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Agnès Grey/4

La bibliothèque libre.


Traduction par Ch. Romey et A. Rolet.
Shirley et Shirley et Agnès GreyCh. Lahure et Cie (p. 221-229).


CHAPITRE IV.

La grand’mère.


Je fais grâce à mes lecteurs du récit de ma joie en revoyant la maison paternelle, du bonheur dont je jouis pendant les quelques jours de repos ou de liberté que je passai dans ce cher séjour parmi ceux que j’aimais et dont j’étais aimée, et du chagrin que j’éprouvai lorsqu’il me fallut leur dire un long adieu.

Je retournai pourtant avec courage à mon œuvre, tâche plus ardue que vous ne pouvez l’imaginer si jamais vous n’avez été chargé de la direction et de l’instruction de ces petits rebelles turbulents et malfaisants, qu’aucun effort ne peut attacher à leurs devoirs, pendant que vous êtes responsable de leur conduite envers des parents qui vous refusent toute autorité. Je ne connais pas de situation comparable à celle de la pauvre gouvernante qui, désireuse de réussir, voit tous ses efforts réduits à néant par ceux qui sont au-dessous d’elle, et injustement censurés par ceux qui sont au-dessus.

Je n’ai pas énuméré tous les détestables penchants de mes élèves, ni la moitié des déboires résultant de ma responsabilité, dans la crainte d’abuser de la patience du lecteur, comme je l’ai peut-être déjà fait ; mais mon but en écrivant ces quelques dernières pages n’était point d’amuser, mais d’être utile : celui pour qui ces matières ne sont d’aucun intérêt les aura peut-être lues à la hâte et en maudissant la prolixité de l’écrivain ; mais si des parents y ont puisé quelques notions utiles et si une malheureuse gouvernante en a retiré le plus mince avantage, je suis bien récompensée de mes peines.

Pour éviter l’embarras et la confusion, j’ai pris mes élèves un par un et j’ai exposé leurs diverses qualités ; mais cela ne peut donner l’idée du mal qu’ils me faisaient tous les trois ensemble, quand, ainsi qu’il arrivait souvent, tous étaient déterminés à être méchants, à tourmenter miss Grey et à la faire mettre en colère.

Quelquefois, dans ces occasions, cette pensée se présentait tout à coup à mon esprit : « Si mes parents pouvaient me voir en ce moment !… » Et l’idée qu’ils n’auraient pu s’empêcher d’avoir pitié de moi me faisait me plaindre moi-même, au point que j’avais peine à retenir mes larmes. Mais je me contenais jusqu’à ce que mes petits bourreaux fussent descendus pour le dessert, ou qu’ils fussent couchés, et je pleurais sans contrainte. Toutefois c’était là une faiblesse que je me permettais rarement ; mes occupations étaient trop nombreuses, mes moments de loisir trop précieux, pour que je pusse consacrer beaucoup de temps à d’inutiles lamentations.

Je me souviens tout particulièrement d’une triste et neigeuse après-midi, peu de temps après mon retour, en janvier. Les enfants étaient tous remontés bruyamment après le dîner, déclarant qu’ils voulaient être méchants, et ils avaient bien tenu leur promesse, quoique j’eusse fatigué tous les muscles de mon larynx dans un vain effort pour leur faire entendre raison. J’avais cloué Tom dans un coin, lui disant qu’il ne s’échapperait point de là avant d’avoir accompli la tâche que je lui avais donnée. Pendant ce temps, Fanny s’était emparée de mon sac à ouvrage, en mettait au pillage le contenu et crachait dedans par-dessus le marché. Je lui dis de le laisser, mais en vain. « Brûle-le, Fanny, » s’écriait Tom, et elle se hâtait d’obéir. Je m’élançai pour l’arracher au feu, et Tom courut vers la porte. « Mary-Anne, jette son pupitre par la fenêtre, » cria-t-il ! Et mon précieux pupitre, contenant mes lettres, mes papiers, mon peu d’argent et tout ce que je possédais, allait être précipité par la fenêtre de la hauteur de trois étages. Je m’élançai pour le sauver. Pendant ce temps Tom avait fui et descendait les escaliers, suivi de Fanny. Ayant mis en sûreté mon pupitre, je courus après eux, et Mary-Anne me suivit. Tous trois m’échappèrent et s’enfuirent dans le jardin, où ils se vautrèrent dans la neige en poussant des cris de joie et de triomphe.

Que devais-je faire ? Si je les suivais, il me serait sans doute impossible de les saisir et je ne ferais que les faire courir plus loin. Si je ne les suivais pas, comment les faire rentrer à la maison ? Et que penseraient de moi les parents, s’ils voyaient leurs enfants courir sans chapeau, sans gants et sans bottines, dans la neige épaisse ? Pendant que j’étais là debout sur la porte dans cette perplexité, m’efforçant par un visage et des paroles sévères de les ramener à l’obéissance, j’entendis une voix aigre et perçante s’écrier derrière moi :

« Miss Grey ! est-il possible ? à quoi diable pouvez-vous donc penser ?

— Je ne puis les faire rentrer, monsieur, dis-je en me retournant et en apercevant M. Bloomfield les cheveux hérissés et les yeux sortant de leur orbite.

— Mais j’insiste pour que vous les fassiez rentrer ! s’écria-t-il en s’approchant davantage et paraissant furieux.

— Alors, monsieur, veuillez les rappeler vous-même, car ils ne veulent pas m’écouter, lui dis-je en me reculant.

— Rentrez à l’instant, méchants vauriens, ou je vous cravache tous ! leur cria-t-il d’une voix de tonnerre, et les enfants obéirent à l’instant. Vous voyez, ils viennent au premier mot.

— Oui, quand vous parlez.

— Il est fort étrange que vous, qui prenez soin d’eux, n’ayez pas plus de pouvoir sur eux ! Là, les voilà qui montent l’escalier avec leurs pieds gelés ! Suivez-les, et pour Dieu, veillez à ce qu’ils soient plus décents dans leur mise et dans leurs habitudes. »

La mère de M. Bloomfield était alors dans la maison ; en montant l’escalier et en passant devant la porte du salon, j’eus la satisfaction d’entendre la vieille dame déclamer contre moi auprès de sa bru :

« Juste ciel ! s’écriait-elle, jamais de ma vie… ! elle causera leur mort aussi sûr que… ! Croyez-vous, ma chère, qu’elle soit la personne qu’il faut pour… ? Croyez-moi… »

Je n’en entendis pas davantage ; mais cela suffisait.

La vieille mistress Bloomfield avait été pleine d’attention et très-polie pour moi ; et jusqu’alors je l’avais tenue pour une très-bonne personne, aimant à causer. Elle venait souvent à moi et me parlait en confidence, agitant sa tête et gesticulant des mains et des yeux comme une certaine classe de vieilles ladies ont coutume de faire, quoique je n’en aie jamais vu pousser cette particularité aussi loin. Il lui arrivait même de me témoigner sa sympathie pour la peine que me donnaient les enfants, et d’exprimer parfois, par quelques mots émaillés de signes de tête et de clignements d’yeux, un blâme sur la conduite peu judicieuse de leur mère, restreignant ainsi mon pouvoir et négligeant de me prêter l’appui de son autorité. Une telle façon de faire voir sa désapprobation n’était pas trop de mon goût, et généralement je refusais de comprendre autre chose que ce qui m’était exprimé clairement ; du moins, je me bornais toujours à lui donner à entendre que, si les choses étaient autrement ordonnées, ma tâche serait moins difficile, et que je serais mieux à même de guider et d’instruire mes jeunes élèves. Mais, cette fois, il me fallait être doublement prudente. Auparavant, quoique je visse que la vieille lady avait des défauts (dont le principal était son penchant à se proclamer parfaite), j’avais toujours cherché à les excuser, à la gratifier des vertus dont elle se parait, et même à lui en imaginer dont elle ne parlait pas. La bienveillance à laquelle j’avais été accoutumée depuis tant d’années m’avait été si entièrement refusée depuis ma sortie de la maison paternelle, que j’en saluais avec la joie la plus reconnaissante le moindre semblant. Il n’est donc pas étonnant que mon cœur affectionnât la vieille lady, qu’il se réjouît à son approche et regrettât son départ.

Mais maintenant, les quelques mots que j’avais heureusement ou malheureusement entendus en passant avaient complétement changé mes idées sur elle. Maintenant, je la considérais comme une hypocrite et une dissimulée, une flatteuse, une espionne de mes paroles et de mes actes. Sans doute, il eût été de mon intérêt de l’accueillir avec le même sourire, avec la même cordialité respectueuse qu’auparavant ; mais je ne le pouvais pas, l’eussé-je voulu. Mes manières s’altérèrent avec mes sentiments, et devinrent si froides et si réservées qu’elle ne pouvait manquer de s’en apercevoir. Elle s’en aperçut bientôt, et ses manières changèrent aussi : le signe de tête familier devint un salut roide, le gracieux sourire fit place à un regard de Gorgone ; sa loquacité m’abandonna tout à fait pour « le petit garçon et la petite fille chéris, » qu’elle se mit à flatter et à gâter plus que leur mère n’avait jamais fait.

Je confesse que je fus un peu troublée à ce changement : je craignais les conséquences de son déplaisir ; je fis même quelques efforts pour regagner le terrain que j’avais perdu, et avec plus de succès apparent que je n’eusse pu l’espérer. Une fois, comme par pure civilité, je m’informai de sa toux ; immédiatement son long visage s’illumina d’un sourire, et elle me raconta l’histoire de cette infirmité et des autres, histoire suivie du récit de sa pieuse résignation, dans ce style emphatique et déclamatoire que la plume ne peut rendre.

« Mais il y a un remède pour tout, ma chère, c’est la résignation (un mouvement de tête), la résignation à la volonté du ciel (élévation des mains et des yeux). Elle m’a toujours soutenue dans mes épreuves, et elle me soutiendra toujours (suite de mouvements de tête). Tout le monde n’en peut dire autant (mouvement de tête) ; mais je suis une de ces pieuses personnes, miss Grey (mouvement de tête très-significatif) ; et grâce au ciel, je l’ai toujours été, et je m’en fais gloire ! (joignant les mains avec ferveur). » Et avec plusieurs textes de l’Écriture, mal cités ou mal appliqués, et des exclamations religieuses si singulières par la façon dont elles étaient dites, sinon par les expressions elles-mêmes, que je ne veux pas les répéter, elle se retira, agitant sa grosse tête très-satisfaite d’elle-même, et me laissant espérer qu’après tout elle était peut-être plutôt faible que méchante.

À sa première visite à Wellwood-House, j’allai jusqu’à exprimer ma joie de lui voir si bonne mine. L’effet fut magique ; mes paroles, qui n’étaient qu’une marque de politesse, furent prises pour un compliment flatteur. Son visage s’illumina, et depuis ce moment elle devint aussi gracieuse, aussi bienveillante qu’on pouvait le désirer, en apparence du moins. D’après ce que je connaissais d’elle, et ce que j’entendais dire par les enfants, je savais que, pour gagner sa cordiale amitié, il me suffisait de prononcer un mot de flatterie toutes les fois que l’occasion s’en présenterait ; mais cela était contre mes principes, et, faute de le faire, je me vis bientôt de nouveau privée de la faveur de la capricieuse vieille dame, et je crois qu’elle me fit secrètement beaucoup de mal.

Elle ne pouvait avoir grande influence contre moi auprès de sa belle-fille, car entre celle-ci et elle il existait une mutuelle aversion, qui se trahissait chez la vieille lady par de secrètes médisances ou par des calomnies ; chez la jeune, par une froideur excessive de manières ; aucune flatterie ne pouvait fondre le mur de glace que mistress Bloomfield avait élevé entre elle et sa belle-mère. Mais celle-ci avait plus de succès auprès de son fils. Pourvu qu’elle pût adoucir son caractère agité, et ne pas l’irriter par les aspérités de son caractère à elle, il écoutait tout ce qu’elle voulait lui dire, et j’ai toute raison de croire qu’elle augmenta considérablement les préventions qu’il avait contre moi. Elle lui disait sans doute que je négligeais honteusement les enfants, et que sa femme même ne veillait pas sur eux comme elle aurait dû le faire ; qu’il fallait qu’il fît lui-même attention à eux, ou qu’ils se perdraient tous.

Ainsi excité, il se donnait fréquemment le souci de les surveiller de la fenêtre pendant leurs jeux ; quelquefois il les suivait à travers le jardin et le parc, et souvent tombait sur eux au moment où ils barbotaient dans la mare défendue, ou parlaient au cocher dans l’écurie, ou se vautraient dans l’ordure au milieu de la cour de la ferme, pendant que je les regardais faire, épuisée par les vains efforts que j’avais faits pour les ramener. Souvent aussi il lui arrivait de se montrer tout à coup dans la salle d’étude au moment des repas, et de les trouver répandant leur lait sur la table et sur eux-mêmes, plongeant leurs doigts dans leur tasse, ou se querellant à propos de leurs aliments comme de petits tigres. Si j’étais tranquille dans ce moment, je favorisais leur conduite désordonnée ; si, ce qui arrivait souvent, j’élevais la voix pour rétablir l’ordre, j’usais de violence et donnais aux petites filles un mauvais exemple par une semblable vulgarité de ton et de langage.

Je me souviens d’une après-midi de printemps, où, à cause de la pluie, ils n’avaient pu sortir. Par quelque bonne fortune inespérée, ils avaient tous achevé leurs devoirs, et pourtant s’abstenaient de descendre pour ennuyer leurs parents, ce qui me déplaisait fort, mais ce que je ne pouvais guère empêcher les jours de pluie, car ils trouvaient en bas de la nouveauté et de l’amusement, surtout lorsqu’il y avait des visiteurs ; dans cette dernière occasion, leur mère, quoiqu’elle me commandât de les retenir dans la salle d’étude, ne les grondait jamais lorsqu’ils la quittaient, et ne se donnait aucune peine pour les renvoyer. Mais ce jour-là ils paraissaient satisfaits de rester, et, ce qui est plus étonnant encore, ils semblaient disposés à jouer ensemble, sans compter sur moi pour leur amusement et sans se quereller. Leur occupation était quelque peu singulière : ils étaient tous assis sur le parquet auprès de la fenêtre, sur un monceau de jouets brisés, ayant devant eux une quantité d’œufs d’oiseaux, ou plutôt de coques d’œufs, car le contenu heureusement en avait été extrait. Ils avaient brisé ces coques et les réduisaient en petits fragments ; à quelle fin, c’est ce que je ne pouvais imaginer ; mais, pendant qu’ils étaient calmes et ne faisaient rien de mal, je ne m’en préoccupais pas, et, dans un sentiment de bien-être inaccoutumé, je me tenais assise devant le feu, faisant les derniers points à la robe de la poupée de Mary-Anne, et me disposant, cela fait, à commencer une lettre à ma mère. Tout à coup la porte s’ouvrit, et la terrible tête de M. Bloomfield regarda à l’intérieur.

« Tout est bien tranquille ici ! que faites-vous donc ? dit-il.

— Pas de mal aujourd’hui, au moins, » pensai-je en moi-même.

Mais il était d’une opinion différente. S’avançant vers la fenêtre et voyant l’occupation des enfants, il s’écria avec humeur :

« Que diable faites-vous donc là ?

— Nous pulvérisons des coques d’œufs, papa, cria Tom.

— Vous osez faire une telle chose, petits démons ? Ne voyez-vous pas dans quel état vous mettez le tapis ? (Le tapis était en droguet brun et tout à fait commun.) Miss Grey, saviez-vous ce qu’ils faisaient ?

— Oui, monsieur.

— Vous le saviez !

— Oui.

— Vous le saviez ! et vous étiez là assise et les laissiez faire, sans un mot de reproche !

— Je ne pensais pas qu’ils fissent du mal.

— Du mal ! mais regardez donc, jetez les yeux sur ce tapis et voyez. A-t-on jamais vu pareille chose dans une maison chrétienne ? Ne dirait-on pas que les porcs ont séjourné dans cette chambre, et quoi d’étonnant que vos élèves soient sales comme de petits porcs ? Oh ! je le déclare, je suis à bout de patience ! »

Puis il partit, fermant la porte avec un fracas qui fit rire les enfants.

« Je suis à bout de patience aussi, moi, » murmurai-je en me levant ; puis, saisissant le fourgon, je le lançai dans les charbons à plusieurs reprises, les retournant avec une énergie inaccoutumée, et donnant carrière à mon irritation sous prétexte de tisonner le feu.

À partir de ce jour, M. Bloomfield venait continuellement voir si la salle d’étude était en bon ordre ; et, comme les enfants jonchaient continuellement le parquet avec des fragments de joujoux, des bâtons, des feuilles et autres débris, que je ne pouvais les empêcher d’apporter ou les obliger de ramasser, et que les domestiques ne voulaient pas enlever, il me fallait passer une grande partie de mes moments de loisir à genoux sur le tapis, occupée à remettre péniblement les choses en ordre. Une fois, je leur dis qu’ils ne goûteraient pas à leur collation avant d’avoir ramassé tout ce qu’ils avaient répandu sur le tapis : Fanny devait en ramasser une certaine quantité ; Mary-Anne le double, et Tom devait enlever le reste. Chose étonnante, les filles firent leur part ; mais Tom se mit dans une telle fureur qu’il s’élança vers la table, jeta le pain et le lait par terre, frappa ses sœurs, essaya de renverser la table et les chaises, et semblait disposé à saccager la chambre. Je le saisis, et, envoyant Mary-Anne chercher sa maman, je le tins en dépit de ses coups de pieds, de ses coups de poing, de ses hurlements et de ses malédictions, jusqu’à l’arrivée de mistress Bloomfield.

« De quoi s’agit-il ? » dit-elle.

Et, lorsque la chose lui eut été expliquée, tout ce qu’elle fit fut d’envoyer chercher la servante pour réparer le désordre et apporter à M. Bloomfield son souper.

« Eh bien ! s’écriait Tom triomphant et la bouche pleine de viande, eh bien ! miss Grey, vous voyez que j’ai eu mon souper malgré vous, et que je n’ai pas ramassé la moindre chose ! »

La seule personne dans la maison qui eût quelque sympathie réelle pour moi était la nourrice, car elle avait souffert les mêmes afflictions, quoique à un moindre degré : comme elle n’avait pas la mission d’enseigner, elle n’était pas responsable de la conduite des enfants confiés à ses soins.

« Oh ! miss Grey ! me disait-elle, combien vous avez de mal avec ces enfants !

— Oui, j’en ai, Betty, et je vois que vous savez ce que c’est.

— Ah ! oui, je le sais ; mais je ne me tourmente pas à propos d’eux comme vous le faites. Et puis, voyez, je leur donne une tape de temps à autre ; pour ce qui est des petits, une bonne fessée par-ci, par-là ; rien n’y fait que cela, comme ils disent. Et pourtant cela me fait perdre ma place.

— Est-ce vrai, Betty ? J’ai, en effet, entendu dire que vous alliez nous quitter.

— Eh ! mon Dieu, oui ! mistress m’a avertie il y a trois semaines. Elle me dit avant Noël que cela arriverait si je continuais à les frapper. Mais il m’était impossible de retenir mes mains. Je ne sais pas comment vous faites, car Mary-Anne est encore une fois plus méchante que ses sœurs ! »