Album de vers/Cueille d’avril : Dea

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CUEILLE D’AVRIL



DEA



Quæ lætificat juventutem meam



LA Poésie impérieuse est mon amante
Très grave et docte aussi parfois, comme les dames
Du temps jadis, et douce et tendre dans ses blâmes ;
Son pas altier traîne en lourds plis sa robe lente
Où luit l’éclat des Fleurs de Lys, comme des flammes.

Je sais un cœur vaillant sous sa gorge royale
Marmoréenne ainsi que l’antique Déesse ;
Je sais l’amour jaloux trop grand pour ma faiblesse
Par quoi je vaux ce que je vaux, hautain et mâle ;
Son cœur et son amour, et qu’Elle est ma maîtresse.

Le rythme de sa voix est ma seule métrique,
Et son pas alterné ma rime nuancée,
Mon idée est ce que j’ai lu dans sa pensée,
Certe, et je n’ai jamais rêvé d’autre amérique
Que de baiser l’or roux de sa tête abaissée.

Je n’ai voulu parmi la vie active et sainte
Que des heures que sa douceur livre à ma joie,
Où longuement je parle, où, pour qu’elle me croie.
Je suis naïf, comme un enfant simple et sans feinte.
Aimant l’obscurité que son aile déploie.

Et je vivrai dans l’ombre, à ses pieds, sans tristesse,
N’ayant d’ambition que de rêver près d’Elle,
Sans redouter pour moi l’avenir infidèle,
Car je n’aurai chanté que pour ma douce hôtesse.
Un vague chant d’amour dans l’ombre de son aile.