Acathiste (Mgr Innocent)

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Traduction par A. Petroff.
imprimerie Blanchard et Brass (p. 3-60).


Les prières que nous venons proposer au public en langue française sont dues à la plume éloquente de Monseigneur Innocent, Archevêque d’Odessa, mort récemment en Russie (le 26 mai 1857) et déjà connu à l’étranger par des discours, traduits par M. Stourdza. Doué des plus éminentes qualités de l’âme et de l’esprit, chrétien aussi fervent que théologien savant et orateur éloquent, le vénérable Prélat nous a laissé dans ces prières touchantes sorties du cœur, l’expression de sa foi profonde et de sa piété chrétienne. Ces seuls titres suffiraient pour les recommander à tous les vrais chrétiens.

La Sainte Église Orthodoxe a ses propres prières sanctionnées par l’antiquité, qu’elle propose à ses enfants ; néanmoins fidèle aux usages de l’Église primitive, elle accueille avec bienveillance toute nouvelle prière, dictée par un cœur chrétien ; aussi a-t-elle admis celles que nous a léguées notre illustre Prélat.

Fasse le ciel que ces prières lues par le plus grand nombre des chrétiens, coopèrent à ranimer et à vivifier en eux la foi en Jésus-Christ, notre Dieu, notre Unique Sauveur et notre seule Espérance !


Genève, le 25 Janvier / 6 Février 1858.


ACATHISTE[1] OU PRIÈRES


EN


L’HONNEUR DE LA PASSION DIVINE


DE NOTRE SEIGNEUR JÉSUS-CHRIST.




Le Prêtre : Béni soit notre Dieu, maintenant, toujours et dans les siècles des siècles.

Le Lecteur : Ainsi soit-il. Gloire à Vous, notre Dieu, gloire à Vous.

Roi des cieux, Consolateur, Esprit de vérité, Vous qui êtes présent partout et qui remplissez tout, trésor de tous biens, dispensateur de la vie, venez et faites-Vous une demeure en nous, purifiez-nous de toute tache et sauvez nos âmes, Vous qui êtes la bonté même.

Dieu saint, Dieu tout-puissant, Dieu Éternel, ayez pitié de nous (3 fois).

Gloire au Père, au Fils et au St-Esprit, maintenant et toujours et dans les siècles des siècles. Ainsi soit-il.

Ô Trinité Sainte, ayez pitié de nous ; Dieu tout-puissant purifiez-nous de nos péchés ; Seigneur, pardonnez-nous nos iniquités ; Dieu Saint, visitez-nous dans nos infirmités et guérissez-nous par la vertu de Votre Nom.

Seigneur, ayez pitié (3 fois).

Gloire au Père, au Fils et au St-Esprit, maintenant et toujours et dans les siècles des siècles. Ainsi soit-il.

Notre Père qui êtes aux cieux, que Votre nom soit sanctifié, que Votre règne arrive, que Votre volonté soit faite en la terre comme au ciel, donnez-nous aujourd’hui notre pain quotidien, pardonnez-nous nos offenses, comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés et ne nous induisez pas en tentation, mais délivrez-nous du mal.

Le Prêtre : Car à Vous appartient le règne, la puissance et la gloire, à Vous Père, et Fils et St-Esprit, maintenant et toujours et dans les siècles des siècles.

Le Lecteur : Ainsi soit-il.


Et les tropaires suivants :


Ayez pitié de nous, Seigneur, ayez pitié de nous, parce que n’ayant, pécheurs que nous sommes, aucune excuse à Vous présenter, nous Vous offrons comme à notre Souverain Maître cette prière : Ayez pitié de nous.

Gloire au Père et au Fils et au St-Esprit.

Seigneur, ayez pitié de nous, car c’est en Vous que nous mettons notre espérance, ne Vous mettez pas en colère contre nous, ne Vous ressouvenez pas de nos iniquités, mais jetez plutôt en ce moment, dans Votre miséricorde, les yeux sur nous, et délivrez-nous de nos ennemis, car Vous êtes notre Dieu, nous sommes Votre peuple, nous sommes tous l’ouvrage de Vos mains, et nous invoquons Votre nom.

Maintenant et toujours, et dans les siècles des siècles. Ainsi soit-il.

Bénie Mère de Dieu, ouvrez-nous les portes de la miséricorde, afin que nous ne périssions pas, nous qui mettons en Vous notre confiance ; mais faites que par Votre intercession nous soyons délivrés de toute calamité, car Vous êtes le salut de tout peuple chrétien.


Le symbole de la foi.


Je crois en un seul Dieu, le Père Tout Puissant, qui a créé le ciel et la terre et toutes les choses visibles et invisibles ; et en un seul Seigneur Jésus-Christ, Fils unique de Dieu, né du Père avant tous les siècles, Lumière de Lumière, vrai Dieu de vrai Dieu, qui n’a pas été créé, mais engendré, qui est consubstantiel au Père, et par qui toutes choses ont été faites, qui est descendu des cieux pour nous autres hommes, et pour notre salut, qui s’est incarné du St-Esprit et de la Vierge Marie, et s’est fait homme ; qui a été crucifié pour nous sous Ponce Pilate, qui a souffert, et a été enseveli ; qui est ressuscité le troisième jour selon les Écritures ; qui est monté aux cieux, et est assis à la droite du Père ; qui viendra de nouveau avec gloire pour juger les vivants et les morts, et dont le règne n’aura pas de fin. Et au St-Esprit, Seigneur et vivifiant, qui procède du Père, qui est adoré et glorifié conjointement avec le Père, et le Fils, qui a parlé par les Prophètes. En une seule Sainte, Catholique et Apostolique Église : Je confesse un seul Baptême pour la rémission des péchés ; j’attends la résurrection des morts, et la vie du siècle à venir. Ainsi soit-il.


Cantiques.


Ô Jésus, seul amour véritable, vous qui n’avez vécu dans le monde que par l’amour, vous avez épuisé toutes les richesses de Votre miséricorde, lorsque Vous avez offert Votre propre corps à Vos disciples pendant la Cène ; marchant au supplice avec une volonté ferme quoique libre, Vous avez gardé pour la fin le bon vin, Votre sang vivifiant, et avant Votre mort Vous vous êtes enseveli sous la forme du St-Sacrement dans les cœurs de Vos amis : ensevelissez ô Seigneur, mes passions, afin que je glorifie l’amour, avec lequel Vous avez sacrifié Votre âme pour moi (Deux fois).

Judas, l’impie, nous a ravi tout notre trésor, ayant vendu Jésus aux Juifs homicides. Ô Traître insensé ! Appelé à l’Apostolat, tu devais chercher le salut des autres, et tu as perdu le tien même ; ayant dérobé l’aumône des pauvres, tu as éloigné de toi la grâce de Dieu, que nous adorons avec amour, et dans lequel nous avons l’existence, le mouvement et la vie.

Vous avez accompli tous les commandements qui mènent à la vie éternelle : Vous étant ceint d’un linge, Vous lavez les pieds à vos disciples : qu’ils sont beaux les pieds des Prédicateurs de l’Évangile ! Pour que les Apôtres mettent tout à vos pieds, vous vous humiliez maintenant vous-même ; secouant la poussière de leurs pieds, Vous voulez que vos Prêtres pensent aux choses célestes. Mon Jésus, purifiez-moi aussi de toute souillure, afin que je puisse à jamais vous servir avec pureté, Vous qui êtes toujours pur.

Gloire au Père, au Fils et au St-Esprit.

Ayant fortifié votre âme affligée jusqu’à la mort du pain vivifiant de la prière, vous avez marché sans crainte à la mort. Ô invocation pleine d’amour ! Mon Père, éloigne de moi ce calice, que je ne le boive pas des mains d’Israël, que j’ai désaltéré dans le désert ; mais si ta volonté est que je le boive, je leur donnerai mon corps et mon sang pour la vie éternelle.

Maintenant et toujours et dans les siècles des siècles. Ainsi soit-il.

Mon Fils, pourquoi mettez-vous tant d’empressement à marcher à une mort volontaire, disait la Vierge. Et vous lui répondîtes : je dois accomplir la volonté de mon Père : j’ai le pouvoir de sacrifier mon âme et de la reprendre : mais je vais à la mort volontaire pour délivrer l’homme de l’étreinte de la mort.


Cantiques avec versets.


Véritable Soleil vous avez atteint l’Occident lorsque vous avez touché les pieds de Judas. Ô profondeur de l’humilité ! Vous lavez les pieds de l’impudent, en rendant l’honneur pour le déshonneur : Lavez-moi aussi avec mes larmes, ô Jésus, afin qu’étant purifié, je puisse faire Votre volonté.

Verset. Ils ont grincé des dents contre moi.

En vérité ce peuple ne connaît pas de loi, puisque dans son impiété, il veut tuer le Législateur lui-même. Purifiez-nous de nos iniquités, Vous Seigneur qui êtes sans péché, afin que nous ne soyons pas condamnés avec ceux qui s’élèvent contre Vous.

Verset. J’ai regardé autour de moi et j’ai cherché et il n’y avait personne qui me connaissait.

Vous dites Pierre, que vous ne connaissez pas l’homme que vous avez confessé être Dieu : il est pourtant ce Dieu fait-homme, aux pieds duquel vous prosternant, vous disiez : sortez de chez moi, mon Seigneur, car je suis un homme pécheur ; il est ce Dieu fait-homme qui vous tendit la main lorsque vous alliez périr dans les eaux ; il est cet homme qui guérit votre belle-mère de la fièvre ardente ; il est cet homme, avec lequel, d’après vos propres paroles, vous étiez si heureux de rester. Jetez votre regard sur moi, ô Jésus, ainsi que vous l’avez fait pour Pierre, et ne me dites pas au jour du jugement : je ne vous connais point.

Gloire au Père, au Fils et au St-Esprit, maintenant et toujours et dans les siècles des siècles. Ainsi soit-il.

La Vierge éplorée disait : les pouvoirs ténébreux s’avancent furieusement contre vous, lumière inaccessible, en jetant sur vous le déshonneur, les plaies et les injures : Voilà comment le peuple impie Vous a payé ô Christ, de ce que dans la nuit avec la main ferme et Votre droite puissante Vous l’avez délivré des mains de Pharaon : voilà comment vous a payé, ô Jésus Bienfaiteur, ce peuple ingrat, après que vous l’avez nourri avec la manne dans le désert et abreuvé de l’eau de la pierre. Que Vos ennemis soient donc confondus, montrez la force de Votre Divinité, car Vous êtes mon Fils et mon Dieu.

Seigneur ayez pitié (3 fois).

Gloire au Père, au Fils et au St-Esprit, maintenant et toujours et dans les siècles des siècles. Ainsi soit-il.

Venez, adorons, et prosternons-nous devant le Christ, notre Roi et Dieu (3 fois).

(Psaume CXLII). Éternel ! écoutez ma prière, prêtez l’oreille à mes supplications. Répondez-moi dans votre fidélité, répondez-moi dans votre justice. Et n’entrez point en jugement avec Votre serviteur, car nul homme vivant ne sera justifié en votre présence. Car l’ennemi poursuit mon âme, il a foulé ma vie par terre, il m’a jeté dans les ténèbres, comme ceux qui sont morts depuis longtemps. Et mon esprit a défailli, mon cœur a été troublé au dedans de moi. Je me suis souvenu des jours d’autrefois, j’ai pensé à toutes vos œuvres, j’ai médité l’ouvrage de Vos mains. J’ai étendu mes mains vers Vous ; mon âme, comme une terre altérée (soupire) après Vous. Seigneur, hâtez-vous, répondez-moi ; mon esprit se consume : ne cachez pas votre face, de peur que je ne devienne semblable à ceux qui descendent dans la fosse. Faites-moi entendre dès le matin la voix de Votre miséricorde, car je me confie en vous ; faites-moi connaître le chemin où je dois marcher, car c’est vers vous que j’ai élevé mon âme. Délivrez-moi de mes ennemis, Seigneur, c’est auprès de Vous que je m’abrite. Apprenez-moi à faire Votre volonté, car vous êtes mon Dieu. Que votre esprit me conduise dans la voie droite. Faites-moi revivre, Seigneur, à cause de votre nom. Dans Votre justice Vous retirerez mon âme de la détresse, et, dans Votre amour, Vous disperserez mes ennemis et vous ferez périr tous les oppresseurs de mon âme, car je suis Votre serviteur.

Gloire au Père, au Fils et au St-Esprit, maintenant et toujours, et dans les siècles des siècles. Ainsi soit-il. Alleluia, alleluia, alleluia, gloire à Vous, Seigneur. (3 fois).

Le chœur chante :

Dieu est le Seigneur, il s’est manifesté à nous ; béni soit celui qui vient au nom du Seigneur.


Tropaires :


Au moment de la Cène, vos bienheureux disciples étaient éclairés de Votre lumière, par l’ablution faite sur leurs pieds. Judas le pervers, entraîné par l’avarice, se plongeait seul dans les ténèbres et vous livrait, ô Juge équitable, à des juges iniques. Voyez, vous tous qui aimez les richesses, à quoi cette passion conduisit ce disciple, à une mort infâme. Fuyez les insatiables désirs de Judas qui trahit son divin Maître. Gloire à vous, Seigneur, Dieu de bonté.

Gloire au Père, au Fils et au St-Esprit.

Ô Christ notre Dieu, Vous avez accompli sur la terre l’œuvre de salut. Du haut de la croix vos bras ont été ouverts à tous les hommes, afin qu’ils vous disent un jour : Seigneur, gloire à Vous.

Maintenant et toujours et dans les siècles des siècles. Ainsi soit-il.

Le vertueux Joseph, après avoir descendu de la croix Votre corps très-pur, l’enveloppa soigneusement d’un linceul blanc avec des aromates, et le déposa dans un sépulcre neuf, dont il ferma l’entrée.


On lit le Psaume L.


Ayez pitié de moi, mon Dieu, selon Votre grande miséricorde, et effacez mon iniquité selon la multitude de Vos bontés. Lavez-moi de plus en plus de mon iniquité, et purifiez-moi de mon péché. Car je reconnais mon iniquité, et j’ai toujours mon péché devant les yeux. J’ai péché devant Vous seul, et j’ai fait le mal en Votre présence ; de sorte que Vous serez reconnu juste et véritable dans Vos paroles, et que Vous demeurerez victorieux au jour de Votre jugement. Car Vous savez que j’ai été engendré dans l’iniquité, et que ma mère m’a conçu dans le péché. Car Vous aimez la vérité, et Vous m’avez découvert les secrets et les mystères de Votre sagesse. Vous m’arroserez avec l’hysope, et je serai purifié ; Vous me laverez, et je deviendrai plus blanc que la neige ; Vous me ferez entendre une parole de consolation et de joie, et mes os brisés et humiliés tressailliront d’allégresse. Détournez Votre face de dessus mes péchés, et effacez toutes mes iniquités. Créez en moi, ô mon Dieu, un cœur pur, et rétablissez de nouveau un esprit droit dans le fond de mes entrailles. Ne me rejetez pas de devant Votre face ; et ne retirez pas de moi Votre Esprit saint. Rendez-moi la joie de Votre assistance salutaire, et fortifiez-moi par Votre Esprit souverain. J’enseignerai Vos voies aux méchants et les impies se convertiront à Vous. Ô Dieu, Dieu de mon salut, délivrez-moi du sang que j’ai répandu, et ma langue révélera Votre justice par des cantiques de joie. Vous ouvrirez mes lèvres, Seigneur, et ma bouche dira vos louanges. Parce que si vous aviez souhaité un sacrifice, je n’aurais pas manqué de Vous en offrir ; mais Vous n’auriez pas les holocaustes pour agréables. Un esprit brisé de douleur est un sacrifice digne de Dieu ; Vous ne mépriserez pas, ô mon Dieu, un cœur contrit et humilié. Seigneur, traitez favorablement Sion, et faites lui sentir les effets de Votre bonté, afin que les murs de Jérusalem soient bâtis. C’est alors que vous agréerez un sacrifice de justice, les oblations et les holocaustes. C’est alors qu’on vous offrira des veaux sur Votre autel.


Canon.[2]


CANTIQUE PREMIER.


Celui même qui ensevelit autrefois dans les vagues de la mer Rouge, Pharaon, le tyran persécuteur, les enfants de ceux qu’il avait sauvés alors le déposent aujourd’hui dans le sein de la terre et l’ensevelissent. Mais nous, imitant les filles d’Israël, célébrons le Seigneur, car il a fait éclater sa gloire.

Verset. Gloire à Votre passion, ô Seigneur !

Pour faire votre prière vous avez fléchi les genoux, Vous, devant qui fléchissent toutes les tribus du ciel, de la terre et celles de l’enfer. Inclinez-vous pour entendre ma prière et écoutez-moi comme votre Père vous a écouté quand vous avez prié.

Verset. Gloire à Votre passion, ô Seigneur.

Pour montrer que vous êtes le vrai Fils de Dieu, Vous avez dit dans Votre prière : Mon Père, je suis prêt à souffrir, bien que je n’aie commis aucun mal : moi, mon Jésus, j’ai commis beaucoup de mal, épargnez-moi bien des tourments.

Gloire au Père, au Fils et au Saint-Esprit.

Vous avez dit à l’homme déchu : vous mangerez le pain à la sueur de votre front : ainsi, second Adam, pendant que vous avez prié, une sueur de sang sortit de Votre corps très-pur : car votre pain est de remplir la volonté de Votre Père. Je n’ai rempli aucun de vos commandements, mon Jésus, lavez-moi avec la sueur de Votre sang.

Maintenant et toujours et dans les siècles des siècles. Ainsi soit-il.

La terre n’est plus maudite car elle est bénie par le sang de Votre Fils, la Vierge très-pure : Terre bénie, élevez-moi, cendre et poussière, à la louange du Christ, notre Dieu.


CANTIQUE TROISIÈME.


Lorsque, sur le Calvaire, les créatures Vous contemplèrent, attaché à l’instrument du supplice, Vous, qui suspendîtes la terre au-dessus des eaux, l’univers entier tressaillit d’effroi et tous les êtres s’écrièrent : nul n’est saint si ce n’est Vous, ô notre Maître.

Verset. Gloire à Votre passion, ô Seigneur.

Les Apôtres ont succombé sous le poids du sommeil quand Vous vous êtes éloigné d’eux pour faire Votre prière au jardin de Gethsémané : élevez-moi, insouciant et abattu et rendez-moi digne et capable de Vous adorer.

Verset. Gloire à Votre passion, ô Seigneur.

Voyant s’approcher Judas, comme un loup, en vrai Pasteur, Vous avez dit à ce disciple pervers : Je suis ici, mon ami, engageant ainsi l’Apôtre déchu à se repentir. Moi qui suis toujours en péché et qui ne m’en repens point, conduisez-moi, Seigneur, sur la voie droite et par Votre force, sauvez-moi de la gueule du loup invisible.

Gloire au Père, au Fils et au Saint-Esprit.

On est venu saisir comme un brigand, avec des armes et des lances, celui qu’on devait chercher dans le temple comme une pure victime : ne refusez pas, Seigneur, le sacrifice non-sanglant, offert pour mes péchés.

Maintenant et toujours et dans les siècles des siècles. Ainsi soit-il.

Votre Fils, médecin de l’âme et du corps, ayant touché l’oreille du blessé, a guéri le serviteur du Pontife : Ô Vierge, Vous qui avez enfanté le Médecin suprême, guérissez toutes les maladies de mon âme et de mon corps.


Cédalenn.[3]


(CANTIQUE.)


Vous qui vous détournez des orgueilleux, vous n’avez rien répondu à celui qui croyait avoir le pouvoir sur Vous : mais fatigué du long mensonge des impudents, Vous vous êtes tu, pour me préserver de vaines paroles et m’apprendre à tout supporter.

Gloire au Père, au Fils et au St-Esprit, maintenant et toujours et dans les siècles des siècles. Ainsi soit-il.

Changez ma douleur en joie, Vierge, Mère de Dieu, Vous qui avez supporté tant de chagrins, en regardant votre Fils dans d’horribles souffrances, qu’il a supportées pour expier ma condamnation.


Cantique quatrième.


Le prophète Habacuc prévit Votre humiliation Divine, et saisi de terreur il s’écriait : ô Dieu de bonté, Vous avez, en descendant vers les captifs de l’enfer, détruit l’empire de Satan par Votre vertu toute puissante.

Verset. Gloire à Votre passion, ô Seigneur !

Vous n’avez point répondu à Hérode, le fils de perdition, qui a déjà fait décapiter Jean, Votre précurseur et Votre voix : inspirez-moi, ô mon Jésus, une bonne réponse après ma mort.

Verset. Gloire à Votre passion, ô Seigneur !

Hérode a demandé un signe miraculeux, ne comprenant point le grand miracle, que Dieu se tenait devant la créature : répandez sur moi la lumière de Votre face, ô mon Jésus, et donnez la joie à mon cœur rempli de tristesse.

Gloire au Père, au Fils et au St-Esprit.

En Vous frappant on a couvert Votre figure, ô Jésus, que les Chérubins eux-mêmes ne peuvent regarder : couvrez-moi par Votre médiation.

Maintenant et toujours et dans les siècles des siècles. Ainsi soit-il.

Vous avez versé des larmes amères, ô Vierge Marie, lorsque Vous avez vu les Juifs conduisant Votre Fils comme un malfaiteur : en vérité, grande est Votre longanimité, ô mon Fils et mon Dieu, avez-vous dit en soupirant.


Cantique cinquième.


Isaïe, apercevant dans l’avenir les douces clartés de Votre avènement sur la terre et l’aurore du jour sans déclin, le devançait du fond de la nuit et disait dans sa joie : les morts ressusciteront, et ils s’élèveront, ceux qui sont dans leurs tombes, et tous les fils de la terre se réjouiront.

Verset. Gloire à Votre passion, ô Seigneur !

La terre, l’escabeau de Vos pieds, a poussé l’épine pour couvrir Votre tête, ô mon Jésus. Sortez, filles de Jérusalem, et voyez le Roi de Gloire avec la couronne d’épine, dont il a été ceint par le peuple ingrat des Juifs.

Verset. Gloire à Votre passion, ô Seigneur !

Les hommes sont faux dans leurs mesures : Vous, le trésor suprême de tous, ils Vous ont apprécié à trente pièces d’argent, et ils ont acheté le champ du sang en répandant Votre sang, avec lequel je Vous supplie de laver mes vêtements que j’ai souillés après le baptême et ma promesse de repentance.

Gloire au Père, au Fils et au St-Esprit.

Juges pervers, il fallait obéir à Dieu et non aux Juifs, et ne pas condamner à la mort le Maître suprême et le Juge de tous ! Mon Seigneur, conduisez-moi à la repentance, moi, vivant au gré de mes mauvaises passions, afin que je ne sois pas condamné à la mort éternelle.

Maintenant et toujours et dans les siècles des siècles. Ainsi soit-il.

Pervers, Vous conjurez par Dieu vivant le Dieu vivant, disait la Vierge, navrée de douleurs maternelles : mais le ciel et la terre vous répondent que celui qui souffre tout cela, est Dieu Lui-même.


Cantique sixième.


Jonas fut englouti, sans être perdu, dans le ventre de la baleine, car il portait l’empreinte de Votre image et figurait Votre passion et Votre sépulture. Aussi le prophète sortit des flancs du monstre, comme d’un palais nuptial, et avertit d’avance les gardiens du sépulcre de Jésus : En vain vous le gardez, en vain vous vous éloignez de sa grâce.

Verset. Gloire à Votre passion, ô Seigneur !

Vous êtes sorti, ô Jésus, du prétoire, emportant Votre croix, afin que, comme Abel de Caïn, Vous souffriez de la part des Juifs ; sortez à présent et sauvez mon âme égarée.

Verset. Gloire à Votre passion, ô Seigneur !

Vous allez comme Isaac, en prenant Votre croix sur Votre épaule, pour offrir à Votre Père l’expiation de mes péchés, comme une oblation d’agréable odeur.

Gloire au Père, au Fils et au St-Esprit !

Le patriarche Jacob a vu l’échelle montant au ciel : c’est Votre croix, Seigneur, par laquelle emmenez mon âme d’ici-bas aux demeures célestes.

Maintenant et toujours et dans les siècles des siècles. Ainsi soit-il.

Ne me pleurez pas, filles de Jérusalem, ne me pleurez pas, Marie, ma mère, car je suis innocent : bientôt vous vous réjouirez, lorsque je ressusciterai et entrerai dans ma gloire.



L’ADORATION


DES


CINQ PLAIES DE NOTRE SEIGNEUR JÉSUS-CHRIST.


Ô mon adorable Jésus !

Je me prosterne devant ta[4] sainte, pure et vivifiante plaie qui est à ta main droite, et je te prie, mon Seigneur, par sa force, daigne me mettre à ta droite.

Je me prosterne devant ta sainte, pure et vivifiante plaie qui est à ta main gauche, et je te prie, mon Seigneur, par sa force, préserve-moi d’être à ta gauche réservée aux condamnés.

Je me prosterne devant ta sainte, pure et vivifiante plaie de ton pied droit, et je te prie, mon Seigneur, par sa force, mets-moi sur la voie droite de la repentance.

Je me prosterne devant ta sainte, pure et vivifiante plaie qui est sur ton pied gauche, et je te prie, mon Seigneur, éloigne mes pieds de toute voie du mal.

Je me prosterne devant ta sainte, pure et vivifiante plaie de ton côté, et je te prie, mon Seigneur, par sa force, amollis l’endurcissement de mon cœur, frappe-le de ta sainte crainte et pénètre-le de ton amour, afin que je t’aime, mon Seigneur, de tout mon cœur, de toute mon âme, de toutes mes forces et de toutes mes pensées, donne-moi, jusqu’à la fin de mes jours, de me souvenir toujours de ta passion salutaire, de t’adorer et de chanter à ta gloire ce chant victorieux :


Kondakion 1.[5]


Chef victorieux et Souverain maître du ciel et de la terre, en te voyant Roi immortel, suspendu à la croix, toute créature tressaillit d’effroi, le ciel trembla et les fondements de la terre s’émurent ; et nous indignes pécheurs en te présentant l’adoration de notre reconnaissance pour les souffrances que tu as éprouvées pour nous, nous te disons avec le larron : ô Jésus, fils de Dieu ! souvenez-Vous de nous quand Vous serez entré dans Votre règne.


Ikos 1.[6]


La plénitude et le Roi des puissances Angéliques, tu n’as rien pris des Anges, mais Dieu éternel, pour moi tu t’es fait homme, et avec ton corps vivifiant et ton sang tu as ramené à la vie l’homme, mort par le péché ; ainsi pleins de reconnaissance pour un si grand amour, nous te disons : Jésus, notre Dieu et Amour Éternel, qui nous as montré tant de bienveillance, à nous fils de la terre ; Jésus laissant les Anges en haut et descendu chez les hommes tombés si bas ! Jésus revêtu de notre chair et par ta mort détruisant l’aiguillon de la mort ! Jésus, nous divinisant par ses mystères divins ! Jésus sauvant tout le monde par tes souffrances et par ta croix ! Jésus, Fils de Dieu ! souvenez-Vous de nous quand Vous serez entré dans Votre règne.


Kondakion 2.


L’ange du ciel en te voyant dans le jardin de Gethsémané priant jusqu’au sang, se présenta pour te consoler au moment où nos péchés s’appesantirent sur toi comme un lourd fardeau ; car en te mettant à genoux pour prier, tu présenta à ton père, l’Adam déchu que tu as pris sur ton épaule ; c’est pour tout cela, que rempli de foi et d’amour, je te chante : Alleluia !


Ikos 2.


Les Juifs n’ont pas compris la raison de ta passion volontaire ; c’est pourquoi, lorsque dans la nuit tu as dit à ceux qui t’ont cherché avec des flambeaux, c’est moi, bien qu’ils soient tombés par terre, ils t’ont cependant lié en se relevant et t’ont mené devant le tribunal ; en te suivant dans cette voie, et en nous prosternant devant toi, nous te disons avec amour : Jésus, lumière du monde, haï de ce monde pervers ; Jésus, vivant dans la lumière inaccessible, saisi par le pouvoir des ténèbres ; Jésus, Fils du Dieu immortel, désigné à la mort par le fils de condamnation ; Jésus, exempt de toute fraude, par fraude embrassé par le traître ; Jésus, se donnant gratuitement à tous, vendu pour quelques pièces d’argent ; Jésus, Fils de Dieu, souvenez-Vous de nous quand Vous serez entré dans Votre règne.


Kondakion 3.


Par la vertu de ta divinité tu as prédit à ton disciple sa triple dénégation ; mais lui, bien que trois fois il t’ait renié avec serment, en te voyant cependant dans la cour du pontife, toi, son Seigneur et Maître, il pleurait amèrement en sortant ; aie pitié de moi aussi et amollis mon cœur endurci, afin que je puisse par mes larmes laver mes péchés, en te chantant : Alleluia !


Ikos 3.


Ayant le véritable pouvoir selon l’ordre de Melchisedech, comme Pontife éternel, toi Seigneur et Maître suprême de toutes choses, tu t’es néanmoins présenté devant Caïphe le pontife impie ; ayant supporté les souffrances de la part de tes serviteurs, reçois de nous ces humbles louanges : Jésus inappréciable, acheté au prix de trente pièces d’argent, reçois-moi dans ta possession éternelle ; Jésus, désiré de tous, mais renié de Pierre par crainte, ne me rejette pas, pécheur que je suis ; Jésus, agneau inoffensif, déchiré par des loups féroces, délivre-moi de tous mes ennemis ; Jésus Souverain Pontife, entré par ton sang dans le Saint des Saints, purifie-moi de toute souillure de ma chair ; Jésus lié, toi qui as le pouvoir de lier et de délier, pardonne-moi tous mes péchés ; Jésus, Fils de Dieu, souvenez-Vous de nous quand Vous serez entré dans Votre règne.


Kondakion 4.


Animés du désir du meurtre contre le Christ, les Juifs n’écoutant que la voix du diable qui dès le commencement est le père de la fraude et de l’homicide, ils t’ont renié, toi la voie droite, la vérité même et la vie ; et nous, ô notre Christ ! en te reconnaissant pour la vertu divine, dans laquelle sont renfermés tous les trésors de la sagesse et de l’intelligence, nous te chantons : Alleluia.


Ikos 4.


Pilate entendant tes douces réponses, t’a condamné au supplice de la croix comme digne de la mort, bien que lui-même témoignât, qu’il n’avait trouvé aucun crime en toi ; il a lavé ses mains, mais souillé son cœur ; et nous, ô Jésus, admirant le mystère de ta passion volontaire, nous te disons avec compassion : Jésus, Fils de Dieu et de la Vierge, tourmenté par les fils de l’impiété ; Jésus, outragé et dépouillé, toi qui donne la beauté aux herbes des champs et couvre le ciel de nuages ; Jésus, saturé de plaies, toi qui avec cinq pains rassasias cinq mille personnes ; Jésus, Roi de tous, éprouvant des souffrances terribles au lieu d’amour et de reconnaissance, le seul tribut que tu mérites ; Jésus recevant pendant toute une journée des blessures pour nous, guéris les plaies de nos âmes ; Jésus, Fils de Dieu, souvenez-Vous de nous quand Vous serez entré dans Votre règne.


Kondakion 5.


Revêtu de la lumière comme d’un habillement, tu t’es couvert tout entier de ton sang divin ; je sais, je sais très-bien avec le prophète pourquoi tes habits sont rouges, c’est moi, ô Seigneur ! c’est moi qui t’ai blessé par mes péchés ; mais plein de reconnaissance pour les blessures que tu as reçues pour moi, je te chante : Alleluia.


Ikos 5.


Isaïe longtemps avant ta venue te voyant en esprit couvert de plaies et accablé d’injures, disait avec effroi : Nous l’avons vu et il n’avait ni forme ni éclat. Et nous en te voyant sur la croix, nous te disons avec foi et admiration : Jésus, accablé d’injures, couronnant l’homme de gloire et d’honneur ; Jésus, que les anges eux-mêmes ne peuvent regarder, recevant des soufflets déshonorants ; Jésus, frappé sur la tête, incline ma tête pour l’humilité ; Jésus, ayant eu tes yeux aveuglés par le sang, détourne mes yeux pour ne pas voir la vanité ; Jésus, couvert de blessures de la tête jusqu’aux pieds, rends-moi sain tout entier ; Jésus, Fils de Dieu, souvenez-Vous de nous, quand Vous serez entré dans Votre règne.


Kondakion 6.


Pilate lui-même était témoin de ton innocence, car il a dit au peuple, qu’il n’y avait rien en Toi qui soit digne de condamnation à mort : mais les Juifs comme des bêtes féroces à la vue du sang, grincèrent des dents contre Toi et s’écrièrent : Crucifie-le, crucifie-le ; et nous, en embrassant tes très-pures plaies, te disons : Alleluia !


Ikos 6.


Les anges et les hommes s’étonnèrent de Toi en Te voyant présenté par Pilate, avec ces paroles : Voilà l’homme ! Venons donc et prosternons-nous devant Jésus outragé pour nous, en lui disant : Jésus, Créateur et Juge Suprême de tous, jugé et torturé par sa propre créature ; Jésus, dispensateur de la sagesse, ne donnant pas de réponse aux insensés ; Jésus, baume céleste de tous ceux qui sont blessés par le péché, guéris-moi par la repentance ; Jésus, le Pasteur frappé, délivre-moi et frappe les esprits qui m’entraînent au mal ; Jésus, ayant toute la chair brisée, frappe mon cœur de ta crainte salutaire ; Jésus, Fils de Dieu, souvenez-Vous de nous, quand Vous serez entré dans Votre règne.


Kondakion 7.


Ô Jésus, voulant délivrer l’homme de la servitude de l’ennemi infernal, Tu t’es humilié devant tes ennemis, et comme une brebis muette Tu as été mené à la tuerie, partout recevant des blessures et des outrages, et tout cela pour sauver l’homme tout entier, qui te chante : Alleluia.


Ikos 7.


Quand les soldats t’insultant et remplissant l’ordre du juge inique, ont fait à ton corps très-pur des plaies terribles, et de la tête aux pieds l’ont entièrement couvert de ton sang précieux, tu as montré une longanimité vraiment divine : c’est pourquoi, baignés de larmes nous te disons : Jésus aimant les hommes, et par eux couronné d’épines ; Jésus, Dieu impassible souffrant la passion, pour nous délivrer de nos mauvais penchants ; Jésus, mon Sauveur, rends-moi digne de toutes tes souffrances ; Jésus, délaissé de tous, et ma force, fortifie-moi ; Jésus insulté de tous, mon unique joie, réjouis-moi ; Jésus, Fils de Dieu, souvenez-Vous de nous, quand Vous serez entré dans Votre règne.


Kondakion 8.


Merveilleuse et étrange a été l’apparition de Moïse et d’Élie sur le Mont Thabor, quand ils ont parlé de ta fin, que tu accomplis à présent à Jérusalem : c’est pourquoi après avoir vu là ta gloire, et ici notre salut, ils te chantent : Alleluia !


Ikos 8.


Partout et toujours persécuté des Juifs, tu as subi plusieurs outrages et bien des souffrances, à cause de mes innombrables péchés : car les uns te disent contraire à César, les autres te condamnent comme un malfaiteur, enfin les troisièmes s’écrient : prends-le et crucifie-le. Et nous, ô notre Seigneur, en te voyant condamné par tous et mené à la mort sur la croix, nous te disons du fond de nos âmes : Jésus, notre Juge, injustement condamné, ne nous juge point selon nos œuvres ; Jésus, ma force, tombant sous le poids de ta croix en marchant à la mort, ne me délaisse point à l’heure de mes chagrins et de mes calamités ; Jésus, invoquant le secours de ton Père, fortifie-moi dans ma faiblesse ; Jésus, ma gloire, couvert de déshonneur, ne me prive pas de ta gloire ; Jésus, l’image du Père, transforme et sanctifie ma vie impure et ténébreuse ; Jésus, Fils de Dieu, souvenez-Vous de nous, quand Vous serez entré dans Votre règne.


Kondakion 9.


Tout l’univers se troubla en te voyant suspendu à la croix ; le soleil cacha sa lumière, la terre trembla, le voile du temple se déchira, les pierres se fendirent et l’enfer rejeta les morts : et nous en nous prosternant sur la place où étaient tes pieds, nous te chantons : Alleluia.


Ikos 9.


Les Orateurs fameux, malgré leur faconde, ne peuvent point t’exprimer la reconnaissance due à ta divine passion, ô Sauveur des hommes ; et nous touchés dans notre âme comme dans notre corps, dans notre cœur et dans tout notre être, nous te disons : Jésus, attaché et cloué à la croix, déchire le grand livre de mes iniquités ; Jésus, étendant de la croix les bras vers tous, attire-moi, gisant dans l’erreur et le péché ; Jésus, la porte des brebis, percé au côté, fais-moi entrer par tes plaies, dans ton palais ; Jésus, crucifié dans ta chair, crucifie ma chair avec ses passions et ses mauvais penchants ; Jésus, mourant dans les souffrances, donne à mon cœur de ne connaître autre chose, que toi crucifié ; — Jésus, Fils de Dieu, souvenez-Vous de nous, quand Vous serez entré dans Votre règne.


Kondakion 10.


Voulant sauver le monde, tu as guéri les aveugles, les boiteux, les lépreux, les muets et les sourds, et tu as chassé les esprits malins : mais les Juifs aveuglés, ne respirant que la méchanceté et tourmentés par l’envie, t’ont attaché à la croix, ne sachant pas chanter : Alleluia !


Ikos 10.


Jésus, Roi Éternel, tu as subi tous les tourments pour mon intempérance, afin de me rendre pur dans tout mon être ; Jésus, nous donnant l’exemple en tout, afin que nous suivions tes traces, en te disant : Jésus, l’Amour insondable, ne faisant pas imputer au péché ton crucifiement ; — Jésus, priant dans le jardin avec des larmes et des gémissements, apprends-nous à prier ; Jésus, accomplissant toutes les prophéties qui te concernaient, accomplis tous les bons désirs de notre cœur ; Jésus, remettant ton esprit aux mains de Ton Père, reçois mon esprit à l’heure de ma mort ; Jésus ne défendant pas le partage de ton habit, sépare doucement mon âme de mon corps ; Jésus, Fils de Dieu, souvenez-vous de nous, quand Vous serez entré dans Votre règne.


Kondakion 11.


En t’offrant ses louanges cordiales, ta Mère très-pure, te disait : tu souffres, il est vrai, sur la croix, mais je sais que tu es engendré de ton Père avant les anges, car je vois que tout l’univers compâtit avec toi ; tu rends ton esprit à ton Père, reçois mon esprit et ne me délaisse point, moi qui te chante : Alleluia !


Ikos 11.


Comme un cierge lumineux, la Vierge brûlait d’amour pour toi auprès de ta croix, et elle était tourmentée d’une douleur maternelle, en te voyant, toi le soleil véritable, se cachant dans le tombeau ; et nous, ô Seigneur, nous te prions d’agréer ces prières de nos cœurs : Jésus, monté sur l’arbre de la croix, afin de nous élever avec toi vers ton Père céleste ; Jésus, léguant la Vierge pour mère à Jean, l’apôtre vierge, afin de nous apprendre à garder la virginité et la pureté ; Jésus confiant ton bien-aimé disciple à celle qui t’a enfanté, toi, Dieu le verbe, confie-nous aussi tous à sa maternelle protection ; Jésus, vainqueur du monde et de l’enfer, détruis l’impiété, l’orgueil de la vie et la concupiscence des yeux qui habitent en nous ; Jésus, qui as détruit le pouvoir de la mort, sauve-moi de la mort éternelle ; Jésus, Fils de Dieu, souvenez-Vous de nous, quand Vous serez entré dans Votre règne.


Kondakion 12.


Jésus, mon Dieu, donne-moi ta grâce, reçois-moi comme tu as reçu Joseph et Nicodème, afin que je puisse t’apporter mon âme, comme ils t’ont offert un linceul pur, et qu’avec le parfum de mes vertus je puisse oindre ton corps très-pur et te posséder dans mon cœur comme dans un tombeau, en te chantant : Alleluia !


Ikos 12.


En chantant ton crucifiement volontaire, nous nous prosternons devant ta passion, ô notre Jésus, nous croyons avec le centenier que tu es en vérité le Fils de Dieu, qui dois venir sur les nuages avec une grande puissance et gloire : ne nous expose pas alors à la honte, nous que tu as rachetés de ton sang et qui te disons : Jésus, qui a enduré des souffrances ineffables, sauve-nous des larmes éternelles à cause des larmes de la Vierge, ta mère ; Jésus, délaissé de tous, ne m’abandonne point seul à l’heure de ma mort ; Jésus reçois-moi, moi qui me jette à tes pieds avec la Madelaine ; Jésus ne me condamne pas comme tu condamneras le traître et tes crucificateurs ; Jésus fais-moi entrer dans le paradis avec le larron pénitent ; Jésus, Fils de Dieu, souvenez-Vous de nous, quand Vous serez entré dans Votre règne.


Kondakion 13.


Ô Jésus-Christ, Agneau de Dieu, qui as effacé les péchés de tout le monde, agrée cette faible expression de reconnaissance que nous te présentons du fond de nos âmes, et par la vertu de ta passion salutaire, guéris-nous de toute maladie du corps et de l’âme, avec ta croix ; mets-nous à couvert de tous les ennemis visibles et invisibles, ne nous délaisse pas à la fin de notre vie, afin que délivrés par ta mort de la mort éternelle, nous puissions te chanter toujours : Alleluia. (3 fois.)

Après cela on répète encore le premier Ikos et le premier Kondakion.


Cantique septième.


Ô merveille ineffable ! Celui qui préserva du feu les jeunes hommes précipités dans la fournaise, le voyez-vous, comme on le dépose sans vie dans son sépulcre qui est le sanctuaire de notre salut. Aussi chantons et célébrons le Dieu notre Libérateur, et que son nom soit béni.

Verset. Gloire à Votre passion, ô Seigneur !

Vous êtes le véritable David, car après avoir pris Votre croix, comme une lyre harmonieuse, Vous êtes monté sur le Golgotha, afin de nous éviter la colère du Père céleste, à nous qui Vous chantons : Agneau de Dieu, acquérant le salut éternel au monde, Vous êtes béni dans les siècles des siècles.

Verset. Gloire à Votre passion, ô Seigneur !

Comme le bon architecte de la maison de Votre Père, Vous avez pris, ô Jésus notre Dieu, Votre croix comme un flambeau, du haut duquel Vous êtes apparu au monde comme une véritable lumière, et nous Vous chantons : Agneau de Dieu, acquérant le salut éternel au monde, Vous êtes béni dans les siècles des siècles.

Gloire au Père, au Fils et au St-Esprit !

Comme l’encens de l’odeur agréable, Vous avez offert à Votre Père, Votre sang, sorti des blessures de Votre chair, et cela pour m’amener vers lui, en chantant : Agneau de Dieu, acquérant le salut éternel au monde, Vous êtes béni dans les siècles des siècles.

Maintenant et toujours et dans les siècles des siècles. Ainsi soit-il.

Ô Vierge très-pure, qui avez conçu et enfanté virginalement notre Sauveur et Dieu, Vous avez admiré l’ineffable longanimité de Votre Fils, lorsque vous l’avez vu sur la croix : recevez nos hommages et nos tributs de louanges.


Cantique huitième.


Cieux, tremblez, et que les fondements de la terre s’émeuvent : car celui qui habite au plus haut des cieux est rangé parmi les morts et descend tout entier dans un humble sépulcre. Bénissez-le, enfants d’Israël ; célébrez-le, prêtres du Très-Haut, et vous, prêtres de la terre, exaltez-le dans tous les siècles.

Verset. Gloire à Votre passion, ô Seigneur.

Ô Dieu, notre Père, Celui-ci est Votre Fils bien-aimé, celui que Vous avez commandé d’écouter au moment où il était baptisé par Jean, et à l’heure de sa transfiguration sur le Thabor : Écoutez-le à présent et étanchez sa soif pour mon salut. Et moi, le voyant mort pour moi, je lui chante : Vous tous, peuples et tribus de la terre, rachetés au prix de son sang, chantez Votre Seigneur et célébrez-le dans tous les siècles.

Verset. Gloire à Votre passion, ô Seigneur.

Ô Dieu, notre Père, Celui-ci est Votre Fils et Votre céleste envoyé ! On l’a humilié et on n’a pas ajouté foi à ses paroles ; on l’a importuné et on lui a fait subir tous les tourments ; et moi je m’écrie : Vous, toutes générations, rachetées par son sang, chantez Votre Seigneur, et célébrez-le dans tous les siècles.

Gloire au Père, au Fils et au St-Esprit.

Ô Dieu, notre Père ! Celui-ci est Votre Fils, qui à peine né n’avait de place dans aucune maison : vivant sur la terre, il a été appelé l’ami des publicains et des pécheurs, et fut même accusé de blasphèmes ; enfin il a été condamné à une mort déshonorante, afin que moi, chargé du lourd fardeau de mes péchés, je puisse par ses mérites, me reposer dans les demeures célestes ; c’est pourquoi je crie : toutes mes entrailles, chantez le Seigneur et célébrez-le dans tous les siècles.

Maintenant et toujours et dans les siècles des siècles.

Celui-ci est Salomon, assis sur son trône ; il est Pontife sur sa chaire, il est chef, possédant et donnant l’arme invincible, il est Votre Fils, ô Vierge, et Fils de Dieu, que le Père n’a pas épargné, mais qu’il a fait mourir pour moi, afin qu’en me prosternant devant lui, je lui chante : Vous tous, justes et pécheurs, rachetés par son sang, chantez Votre Seigneur et célébrez-le dans tous les siècles.


Cantique neuvième.


Mère, ne pleurez point en voyant au tombeau le Fils que vous avez conçu virginalement. Car je ressusciterai et je serai glorifié, et je ferai partager ma gloire à ceux qui Vous vénèrent avec foi et amour.

Verset. Gloire à Votre passion, ô Seigneur.

Je sais qui est la cause de Votre passion sur le Golgotha : c’est moi, ô mon Seigneur, c’est moi qui Vous ai crucifié par mon intempérance ; mais je me repens : pardonnez-moi ce péché.

Verset. Gloire à Votre passion, ô Seigneur.

Chérubin ne garde plus les portes d’Éden : car Vous, ô mon Jésus et ma vie, Vous êtes suspendu à l’arbre de la croix. Ô profondeur de Votre amour ineffable ! Je Vous prie apprenez-moi à Vous remercier dignement.

Gloire au Père, au Fils et au St-Esprit.

Vous portez, mon Christ, l’inscription suivante : Jésus de Nazareth Roi des Juifs ! c’est devant Votre Père le témoignage, que Vous avez bien rempli sa volonté ; je Vous prie, ô Seigneur, inscrivez-moi dans le livre de la vie.

Maintenant et toujours et dans les siècles des siècles.

Ne me délaissez point seule, remplie de douleur, mais hâtez-Vous de me consoler, ma consolation, Vous a dit la Vierge. Et moi, que puis-je Vous donner, ô mon Jésus ? entrez dans mon cœur, et que ce ne soit plus moi, mais Vous qui habitiez en moi et moi en Vous.


Cantique.[7]


Votre palais nuptial, Ô mon Sauveur, s’ouvre devant moi, dans toute sa magnificence ; mais je ne possède point le vêtement de noce qui m’en permettrait l’entrée. Venez donc rendre son éclat à la robe souillée de mon âme, ô Père de lumière, et accordez-moi le salut.

Gloire au Père, au Fils et au St-Esprit.

Mon Seigneur, dans une heure Vous avez purifié et rendu digne du ciel le larron pieux ; purifiez-moi par la vertu de Votre croix et sauvez-moi.

Maintenant et toujours et dans les siècles des siècles.

Vierge, mère de Dieu et palais vivant, je sais que je ne suis pas digne d’entrer dans le palais céleste, à cause de mes péchés ; mais je vous prie avec instance, à cause de Votre Fils bien-aimé, suspendu à la croix, et mon Seigneur plein de miséricorde, délivrez ma face de la honte qui la couvre et priez pour moi afin que j’obtienne le salut.


Cantiques des louanges[8].


Mon peuple, mon Israël a fait deux choses mauvaises : il m’a abandonné, moi qui suis la source de l’eau vive pour se creuser des citernes crevées, fosses entr’ouvertes, qui ne peuvent contenir les eaux ; après avoir demandé et délivré Barrabbas, il m’a crucifié sur la croix : le ciel tressaillit d’effroi, le soleil s’obscurcit, et toi Israël, tu n’as pas eu honte, mais tu m’as fait mourir ; ô Père saint, pardonnez-lui car il ne sait ce qu’il a fait. (2 fois.)

Chaque membre de Votre corps très-pur a supporté le déshonneur : la tête a été couverte — d’épines ; la figure a supporté — les crachements ; les joues — les soufflets ; la bouche — le vinaigre mêlé du fiel ; les oreilles — les paroles outrageantes ; les épaules — les coups, et la main — le bâton ; tout le corps — la suspension sur la croix ; les mains et les pieds — les clous, et les côtes — la lance. Ayez pitié de nous, ô notre Sauveur tout puissant, Vous qui avez souffert la passion pour nous et nous avez délivrés de nos passions, qui êtes descendu jusqu’à nous par Votre amour pour nos âmes et nous avez élevés jusqu’à vous ; ayez pitié de nous !

Quand Vous fûtes crucifié, toute créature trembla en Vous voyant, les fondements de la terre s’émurent, frappés de la grandeur de Votre puissance ; car quand Vous étiez suspendu sur la croix, le voile du temple se déchira en deux, et les morts sortirent de leurs tombeaux ; le centenier en voyant le miracle, resta stupéfait ; et Votre Mère, Vous assistant dans Vos souffrances, s’écria : comment ne pleurerais-je pas, en Vous voyant nu, condamné et suspendu à l’arbre de la croix ? Ô Jésus, notre Seigneur, Vous qui avez été crucifié, enseveli et qui êtes ressuscité des morts, — gloire à Vous.

Gloire au Père, au Fils et au St-Esprit, maintenant et toujours et dans les siècles des siècles. Ainsi soit-il.

Joseph, aidé de Nicodème, ayant descendu Votre corps de l’arbre, et Vous ayant vu mort, nu et privé de sépulture, Vous qui Vous couvrez de la lumière comme d’un vêtement, Joseph, dont le bon cœur était pénétré de douleur, disait avec des larmes et des gémissements : Malheur à moi, mon Jésus adorable ! Pour peu qu’on Vous ait vu suspendu à la croix, le soleil s’est couvert de ténèbres, et la terre a tressailli d’effroi, et le voile du temple s’est déchiré : et voilà que je Vous vois à présent mort volontairement pour moi ! Comment Vous ensevelirai-je, ô mon Dieu, ou avec quels linceuls Vous couvrirai-je ? avec quelles mains toucherai-je Votre corps incorruptible ? quels cantiques chanterai-je à Votre enterrement, ô Amour Divin ? Je glorifie Votre passion, je chante Votre ensevelissement et Votre résurrection, en Vous disant : Gloire à Vous, Seigneur.


Cantiques avec versets.


Par Votre sang, Agneau innocent, Vous avez effacé l’inscription de nos péchés et détruit la semence de la corruption : c’est pourquoi, en Vous voyant descendre aux enfers, les morts sortent à Votre rencontre, comme vers leur Libérateur.

Verset. Je frapperai le Pasteur et les brebis s’enfuiront.

Aujourd’hui s’est accompli le jugement du monde, aujourd’hui le prince du monde est chassé et rejeté : ayant perdu la première sainteté, troublé et effrayé il reste à présent devant le Maître du ciel et de la terre ; et Vous, mon Sauveur, Vous êtes apparu Vainqueur du péché, de la mort et de l’enfer.

Verset. Sur mon dos les pécheurs ont commis et continué leurs impiétés.

Malgré mes péchés continuels, par lesquels je renouvelle sans cesse Votre crucifiement, Vous ne Vous détournez point de moi en mourant, ô Seigneur, mais inclinant Votre tête, Vous me pardonnez, en m’appelant à Vous.

Gloire au Père, au Fils et au St-Esprit, maintenant et toujours et dans les siècles des siècles. Ainsi soit-il.

Venez, louons Joseph d’impérissable mémoire, qui dans la nuit est venu chez Pilate et lui demanda Celui qui est la vie de nous tous : donne-moi cet homme étrange que le disciple pervers a trahi et livré à la mort ; donne-moi cet homme étrange, que la Vierge voyant suspendu à la croix, pénétrée d’une douleur maternelle, disait avec gémissements : malheur à moi, mon Fils ! malheur à moi, ma lumière et le fruit bien-aimé de mes entrailles ! Ce qui a été prédit par Siméon, s’est accompli : le glaive a percé mon cœur ; mais change mes larmes dans la joie de ta résurrection. Nous nous prosternons, ô notre Jésus, devant votre passion ; nous nous prosternons, ô notre Jésus, devant votre passion ; nous nous prosternons, ô notre Jésus, devant votre passion et devant votre résurrection.




PRIÈRE


À


NOTRE SEIGNEUR JÉSUS CRUCIFIÉ.




Ô Jésus-Christ, Fils unique de Dieu le Père, source inépuisable de l’amour, de la grâce et de tous les biens, suspendu à la croix pour nous ! Je sais, qu’animé d’un amour ineffable, tu as répandu pour laver mes péchés, ton sang précieux, que moi, ingrat et condamné, je ne faisais que fouler aux pieds et mépriser par l’impiété de toute ma vie. De l’abîme de mon impiété et de mon impureté, je jette les regards de mon âme sur toi, ô mon Sauveur crucifié, je me prosterne devant tes plaies, qui répandent autour d’elles la commisération, l’amour et la grâce et je te demande de me pardonner mes péchés et de purifier ma vie. Ô sois-moi propice, mon Maître et mon Juge, et ne détourne point de moi Ta face, mais avec ta main puissante, convertis-moi à ton amour et mets-moi sur la voie de la véritable repentance, afin que je commence dès aujourd’hui même l’œuvre de mon salut. Par la vertu de ta passion divine, dompte les passions de ma chair ; par ton sang précieux purifie l’impureté de mon âme ; par ton crucifiement, crucifie-moi au monde avec tous ses scandales et convoitises ; couvre-moi de ta croix contre mes ennemis invisibles, qui cherchent mon âme pour la faire périr. Par tes pieds percés, éloigne mes pieds de toute voie du mal ; par tes mains percées, retiens mes mains de toute œuvre, qui te serait désagréable. Par ton corps attaché à la croix, attache ma chair à ta crainte salutaire, afin que fuyant le mal, je fasse le bien devant Toi. Ayant eu la tête inclinée sur la croix, abaisse mon esprit orgueilleux ; par ta couronne d’épines, couvre mes oreilles, afin que je n’entende rien qui ne soit bon et utile ; Ta bouche a bu le fiel, ô Seigneur, ferme ma bouche aux paroles vaines et mauvaises. Par ton cœur percé de la lance, donne-moi un cœur pur, ô Seigneur ; par la vertu de toutes tes plaies pénètre-moi tout entier de ton amour, afin que je t’aime, mon Seigneur, de toute mon âme, de tout mon cœur, de toute ma force et de toutes mes pensées. Donne-Toi à moi, Toi étranger pour tous sur la terre, et n’ayant pas de place où incliner ta tête ; donne-toi à moi, Dieu plein de bonté, délivrant mon âme de la mort ; donne-toi à moi, ô mon doux Jésus, qui par ton amour me consoles dans ma détresse et dans tous mes malheurs ; afin que je t’aime, te reçoive en moi avec joie et porte ta croix jusqu’à la fin de mes jours, Toi qu’auparavant j’ai haï, offensé, rejeté et attaché à la croix. Ne laisse pas, ô mon Sauveur miséricordieux, s’accomplir aucun désir de ma volonté, car elle est méchante et perverse, et qu’ainsi je ne tombe plus sous le joug de la pénible servitude du péché qui a régné en moi jusqu’à présent ; mais que ta volonté sainte et bienfaisante soit toujours accomplie en moi. Et moi, en me confiant pleinement à elle et avec les yeux de mon intelligence, me représentant ton image, je te prie, ô Seigneur, du fond de mon cœur, de ne voir que toi seul au moment suprême de la séparation de mon âme et de mon corps, me recevant sous ta protection toute-puissante, me défendant contre les esprits du mal et me mettant avec les pécheurs repentis et réconciliés avec toi. Ainsi soit-il.


AUTRE PRIÈRE


À


NOTRE SEIGNEUR JÉSUS CRUCIFIÉ.




Seigneur Jésus-Christ, Fils du Dieu vivant, Créateur du ciel et de la terre, Sauveur du monde, c’est moi le plus indigne et le plus grand de tous les pécheurs, qui en fléchissant mon cœur devant la gloire de ta Majesté, célèbre ton crucifiement et tes souffrances et je te remercie comme Roi et Dieu de tous. Car tu as bien voulu, en te faisant homme, supporter toutes les peines et tous les malheurs, tous les outrages et tous les tourments afin d’être pour nous, dans tous nos malheurs, dans tous nos besoins et chagrins, un Aide et un Sauveur compâtissant. Je sais bien, Maître tout-puissant, que tout cela n’était point nécessaire pour toi, mais que tu as souffert la croix et la passion pour nous sauver et nous délivrer de la servitude de l’ennemi éternel. Que te donnerai-je en retour à toi, ô Dieu d’amour pour tout ce que tu as souffert pour moi pécheur ? Je ne sais rien, car mon âme et mon corps et tous les biens que je possède, c’est toi qui me les a donnés, de sorte que tout ce qui est à moi, est à toi, et moi-même je suis à toi. Ô mon Seigneur je n’ai qu’à espérer en ta miséricorde infinie, m’incliner devant ton inépuisable longanimité, célébrer ton humiliation insondable, glorifier ta bonté infinie et me prosterner devant ta passion salutaire. C’est pourquoi en embrassant avec amour tes plaies, je te dis : aie pitié de moi pécheur et fais que ta croix sainte ne reste pas sans fruit en moi, afin que participant ici par ma foi à ta passion, je sois digne de voir la gloire de ton règne au ciel. Ainsi soit-il.

Après cela le chœur chante :

Il est véritablement juste de Vous célébrer, ô Mère de Dieu, qui êtes à jamais bienheureuse et très-pure, Vous qui êtes la Mère de notre Dieu. Qui êtes plus vénérable que les Chérubins, incomparablement plus glorieuse que les Séraphins, nous Vous célébrons, Vous qui avez mis au monde le Verbe-Dieu, sans cesser d’être Vierge, et êtes la vraie Mère de Dieu.

Le lecteur lit : Dieu Saint… Ô Trinité Sainte… Notre Père… (vid. pag. 6), et puis suivent les tropaires : Au moment de la Cène… Ô Christ, notre Dieu… et le vertueux Joseph… (vid. pag. 13 et 14) et la prière finale.



  1. Acathiste vient du mot grec ἀϰαθίζω, rester debout. Acathiste, par conséquent, signifie les prières dites debout.
  2. Le mot Canon, dans l’Église Gréco-Russe, s’applique aux neuf Cantiques écrits avec une certaine mesure et chantés d’une certaine manière. On compte huit manières différentes. Le premier verset de chacun de ces neuf cantiques porte le nom d’ἵϱμος (de ἕιϱω, lier, unir) parce qu’il sert de lien entre tous les versets du même cantique. Le cantique second ne se chante ordinairement que les jours de Carême. De sorte que tous les canons, en réalité, se composent seulement de huit cantiques. — Dans ce Canon, tous les premiers versets (ἵϱμος) de chaque cantique appartiennent à l’Église, et à l’auteur seulement les versets qui se rattachent à eux.
  3. Les Chrétiens de l’Église d’Orient ne s’asseyent presque jamais pendant les offices divins. Cependant, eu égard à la faiblesse humaine, l’Église le permet quelquefois, et notamment pendant la lecture ou le chant des Cédalenns, qui par conséquent signifient les cantiques pendant lesquels il est permis de s’asseoir.
  4. Dans ses prières, l’Église d’Orient s’adresse à Dieu ordinairement à la seconde personne du singulier, et non du pluriel. Nous avons employé dans ces prières alternativement et vous et toi. Vous dans les cantiques et toi dans les prières proprement dites.
  5. Ce cantique, ordinairement court, renferme ou la signification de la fête ou la louange au saint.
  6. Ce cantique, dans son contenu, est semblable au cantique précédent, seulement plus long ; c’est pourquoi il suit toujours Kondakion et ne se dit jamais seul.
  7. Ce cantique se nomme φωταγωγιϰόν (lumineuse), parce qu’il renferme la prière dans laquelle nous prions Dieu de nous envoyer sa lumière céleste, et d’éclairer notre âme pour lui chanter les louanges qui suivent immédiatement ce cantique.
  8. Ils s’appellent ainsi à cause des psaumes 148, 149 et 150, dans lesquelles se répète le mot : louer. Louez l’Éternel… Louez l’Éternel, car il est bon de psalmodier à notre Dieu…

    Ces psaumes se lisent en entier avant le chant de ces cantiques, et puis, quand on les chante, on prend quelques versets des psaumes précités et on les intercale entre les cantiques.