâces à Dieu, qui lui avait accordé un heureux voyage.
23.
Éliézer est reçu chez Bathuel, père de Rébecca.
Rébecca se hâta d’aller à la maison, et raconta à sa mère ce qui lui était arrivé.
Laban, frère de Rébecca, sur le récit de sa sœur, alla trouver cet homme qui était auprès de la fontaine avec ses chameaux ; et, lui adressant la parole :
« Entrez, mon seigneur, lui dit-il ; pourquoi restez-vous dehors ? J’ai préparé un logement pour vous, et une place pour vos chameaux. »
Ensuite il le conduisit à la maison, et il lui servit à manger.
24.
On accorde Rébecca ; Éliézer lui offre, ainsi qu’à toute sa famille, les présents d’Isaac.
Aussitôt Éliézer exposa aux parents de Rébecca le sujet du voyage qu’il avait entrepris, et les pria de consentir à sa demande.
Ils répondirent : « C’est la volonté de Dieu ; nous ne pouvons résister à Dieu. Voici Rébecca ; qu’elle parte avec vous pour épouser Isaac. »
Alors Éliézer tira des vases d’or et d’argent, et des habits précieux, qu’il donna à Rébecca ; il offrit aussi des présents à sa mère et à son frère, et ils se mirent à table.
25.
Départ de Rébecca.
Le lendemain Éliézer, se levant du matin, dit aux parents de Rébecca : « Mon maître m’attend ; congédiez-moi, pour que je retourne chez lui. »
Ils répondirent : « Appelons la jeune fille, et demandons-lui son sentiment. »
Rébecca étant venue, ils lui demandent si elle voulait partir avec Éliézer. « Je le veux bien, » dit-elle.
Ils congédièrent donc Rébecca et sa nourrice, en lui souhaitant toute sorte de prospérité.
26.
Isaac voit Rébecca et l’épouse.
Isaac, par hasard, se promenait alors dans la campagne ; il vit venir les chameaux. En même temps Rébecca, voyant un homme qui se promenait, descendit de dessus son chameau, et demanda à Éliézer : « Quel est cet homme ? » Éliézer répondit : « C’est mon maître lui-même. » Aussitôt elle se couvrit de son voile.
Éliézer raconta à Isaac tout ce qu’il avait fait.
Isaac introduisit Rébecca dans la tente de Sara, sa mère, et le chagrin qu’il ressentait de la mort de celle-ci fut adouci.
27.
Ésaü vend son droit d’aînesse pour un plat de lentilles.
Rébecca mit au monde d’une seule couche deux fils : Ésaü et Jacob. Celui qui naquit le premier était couvert de poil ; l’autre, au contraire, avait la peau douce : celui-là fut un chasseur courageux, celui-ci eut des mœurs douces et simples.
Un jour que Jacob s’était préparé un ragoût de lentilles, Ésaü, fatigué du chemin qu’il avait fait, arriva, et dit à son frère : « Donnez-moi ce ragoût ; car je reviens des champs épuisé de fatigue. »
Jacob lui dit : « Je vous le donnerai, si vous me cédez votre droit d’aînesse. »
« Je le ferai volontiers, » dit Esaü. « Jurez-le-moi donc, » reprit Jacob.
Ésaü jura, et vendit son droit.
28.
Isaac envoie Ésaü à la chasse.
Isaac, qui se plaisait à la chasse, aimait Ésaü : mais Jacob était plus cher à Rébecca.
Isaac, étant devenu vieux et aveugle, appela Ésaü : « Prenez, dit-il, votre carquois, votre arc et vos flèches ; apportez et prépare-moi un ragoût de votre chasse, afin que je mange, et que je vous bénisse avant de mourir. »
Ésaü partit donc pour la chasse.
29.
Rébecca conseille à Jacob de prévenir Ésaü.
Rébecca avait entendu parler Isaac ; elle appela Jacob, et lui dit : « Apportez-moi deux chevreaux : j’accommoderai le ragoût que votre père aime beaucoup ; vous lui servirez ce mets, et il vous bénira. »
Jacob répondit : « Je n’oserai faire cela, ma mère ; Ésaü est couvert de poil, moi j’ai la peau douce : si mon père me touche, il se fâchera contre moi ; ainsi je m’attirerai son indignation et sa malédiction au lieu de sa bénédiction. »
30.
Rébecca prépare à manger pour Isaac, et recouvre les mains et les bras de Jacob de la peau d’un chevreau.
Rébecca insista : « Ne craignez pas, mon fils, lui dit-elle ; s’il en résulte quelque malheur, je prends le tout sur moi. Pour vous, n’hésitez pas à faire ce que je vous commande. »
Jacob sortit donc, et apporta à sa mère deux chevreaux ; celle-ci prépara au vieillard le ragoût qu’elle savait lui être agréable.
Ensuite elle revêtit Jacob des habits de son frère : elle ajusta la peau du chevreau à ses mains et à son cou.
Alors celui-ci allant trouver son père lui porta le mets qu’il aimait beaucoup.
31.
Isaac, trompé par le déguisement de Jacob, le bénit pour Ésaü.
Jacob ayant présenté à son père le mets que sa mère avait préparé, Isaac lui dit : « Ô mon fils, qui êtes-vous ? » Jacob répondit : « Je suis Ésaü votre fils aîné ; j’ai fait ce que vous m’avez ordonné, mon père ; levez-vous, et mangez de ma chasse. »
« Comment, dit Isaac, avez-vous pu trouver cela si tôt ? — Je l’ai trouvé, mon père ; Dieu m’a fait cette grâce. »
Isaac reprit : « Êtes-vous Ésaü, mon fils aîné ? approchez, que je vous touche. »
Jacob s’étant approché de son père, celui-ci dit : « C’est, à la vérité, la voix de Jacob ; mais ce sont les mains d’Ésaü. »
32.
Ésaü revient, demande la bénédiction d’Isaac, et pousse de profonds gémissements en apprenant ce qui s’est passé.
Isaac ayant embrassé Jacob, le préféra à son frère, et lui accorda tous les biens affectés à l’aîné.
Peu après, Ésaü revint de la chasse, et offrit lui-même à son père le mets qu’il avait préparé.
Isaac étonné lui dit : « Quel est donc celui qui vient de m’apporter à manger, et à qui j’ai souhaité toute sorte de bonheur, comme à mon premier né ? »
Ésaü, entendant ces paroles, poussa un grand cri, et remplit la maison de gémissements.
33.
Rébecca persuade à Jacob de partir pour se soustraire aux menaces d’Ésaü.
Ésaü, enflammé de colère, menaçait Jacob de la mort.
C’est pourquoi Rébecca, sa mère, craignant pour son fils chéri, lui dit : « Fuyez, mon fils : allez chez Laban, votre oncle, et restez chez lui jusqu’à ce que la colère de votre frère soit apaisée. »
Jacob, congédié par son père et sa mère, partit pour la Mésopotamie.
Chemin faisant il arriva à un endroit où, fatigué du voyage, il passa la nuit. Il mit une pierre sous sa tête et s’endormit.
34.
Vision de Jacob.
Jacob vit en songe une échelle, qui, appuyée sur la terre, touchait au ciel, et des anges de Dieu qui montaient et descendaient. Il entendit le Seigneur qui lui disait : « Je suis le Dieu de votre père, je vous donnerai, à vous et à vos descendants, la terre sur laquelle vous êtes couché : ne craignez point : je vous favoriserai ; je serai votre protecteur partout où vous irez : je vous ramènerai dans votre patrie, et par vous toutes les nations de la terre seront comblées de biens. » Jacob s’étant éveillé, adora le Seigneur.
35.
Jacob arrive en Mésopotamie et s’informe de Laban.
Jacob, ayant continué son chemin, arriva en Mésopotamie : alors il vit trois troupeaux de menu bétail couchés auprès d’un puits ; car les troupeaux avaient coutume de s’abreuver de l’eau de ce puits. L’ouverture en était fermée par une grande pierre.
Jacob s’étant approché de cet endroit, dit aux bergers : « Mes frères, d’où êtes-vous ? » Ils répondirent : « De la ville d’Haran. »
Il les interrogea une seconde fois : « Connaissez-vous Laban ? » Ils dirent : « Nous le connaissons. — Se porte-t-il bien ? — Oui, répondirent-ils : voici sa fille Rachel qui vient avec son troupeau. »
36.
Jacob rencontre Rachel et est bien reçu de Laban.
Tandis que Jacob s’entretenait avec les bergers, Rachel, fille de Laban, vint avec le troupeau de son père ; car elle faisait paître elle-même le troupeau.
Aussitôt Jacob, voyant sa parente, ôta la pierre de l’ouverture du puits. « Je suis, lui dit-il, le fils de Rébecca, » et il l’embrassa.
Rachel se hâta de l’annoncer à son père, qui reconnut le fils de sa sœur, et lui donna Rachel en mariage.
37.
Retour de Jacob, il reçoit les embrassements de son frère Ésaü.
Jacob demeura longtemps chez Laban. Pendant ce temps-là il augmenta prodigieusement, son bien et devint riche.
Longtemps après, Dieu l’ayant averti, il retourna dans sa patrie.
Il craignait la colère de son frère et afin d’apaiser son ressentiment, il envoya vers lui des messagers pour lui offrir des présents.
Ésaü adouci courut au-devant de Jacob qui arrivait, lui sauta au cou, l’embrassa en pleurant, et ne lui fit aucun mal.
38.
Enfance de Joseph : ses frères le haïssent.
Jacob eut douze fils, du nombre desquels était Joseph : son père l’aimait plus que les autres, parce qu’il l’avait engendré dans sa vieillesse. Il lui avait donné une robe tissue de fils de diverses couleurs.
Pour ces raisons Joseph était haï de ses frères, surtout après qu’il leur eut raconté deux songes qui présageaient sa grandeur future.
Ils le haïssaient si fort, qu’ils ne pouvaient lui parler avec amitié.
39.
Joseph raconte à ses frères les deux songes qu’il a eus.
Or, tels étaient les songes de Joseph : « Nous étions occupés, dit-il, à lier ensemble des gerbes dans un champ : voilà que ma gerbe se levait et se tenait droite ; mais vos gerbes, rangées autour de la mienne, la révéraient.
« Après cela j’ai vu en songe le soleil, la lune et onze étoiles qui m’adoraient. »
Ses frères lui répondirent : « Que signifient ces songes ? Est-ce que tu serais notre roi ? serons-nous soumis à ta puissance ? » Ses frères lui portaient envie ; mais le père pensait à ces paroles sans rien dire.
40.
Les frères de Joseph prennent la résolution de le tuer.
Un jour que les frères de Joseph faisaient paître au loin leurs troupeaux, lui-même était resté à la maison. Jacob l’envoya vers ses frères, pour savoir en quel état ils étaient.
Ceux-ci, le voyant venir, formèrent le projet de le tuer : « Voici, disaient-ils, le songeur qui arrive : tuons-le, et jetons-le dans un puits : nous dirons à notre père : Une bête féroce a dévoré Joseph. Alors on verra à quoi lui serviront ses songes. »
41.
Ruben, l’aîné de ses frères, essaye de les détourner de ce coupable dessein.
Ruben, qui était l’aîné, entendant ses frères, les détourna d’un si grand crime :
« Ne tuez pas cet enfant, disait-il, car c’est notre frère ; jetez-le plutôt dans cette fosse. » Son intention, en effet, était de délivrer Joseph de leurs mains, de le tirer de la fosse et de le ramener à son père.
Ces paroles les déterminèrent à un parti plus modéré.
42.
Joseph est vendu par ses frères à des marchands qui l’emmènent en Égypte.
Dès que Joseph fut arrivé près de ses frères, ils lui ôtèrent la robe, dont il était revêtu, et le précipitèrent dans la fosse.
Ensuite s’étant assis pour prendre leur nourriture, ils aperçurent des marchands qui allaient en Égypte avec des chameaux chargés de divers parfums.
Il leur vint à l’esprit de vendre Joseph à ces marchands.
Ceux-ci achetèrent Joseph vingt pièces d’argent, et l’emmenèrent en Égypte.
43.
Ils envoient à leur père la robe de Joseph, teinte de sang.
Alors les frères de Joseph trempèrent sa robe dans le sang d’un chevreau qu’ils avaient tué, et l’envoyèrent à leur père avec ces paroles : « Nous avons trouvé cette robe : voyez si c’est la robe de votre fils. »
Le père, l’ayant reconnue, s’écria : « C’est la robe de mon fils une bête cruelle a dévoré Joseph ! » Ensuite il déchira ses habits et se revêtit d’un cilice.
Tous ses enfants se réunirent pour apaiser la douleur de leur père ; mais Jacob ne voulut point recevoir de consolation et dit : « Je descendrai, accablé de chagrin, avec mon fils, dans le tombeau. »
44.
Putiphar achète Joseph et lui accorde toute sa confiance.
Putiphar acheta Joseph en Égypte à ces marchands.
Or Dieu favorisa Putiphar par rapport à Joseph : tout lui réussissait.
C’est pourquoi Joseph fut traité avec bonté par son maître, qui le mit à la tête de sa maison.
Joseph régissait donc les biens de Putiphar : tout se faisait selon sa volonté, et Putiphar ne prenait aucun soin de ses propres affaires.
45.
Joseph est accusé par la femme de Putiphar et mis en prison.
Joseph était d’une figure belle et distinguée : l’épouse de Putiphar le sollicitait au crime.
Mais il ne voulait pas répondre aux désirs de cette méchante femme.
Un jour elle le prit par le bord de son manteau ; mais Joseph laissa le manteau dans ses mains et s’enfuit.
Cette femme irritée appela à haute voix ses serviteurs, et accusa Joseph devant son mari, qui, trop crédule, le fit mettre en prison.
46.
Songes de deux officiers du roi Pharaon.
Il y avait dans la même prison deux officiers du roi Pharaon ; l’un était le chef des échansons, et l’autre celui des panetiers.
Tous deux eurent, par la volonté de Dieu, un songe dans la même nuit.
Joseph étant venu le matin vers eux, et les ayant trouvés plus tristes qu’à l’ordinaire, leur demanda quelle était la cause de leur tristesse.
Ils répondirent : « Nous avons eu un songe, et il n’y a personne qui puisse nous l’expliquer. »
« N’est-ce pas à Dieu seul, dit Joseph, de connaître l’avenir ? Racontez-moi vos songes. »
47.
Joseph explique le songe du grand échanson.
Alors le premier exposa ainsi son songe à Joseph : « J’ai vu pendant mon sommeil une vigne qui avait trois branches : elle produisit peu à peu des bourgeons ; ensuite les fleurs parurent, et enfin les raisins mûrissaient.
« J’exprimais le suc de ces raisins dans la coupe de Pharaon, et je la lui présentais. »
« Prenez courage, dit Joseph ; sous trois jours Pharaon vous rétablira dans votre ancienne charge : je vous prie de vous souvenir de moi. »
48.
Il explique le songe du grand panetier.
L’autre raconta aussi son songe à Joseph : « Je portais sur ma tête trois corbeilles où étaient les mets que les panetiers ont coutume de faire.
« Voilà que des oiseaux voltigeaient à l’entour ; et mangeaient ces mets. » Joseph lui répondit : « Voici l’explication de ce songe : les trois corbeilles sont trois jours, après lesquels Pharaon vous fera frapper de la hache et attacher à un gibet, où les oiseaux carnivores se repaîtront de votre chair. »
49.
Accomplissement des deux songes ; mais le grand échanson ne se souvient pas de Joseph.
Le troisième jour, qui était celui de la naissance de Pharaon, il fallut préparer un grand festin.
Alors le roi se ressouvint de ses officiers qui étaient en prison.
Il rétablit le grand échanson dans sa charge ; et après avoir fait frapper l’autre de la hache, il le fit pendre à un gibet.
Ainsi l’événement vérifia le songe.
Cependant le grand échanson oublia Joseph, et ne se ressouvint point du service qu’il lui avait rendu.
50.
Songe du roi Pharaon.
Deux ans après le roi lui-même eut un songe.
Il lui semblait être sur les bords du Nil, et il sortait de ce fleuve sept vaches grasses, qui paissaient dans un marais.
Ensuite sortirent du même fleuve sept autres vaches maigres, qui dévorèrent les premières.
Pharaon s’étant éveillé, se rendormit, et eut un autre songe : sept épis pleins croissaient sur une même tige, et sept autres épis grêles croissaient à leur tour et ruinaient les épis pleins.
51.
Le grand échanson parle de Joseph au roi.
Dès que le jour parut, Pharaon troublé fit assembler tous les interprètes de l’Égypte, et leur raconta son songe ; mais aucun d’eux ne pouvait l’expliquer.
Alors le grand échanson dit au roi : « J’avoue ma faute : lorsque j’étais en prison avec le grand panetier, nous eûmes tous deux un songe dans la même nuit.
« Il y avait là un jeune Hébreu qui nous expliqua nos songes avec sagesse ; car l’événement a vérifié son explication. »
52.
Joseph explique le songe du roi et lui trace la conduite qu’il doit tenir.
Le roi fit venir Joseph, et lui raconta les deux songes. Alors Joseph dit à Pharaon :
« Ces deux songes signifient une seule et même chose.
« Les sept vaches grasses et les sept épis pleins sont sept années d’abondance qui doivent bientôt arriver ; mais les sept vaches maigres et les sept épis grêles sont autant d’années de famine qui suivront celles d’abondance.
« Ô roi, mettez donc à la tête de toute l’Égypte un homme sage et intelligent ; que toutes les denrées soient renfermées dans les greniers publics, et qu’elles soient conservées soigneusement pour les années de la disette à venir. »
53.
Joseph est établi intendant de toute l’Égypte.
Ce conseil plut au roi ; il dit donc à Joseph : « Y a-t-il dans l’Égypte quelqu’un de plus sage que vous ? Personne assurément ne s’acquittera mieux de cet emploi. Dès ce moment je vous confie le soin de mon royaume. »
Alors il tira un anneau de sa main, et le mit au doigt de Joseph ; il le revêtit d’une robe de lin, le décora d’un collier d’or, et le fit asseoir dans son char le second après lui.
Joseph était âgé de trente ans lorsqu’il reçut du roi le souverain pouvoir.
54.
Joseph met en réserve une partie des grains qu’il vend ensuite.
Joseph parcourut toutes les contrées de l’Égypte, et, pendant les sept années d’abondance, il amassa une très-grande quantité de blé.
La disette de sept ans vint ensuite, et la famine se fit sentir sur toute la terre.
Alors les Égyptiens, pressés par le besoin, se présentèrent au roi et lui demandèrent des vivres.
Pharaon les renvoyait à Joseph. Celui-ci ouvrit tous les greniers et vendit du blé aux Égyptiens.
55.
Jacob envoie ses enfants en Égypte et ne retient auprès de lui que Benjamin.
On venait aussi des autres pays en Égypte pour acheter des vivres.
Jacob, pressé par la même nécessité, y envoya ses fils.
Les frères de Joseph partirent donc ; mais le père retint à la maison le plus jeune, nommé Benjamin.
Car il craignait qu’il ne lui arrivât quelque malheur dans le voyage.
Benjamin était né de la même mère que Joseph : c’est pourquoi il était beaucoup plus cher à son père que ses autres frères.
56.
Joseph fait semblant de les prendre pour des espions.
Dès que les dix frères se trouvèrent en présence de Joseph, ils lui rendirent hommage en se prosternant.
Joseph les reconnut sans être lui-même reconnu d’eux.
Il ne voulut point se faire connaître sur-le-champ, mais il leur demanda comme à des étrangers : « D’où venez-vous, et dans quel dessein ? »
Ils répondirent : « Nous sommes partis du pays de Chanaan pour acheter du blé. — Il n’en est point ainsi, reprit Joseph ; vous êtes des espions et, venus ici en ennemis, vous voulez examiner nos villes et les endroits faibles de l’Égypte. »
« Point du tout, répondirent-ils : nous ne projetons aucun mal, nous sommes douze frères ; le plus jeune a été retenu à la maison par notre père ; un autre ne vit plus. »
57.
Joseph retient Siméon jusqu’à ce qu’on lui amène Benjamin ; repentir des frères de Joseph.
Ce qui inquiétait Joseph, c’est que Benjamin ne se trouvait pas avec les autres.
C’est pourquoi il leur dit : « J’examinerai si vous avez dit la vérité : qu’un de vous reste en otage auprès de moi, jusqu’à ce qu’on amène ici votre plus jeune frère ; vous autres, partez avec votre blé. »
Alors ils commencèrent à dire entre eux : « C’est avec justice que nous souffrons ce traitement : nous avons été cruels envers notre frère ; maintenant nous subissons la punition de ce crime. »
Ils pensaient que Joseph ne comprenait point ces paroles, parce qu’il leur parlait par interprète.
Mais il se détourna un peu, et pleura.
58.
Les frères de Joseph s’en retournent ; leur étonnement en trouvant dans leurs sacs l’argent que Joseph y avait fait replacer.
Joseph ordonna de remplir de blé les sacs de ses frères, et de remettre à l’ouverture des sacs l’argent qu’ils avaient apporté ; il fit joindre à cela des vivres pour leur voyage.
Ensuite il les congédia, excepté Siméon, qu’il retint en otage.
Les frères de Joseph partirent donc ; et lorsqu’ils furent arrivés chez leur père, ils lui racontèrent tout ce qui leur était arrivé.
Lorsqu’ils eurent ouvert les sacs pour verser le blé, ils furent étonnés d’y trouver l’argent.
59.
Jacob ne veut point laisser partir Benjamin.
Jacob ayant appris que l’intendant de l’Égypte demandait Benjamin gémit et versa d’abondantes larmes.
« Vous êtes cause de la perte de mes enfants, dit-il ; Joseph est mort : Siméon est retenu en Égypte, et vous voulez emmener Benjamin.
« Tous ces maux retombent sur moi ; je ne laisserai point partir Benjamin ; car s’il lui arrive quelque malheur en chemin, je ne pourrai lui survivre, et je mourrai accablé de douleur. »
60.
Ses enfants le pressent de consentir au départ de Benjamin ; car ils se sont engagés à le conduire en Égypte.
Les vivres qu’ils avaient apportés étant consommés, Jacob dit à ses fils : « Retournez en Égypte pour acheter des vivres. » Ils répondirent : « Nous ne pouvons aller trouver l’intendant de l’Égypte sans Benjamin ; car il nous a ordonné de le lui amener. »
« Pourquoi, dit le père, avez-vous fait mention de votre plus jeune frère ? »
« Lui-même, dirent-ils, nous a demandé si notre père vivait, si nous avions un autre frère. Nous avons répondu à ses questions ; nous n’avons pu prévoir qu’il nous dirait : Amenez ici votre frère. »
61.
Jacob cède aux prières de Judas, et consent enfin au voyage de Benjamin.
Alors Judas, l’un des fils de Jacob, dit à son père : « Confiez-moi cet enfant ; je le prends sous ma protection : je le garderai, je vous le ramènerai ; si je ne le fais, la faute en retombera sur moi. Si vous aviez voulu le laisser partir d’abord, nous serions déjà de retour ici pour la seconde fois. » Le père enfin persuadé y consentit : « Puisque cela est nécessaire, dit-il, que Benjamin parte avec vous ; portez à cet homme des présents et le double du prix, de peur que le premier argent ne vous ait été rendu par méprise. »
62.
Joseph fait préparer un grand repas à ses frères et calme leur inquiétude.
On annonça à Joseph que les mêmes hommes étaient arrivés avec leur plus jeune frère.
Joseph ordonna de les introduire chez lui, et de préparer un festin splendide.
Or, craignant d’être accusés devant l’intendant de Joseph à cause de l’argent qu’ils avaient trouvé dans leurs sacs, ils se justifièrent sur-le-champ.
« Nous sommes déjà venus ici acheter des vivres, dirent-ils ; de retour à la maison, nous avons trouvé le prix du blé dans nos sacs : nous ne savons par quel hasard cela s’est fait, mais nous avons rapporté cet argent. »
L’intendant leur dit : « Dieu vous est propice. » Ensuite il leur amena Siméon, qui avait été retenu en otage.
63.
Ils sont admis à l’audience de Joseph, qui s’entretient avec eux.
Ensuite Joseph entra dans l’appartement où ses frères l’attendaient ; ils lui rendirent leurs hommages et lui offrirent des présents.
Joseph les salua avec affection, et leur demanda : « Comment allez-vous ? Est-il en bonne santé et ce vieillard votre père ? vit-il encore ? »
Ils répondirent : « Notre père est en bonne santé et il vit encore. »
Mais Joseph ayant jeté les yeux sur Benjamin, dit : « C’est là votre plus jeune frère, qui était resté à la maison auprès de votre père ? Que Dieu vous ait en miséricorde, mon fils ! » Et il se hâta de sortir, parce que son cœur était ému et que les larmes lui échappaient.
64.
Joseph fait mettre sa coupe d’argent dans le sac de Benjamin.
Joseph, s’étant lavé le visage rentra, se contint, et dit : « Servez le repas. »
Alors il distribua de la nourriture à chacun de ses frères ; mais la part de Benjamin était cinq fois plus grande que celle des autres. Le repas étant achevé, Joseph chargea son intendant de remplir leurs sacs de blé, d’y remettre en même temps l’argent et de cacher sa coupe d’argent dans le sac de Benjamin.
L’intendant exécuta ce qu’on lui avait ordonné.
65.
Joseph envoie à la poursuite de ses frères son intendant, qui les accuse d’avoir dérobé la coupe de son maître.
Les frères de Joseph s’étant mis en route n’étaient pas encore loin de la ville.
Alors Joseph appela l’intendant de sa maison, et lui dit : « Poursuivez ces hommes, et lorsque vous les aurez rejoints, dites-leur : « Pourquoi avez-vous rendu le mal pour le bien ?
« Vous avez en effet dérobé la coupe d’argent de mon maître et agi contre la probité. »
L’intendant exécuta les ordres de Joseph ; il vola sur-le-champ après eux ; il leur reprocha leur larcin, et leur exposa l’indignité de cette action.
66.
La coupe se retrouve dans le sac de Benjamin.
Les frères de Joseph répondirent à l’intendant : « Nous sommes bien éloignés d’avoir commis un tel crime : nous avons rapporté de bonne foi, comme vous le savez vous-même, l’argent que nous avions trouvé dans nos sacs : tant s’en faut que nous ayons dérobé la coupe de votre maître ; que celui sur qui le vol sera découvert, soit puni de mort. »
Aussitôt ils déposent leurs sacs et les ouvrent ; or on trouva la coupe dans le sac de Benjamin.
67.
Ils retournent à la ville accablés de chagrin ; punition que leur inflige Joseph.
Alors les frères de Joseph, accablés de chagrin, retournent à la ville.
Ayant été amenés devant Joseph, ils se jetèrent à ses pieds. « Comment, leur dit-il avec colère, avez-vous pu commettre ce crime ? »
Judas répondit : « Je l’avoue, la chose est manifeste ; nous ne pouvons donner aucune excuse, et nous n’osons ni demander ni espérer le pardon : nous sommes dès à présent vos esclaves. »
« Point du tout, dit Joseph ; mais celui sur qui l’on a trouvé la coupe sera mon esclave : pour vous, retournez en liberté vers votre père. »
68.
Judas s’offre en servitude à la place de Benjamin.
Alors Judas s’approchant de Joseph : « Seigneur, lui dit-il, écoutez-moi sans colère : notre père aime tendrement cet enfant ; il ne voulait pas d’abord le laisser partir ; je n’ai pu l’emmener de son consentement qu’après lui avoir promis de le ramener sain et sauf. Si nous revenons chez notre père sans cet enfant, il en mourra de chagrin.
« Je vous prie et je vous conjure de m’accorder la liberté de cet enfant. Je vous servirai à sa place : je prends sur moi et je subirai le châtiment qu’il mérite. »
69.
Joseph se fait connaître à ses frères.
Cependant Joseph pouvait à peine se retenir : il ordonna donc aux Égyptiens qui étaient présents de se retirer.
Alors pleurant, il dit à haute voix : « Je suis Joseph ; mon père vit-il encore ? »
Ses frères, saisis d’une trop grande crainte, ne pouvaient lui répondre.
Il leur dit avec amitié : « Approchez de moi. Je suis Joseph votre frère, que vous avez vendu à des marchands qui allaient en Égypte. N’ayez aucune crainte ; cela est arrivé par la providence de Dieu, pour que je veillasse à votre conservation. »
70.
Joseph les charge d’amener son père en Égypte.
Joseph ayant dit ces mots, embrassa son frère Benjamin et arrosa son visage de larmes.
Il embrassa aussi ses autres frères en pleurant avec eux. Alors, enfin, tous s’entretinrent avec lui.
Joseph leur dit : « Allez promptement vers mon père ; annoncez-lui que son fils est vivant, et qu’il a beaucoup de crédit auprès de Pharaon : déterminez-le à passer en Égypte avec toute sa famille. »
71.
Pharaon envoie des présents à Jacob, et des chariots pour le transporter lui et sa famille.
Le bruit de l’arrivée des frères de Joseph parvint aux oreilles du roi : il leur donna des présents pour les porter à leur père, avec ces ordres : « Amenez ici votre père et toute sa famille, et ne vous embarrassez point de vos meubles ; je vous fournirai tout ce qui vous sera nécessaire, et toutes les richesses de l’Égypte seront à vous. »
Il envoya aussi des chariots pour transporter le vieillard, les petits enfants et les femmes.
72.
Les frères de Joseph annoncent à leur père que son fils est vivant ; étonnement de Jacob.
Les frères de Joseph retournèrent à la hâte vers leur père, et lui annoncèrent que Joseph était vivant, et qu’il était le chef de toute l’Égypte.
À cette nouvelle, Jacob, comme réveillé d’un profond sommeil, fut saisi d’étonnement ; et d’abord il n’ajoutait pas foi au récit de ses enfants ; mais quand il eut vu les chariots et les présents que Joseph lui envoyait, il revint à lui : « Je suis assez heureux, dit-il, si mon fils Joseph vit encore : j’irai et je le verrai avant de mourir. »
73.
Jacob part avec toute sa famille pour aller en Égypte.
Jacob étant parti avec ses fils et ses petits-fils, arriva en Égypte, et envoya devant lui Judas vers Joseph, pour l’informer de son arrivée.
Aussitôt Joseph alla au-devant de son père ; dès qu’il le vit, il se jeta à son cou et embrassa en pleurant le vieillard qui pleurait.
Alors Jacob dit : « J’ai assez vécu ; maintenant je mourrai sans regret, puisqu’il m’a été permis de jouir de votre présence, et que je vous laisse pour me survivre. »
74.
Pharaon accueille avec bonté les frères de Joseph.
Joseph alla trouver Pharaon, et lui annonça l’arrivée de son père ; il présenta aussi au roi cinq de ses frères.
Le roi leur demanda quelle était leur occupation ; ils répondirent qu’ils étaient pasteurs.
Alors le roi dit à Joseph : « L’Égypte est sous votre pouvoir ; ayez soin que votre père et vos frères habitent la meilleure contrée ; et s’il en est parmi eux quelques-uns qui soient actifs et intelligents, confiez-leur le soin de mes troupeaux. »
75.
Joseph présente son père à Pharaon, et établit ses frères dans la partie la plus fertile de l’Égypte.
Joseph présenta aussi son père à Pharaon ; le roi salua Jacob et lui dit : « Quel âge avez-vous ? »
Jacob répondit au roi : « J’ai vécu cent trente ans, et je n’ai point encore atteint l’heureuse vieillesse de mes aïeux. » Ensuite, ayant souhaité au roi toutes sortes de prospérités, il se retira.
Joseph plaça son père et ses frères dans la meilleure partie de l’Égypte, et leur fournit toutes choses en abondance.
76.
Jacob demande à être enterré dans le tombeau de ses pères.
Jacob vécut dix-sept ans après son établissement en Égypte.
Dès qu’il sentit sa mort approcher, il fit venir Joseph, et lui dit : « Si vous m’aimez, jurez que vous ferez ce que je vais vous demander : c’est de ne point m’enterrer en Égypte, mais de transporter mon corps hors de ce pays, et de le renfermer dans le tombeau de mes ancêtres. »
Joseph lui répondit : « Je ferai ce que vous m’ordonnez, mon père. »
« Jurez-moi donc, reprit Jacob, que vous ne manquerez pas de le faire. »
Joseph jura sur les paroles de son père.
77.
Joseph présente ses deux fils à Jacob pour qu’il les bénisse.
Joseph amena à son père ses deux fils, Manassé et Éphraïm ; il plaça à la droite du vieillard Manassé, qui était l’aîné, et à sa gauche Éphraïm, le plus jeune.
Mais Jacob croisant les mains, mit la droite sur Éphraïm, et la gauche sur Manassé, et les bénit tous deux en même temps.
Joseph ayant remarqué cela, le souffrit avec peine, et tâcha de changer les mains de son père.
Mais le père résista, et dit à Joseph : « Je sais, mon fils, je sais que celui-ci est l’aîné, et celui-là le plus jeune : j’ai agi convenablement et avec réflexion. »
Ainsi Jacob préféra Éphraïm à Manassé.
78.
Joseph rend les derniers devoirs à son père.
Dès que Joseph vit son père mort, il se jeta sur lui fondant en larmes, l’embrassa et le pleura longtemps.
Ensuite il commanda aux médecins d’embaumer le corps, et lui-même, avec ses frères et plusieurs Égyptiens, il transporta son père dans la terre de Chanaan.
Là ils firent les funérailles avec de grands gémissements ; ils ensevelirent le corps dans la caverne où reposaient Abraham et Isaac, puis ils retournèrent en Égypte.
79.
Joseph console ses frères, qui craignaient quelque vengeance de sa part.
Après la mort de leur père, les frères de Joseph craignaient qu’il ne se vengeât de l’injure qu’il avait reçue ; ils envoyèrent donc vers lui, le suppliant au nom de leur père d’oublier cette offense, et de la leur pardonner.
Joseph leur répondit : « Vous n’avez rien à craindre ; il est vrai que vous avez agi contre moi avec une mauvaise intention, mais Dieu a changé pour vous cela en bien : je vous nourrirai vous et vos familles. » Il les encouragea et leur parla avec douceur.
80.
Mort de Joseph ; sa dernière prière à ses frères.
Joseph vécut cent dix ans, et lorsqu’il était près de la mort, il assembla ses frères, et les avertit qu’il allait bientôt mourir.
« Je suis sur le point de mourir, dit-il ; Dieu ne vous abandonnera pas, mais il sera votre protecteur, et il vous fera sortir un jour de l’Égypte pour vous conduire dans la terre qu’il a promise à nos pères : je vous prie et vous conjure de ne pas abandonner mes ossements et de les emporter avec vous. »
Ensuite il expira tranquillement : ses frères embaumèrent son corps, le mirent dans un cercueil et le transportèrent pour lui rendre les derniers devoirs.
81.
Après la mort de Joseph, les Israélites sont persécutés par les successeurs de Pharaon.
Cependant les descendants de Jacob, ou les Hébreux, se multiplièrent d’une manière étonnante, et leur multitude croissant de jour en jour inspirait de la crainte aux Égyptiens.
Un nouveau roi monta sur le trône ; il n’avait pas vu Joseph, et avait oublié ses services.
Ce roi donc, pour opprimer les Hébreux, les accabla d’abord de travaux pénibles : ensuite il ordonna même de jeter dans le fleuve les enfants nouvellement nés.
82.
Naissance de Moïse (an du monde 2453).
Une femme israélite mit au monde un fils, et voyant qu’il était joli, elle voulut le sauver.
C’est pourquoi elle le tint caché pendant trois mois ; mais comme elle ne pouvait le cacher plus longtemps, elle prit une corbeille de jonc qu’elle enduisit de bitume et de poix ;
Ensuite elle y mit le petit enfant, et l’exposa parmi les roseaux qui étaient sur les bords du fleuve.
Elle avait été accompagnée par une sœur de l’enfant ; elle lui ordonna de se tenir au loin pour examiner ce qui arriverait.
83.
La fille de Pharaon sauve l’enfant et lui donne le nom de Moïse.
Bientôt après la fille de Pharaon vint au fleuve pour se baigner. Elle aperçut la corbeille arrêtée dans les roseaux, et envoya une de ses servantes pour la recueillir.
Celle-ci ayant aperçu le petit enfant qui criait, en eut pitié : « C’est, dit-elle, un enfant des Hébreux. »
Alors la sœur de l’enfant s’approchant d’elle, lui dit : « Voulez-vous que j’aille chercher une femme israélite pour nourrir cet enfant ? » Et elle appela sa mère.
La fille de Pharaon lui donna l’enfant à nourrir, en lui promettant une récompense.
Ainsi l’enfant fut nourri par sa propre mère, et, quand il fut grand, elle le rendit à la fille de Pharaon, qui l’adopta, et le nomma Moïse, c’est-à-dire sauvé des eaux.
84.
Moïse entreprend de délivrer son peuple.
Moïse, déjà vieux, alla, par ordre de Dieu, trouver Pharaon, et lui commanda, au nom de Dieu, de laisser partir les Hébreux.
Ce roi impie refusa d’obéir aux ordres de Dieu.
Moïse, pour vaincre l’opiniâtreté de Pharaon, fit plusieurs prodiges étonnants, qu’on appelle les plaies d’Égypte.
Comme néanmoins Pharaon persistait dans son sentiment, Dieu fit mourir son fils premier né et tous les premiers nés des Égyptiens.
Enfin vaincu par la crainte, le roi obéit, et donna aux Hébreux la permission de s’en aller.
85.
Les Hébreux sortent de l’Égypte, conduits par une colonne de feu.
Les Hébreux partirent donc d’Égypte au nombre de six cent mille hommes, sans compter les enfants et la populace.
À leur sortie, une colonne de nuée les précédait pendant le jour, et une colonne de feu pendant la nuit, pour leur servir de guide dans le chemin ; et jamais, pendant quarante ans, cette colonne ne leur manqua.
Peu de jours après, la multitude des Hébreux arriva aux bords de la mer Rouge, et y campa.
86.
Pharaon envoie à la poursuite des Hébreux.
Dieu ordonne à Moïse de séparer les eaux de la mer. Bientôt le roi se repentit d’avoir laissé partir tant de milliers d’hommes, et après avoir levé une grande armée, il les poursuivit.
Les Hébreux voyant que d’un côté ils étaient arrêtés par la mer, et que de l’autre Pharaon les pressait avec toutes ses troupes, furent saisis d’une grande crainte.
Alors Dieu dit à Moïse : « Étendez votre main droite sur la mer, et les eaux s’arrêtant ouvriront un chemin sec aux Hébreux en marche. »
87.
Les Hébreux passent la mer à pied sec.
Moïse fit ce que Dieu avait ordonné et étendit la main sur la mer ; alors les eaux se partagèrent, et s’enflant, elles s’affermirent départ et d’autre.
De plus, il s’éleva un vent violent, qui dessécha le lit de la mer.
Alors les Hébreux entrèrent dans la mer qui était à sec ; car l’eau était comme un mur à leur droite et à leur gauche.
Le roi d’Égypte, poursuivant les Hébreux qui marchaient n’hésita point à entrer aussi avec toute son armée dans l’abîme de la mer.
88.
Les Égyptiens sont engloutis dans les flots.
Pendant que les Égyptiens s’avançaient au milieu de la mer, le Seigneur renversa leurs chars, et culbuta leurs cavaliers.
Frappés de crainte, les soldats commencèrent à fuir ; mais Dieu dit à Moïse : « Étendez encore votre main sur la mer, afin que les eaux reviennent à leur place. »
Moïse obéit ; et aussitôt les eaux, reprenant leur cours, engloutirent les Égyptiens avec leurs chars et leurs cavaliers.
Toute l’armée de Pharaon fut détruite au milieu des flots ; et il ne resta pas même un seul homme pour annoncer une si grande défaite.
C’est ainsi que Dieu délivra les Hébreux de l’injuste servitude des Égyptiens.
89.
Dieu nourrit son peuple dans le désert.
Les Hébreux, après avoir passé la mer Rouge, errèrent longtemps dans un vaste désert.
Le pain leur manquait ; mais Dieu lui-même les nourrit : pendant quarante ans il tomba du ciel une nourriture qu’ils appelèrent manne.
Cette nourriture avait un goût de fleur de farine mêlée avec du miel.
Quelquefois aussi l’eau leur manqua ; mais, par l’ordre de Dieu, Moïse frappait un rocher avec sa baguette, et aussitôt des sources d’eau potable jaillissaient.
90.
Dieu publie sa loi sur le mont Sinaï, au milieu des foudres et des éclairs.
Le troisième mois après que les Hébreux furent sortis de l’Égypte, ils arrivèrent au mont Sinaï.
Là Dieu leur donna sa loi avec un appareil effrayant.
Le tonnerre gronda fortement, les éclairs brillaient : une nuée épaisse couvrait la montagne, et le son de la trompette retentissait avec force.
Le peuple, tremblant de frayeur, se tenait au pied du mont embrasé.
Mais Dieu, sur la montagne, dictait sa loi du milieu de la nue, entre les éclairs et le tonnerre.
91.
Principaux articles de la loi.
Or, telles sont les paroles que Dieu prononça : « Je suis le Seigneur votre Dieu, qui vous ai tirés de la servitude des Égyptiens.
« Vous n’aurez point de dieux étrangers : je suis le seul Dieu, et il n’y en a point d’autre que moi.
« Vous n’emploierez point le nom de votre Dieu en vain.
« Vous ne ferez aucun ouvrage le jour du sabbat :
« Honorez votre père et votre mère.
« Vous ne commettrez point d’adultère.
« Vous ne tuerez point.
« Vous ne ferez point de vol.
« Vous ne porterez point de faux témoignage contre votre prochain.
« Vous ne convoiterez point le bien d’autrui. »
92.
Construction du tabernacle et de l’arche. Moïse meurt.
Moïse, sur l’avis de Dieu, fit construire le tabernacle avec des peaux et des étoffes très-précieuses, de plus l’arche d’alliance revêtue d’or pur, dans laquelle étaient déposées les tables de la loi.
Lorsqu’il avait déjà sous les yeux la terre promise par Dieu, Moïse mourut ; homme tout à fait admirable par sa sagesse et ses autres vertus.
Le peuple le pleura pendant trente jours.
À Moïse succéda Josué, qu’il avait lui-même désigné auparavant.
93.
Les Hébreux, sous la conduite de Josué, passent le Jourdain à pied sec.
Pour que les Hébreux arrivassent dans la terre promise, il leur fallait passer le Jourdain : or ils n’avaient aucun vaisseau, et le fleuve, qui alors coulait à plein lit, n’offrait point de gué.
Dieu vint à leur secours ; il commanda de porter l’arche d’alliance devant le peuple, qui eut ordre de la suivre.
À l’approche de l’arche, les eaux qui coulaient de la partie supérieure du fleuve se tinrent comme un mur, et celles qui étaient à la partie inférieure s’écoulèrent et laissèrent le lit à sec.
94.
Josué élève un monument en mémoire de ce miracle.
Les Hébreux marchèrent à sec à travers le lit du fleuve, jusqu’à ce qu’ils eurent atteint la rive opposée.
Alors les eaux retournèrent à leur place.
Mais Josué fit enlever douze pierres au milieu du fleuve, et en érigea un monument éternel de ce passage.
Il dit aux Hébreux : « Si un jour vos enfants vous demandent ce que signifie cet amas de pierres, vous leur répondrez : « Nous avons passé ce fleuve du Jourdain à pied sec : c’est pour cela que ces pierres ont été posées pour éterniser la mémoire de cet événement, afin que l’on apprenne combien est grande la puissance de Dieu. »
95.
Les murailles de Jéricho tombent d’elles-mêmes au son de la trompette.
Il y avait dans ce pays une ville très-fortifiée, nommée Jéricho, qui ne pouvait être assiégée ni emportée de vive force.
Josué, s’appuyant sur le secours de Dieu, attaqua cette ville, non par les armes ni par la force.
Il ordonna que l’arche fut portée autour des murs, et que les prêtres marchassent devant elle en sonnant de la trompette.
Lorsque l’arche eut été portée sept fois autour de la ville, les murs et les tours s’écroulèrent sur-le-champ.
La ville fut prise et pillée.
96.
Josué met en fuite les rois de Chanaan et arrête le soleil. Il établit les Hébreux dans la terre promise et meurt (an du monde 2570).
Les rois de Chanaan, ayant réuni leurs forces, s’avancèrent contre les Hébreux.
Mais Dieu dit à Josué : « Ne les craignez point, car la victoire sera à vous. »
Josué donc fondit avec impétuosité sur les ennemis, qui, saisis d’une frayeur soudaine, prirent la fuite.
Alors une grêle de pierres tomba sur eux et en tua un grand nombre.
Mais comme le jour allait disparaître, l’affaire n’étant point encore terminée, Josué ordonna au soleil de s’arrêter : et le soleil s’arrêta et prolongea le jour jusqu’à ce que l’armée des ennemis eût été exterminée.
Josué, après avoir vaincu tous les peuples de la Palestine, établit les Hébreux dans le pays qui leur était destiné : il partagea entre chaque tribu les terres et les villes conquises, et il mourut peu après.