Académies et sociétés savantes 1830-3/03

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PARIS.Académie des sciencesSéance du 6 septembre 1830. – M. Gay-Lussac annonce que M. Braconnot vient de découvrir dans l’écorce du peuplier une substance nommée salicine, et une autre substance qu’il regarde comme nouvelle, et qu’il appelle populine. – M. Geoffroy Saint-Hilaire lit un mémoire sur l’enfant à double train de derrière présenté par madame Eude, sage-femme, et dont il a été question dans la séance précédente. Cet académicien fait connaître dans son mémoire ce qu’il y a de particulier et d’incomplet dans ces membranes surnuméraires. – MM. Cuvier et Duméril font un rapport sur un mémoire relatif à l’organe de l’audition de quelques poissons, par M. Breschet, dont les observations confirment en partie ce qui a été vu le plus récemment par les anatomistes qui l’ont précédé, et offrent en outre plusieurs particularités nouvelles, principalement sur l’alose, l’esturgeon, la carpe et la raie. – MM. Gay-Lussac, Flourens et Navier font un rapport sur le mémoire de M. Charbrier, relatif aux moyens de voyager dans l’air et de s’y diriger, et à une théorie nouvelle des mouvemens des animaux. – M. Morren termine la lecture de son mémoire sur l’influence qu’exerce la lumière dans le développement des êtres attribués à la génération spontanée.

13 septembre. – M. Arago lit une lettre qu’il a reçue de M. Mattenei de Forli, et dans laquelle ce physicien cite des expériences qui prouvent, qu’au moment du contact de deux substances dissemblables, il y a développement d’électricité, même quand ce contact n’est accompagné d’aucune action chimique. – M. Binard présente un mémoire sur l’action que la gelée exerce sur les pierres ; MM. Héricart de Thury et Navier sont chargés d’en faire leur rapport à l’académie. – M. Bicor-Madiana, auteur de la Toxicologie des Antilles, adresse l’histoire des poisons vénéneux de ce pays. — M. Andermas envoie un mémoire sur la construction des routes et la réduction des cartes. – M. Cagniart-Latour lit un mémoire sur l’effet sonore produit par les corps qui tournent très-rapidement ; MM. Prony, Navier et Savart sont chargés d’en rendre compte. – M. Velpeau lit un mémoire sur l’amputation de la jambe dans l’articulation du genou, avec la description d’un nouveau procédé pour cette opération, qu’il prétend être préférable à celle de la cuisse, et dont il fait ressortir les avantages sur cette dernière en ce que, d’abord elle est moins douloureuse et moins dangereuse, et qu’ensuite elle permet au malade de se servir d’une jambe de bois, au lieu qu’il est réduit à porter un cuissart quand il a subi l’amputation de la cuisse.

20 septembre. – M. Arago lit une lettre de M. Le docteur Keil. L’auteur annonce que, par des procédés particuliers, il est parvenu à fabriquer des aimans artificiels dont la force est beaucoup plus grande que celle de tous ceux qu’on a obtenus jusqu’ici. Les aimans les plus puissans qu’on ait livrés au commerce, jusqu’à ce jour, n’ont pas une force d’attraction supérieure à 40 kilogrammes, et sont d’un poids au moins égal à celui qu’ils supportent. La supériorité des aimans fabriqués par M. Keil est telle, qu’il en met un sous les yeux de l’académie qui, ne pesant que 20 kilogrammes, supporte un poids de 150. – M. Jacobi écrit à l’académie pour la remercier du prix qu’elle lui a décerné dans la séance du 26 juillet ; il lui annonce que les recherches qu’elle a couronnées l’ont conduit à un perfectionnement inattendu de la théorie des perturbations. Cette théorie était présentée d’une manière très-imparfaite dans la mécanique céleste. – MM. Latreille et Duméril font un rapport sur la monographie des insectes mélitrophiles de MM. Percheron et Gaury. – M. Frédéric Cuvier lit un essai sur la classification naturelle des vespertilions, et la description de plusieurs espèces de ce genre ; ce sont les animaux qu’on désigne sous le nom de chauve-souris. Il fait sentir la nécessité d’une classification chez ces animaux, et après les avoir divisés d’abord en trois groupes : les noctiloïdes, sérotinoïdes et les matinoïdes, il passe en revue les différentes particularités qui pourraient servir de base à sa classification, et s’arrête aux modifications que présente le sens de l’ouïe, sens qui, chez les chauve-souris, joue évidemment le rôle le plus important.

27 septembre. – MM. Arago, Gay-Lussac et Savart font un rapport sur une lampe hydraulique présentée par la maison Thayot et compagnie, et qui, tout en possédant les avantages de celles de Gérard, n’offre aucun de leurs défauts.

Cette lampe, remarquable par la simplicité de sa construction, par la disposition ingénieuse de ses diverses parties, et par les propriétés dont elle jouit de pouvoir être chargée facilement et transportée d’un lieu dans un autre sans déversement d’huile, n’est susceptible que d’un seul reproche, celui de présenter plusieurs soudures qui demandent à être faites avec beaucoup de soin ; néanmoins, comme elles sont presque toutes situées à l’extérieur, on peut dire que leur vérification étant très-facile, cet inconvénient est en réalité moins grand qu’il ne paraît d’abord. – MM. Henri Cassini et Mirbel font un rapport sur les observations d’anatomie et de physiologie végétale que le docteur Schultz avait présentées à l’académie, et dans lesquelles il démontre qu’il existe dans les végétaux une circulation comparable, à quelques égards, à celle des animaux, et cite à l’appui des preuves remarquables et pleines d’intérêt. La découverte de M. Schultz est précieuse pour l’anatomie et la physiologie végétales ; elle éclaire ces deux branches de la science l’une par l’autre, et démontre entre les végétaux et les animaux des rapports qu’on ne soupçonnait même pas.


TOULOUSE.Académie des sciences. – L’académie des sciences de cette ville a proposé la question suivante pour le prix qui doit être décerné en 1833 :

Indiquer les circonstances dans lesquelles le minerai de fer extrait des mines de Rancié, et traité dans les forges catalanes des Pyrénées, y produit une sorte d’acier naturel, dit fer-cédat ou fer-fort, dans le pays, par opposition au fer doux que l’on retire habituellement des mêmes forges. Déterminer ensuite les conditions qui assurent la production du fer fort, de manière à l’obtenir à volonté.

La solution des deux parties de la question doit être fondée sur des faits observés dans les forges catalanes et constatés d’une manière authentique.

Le prix qui doit être décerné consiste en une médaille d’or de la valeur de 500 francs.

La même académie doit aussi décerner pour l’année 1832 un prix double (médaille d’or de 1000 francs) à une théorie physico-mathématique des pompes aspirantes et foulantes, faisant connaître le rapport qui existe entre la force motrice et la quantité d’eau élevée à une hauteur donnée, en ayant égard aux principaux obstacles que la force doit surmonter.

Les lettres et mémoires doivent être adressés à M. Aubusson-Desvoisins, secrétaire perpétuel de l’académie. Ceux qui seraient présentés passé le 1er février ne seront point admis au concours.

Académie des jeux floraux. – L’Académie des jeux floraux a proposé pour le sujet du discours mis au concours de 1831 la question suivante : Est-ce par l’imitation ou par l’invention que la littérature française a fait le plus de progrès ? Les auteurs devront faire remettre par une personne domiciliée à Toulouse trois copies de chaque ouvrage à M. de Malaret, secrétaire perpétuel, qui en donnera un récépissé.

Société royale d’agriculture du département de la Haute-Garonne. – Le grand prix d’honneur pour l’amélioration des laines sera décerné dans la séance publique du 24 juin 1831. Ce prix consiste en houlettes de vermeil et d’argent.