Alector/Propos Rompus

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Alton (p. 13-17).

Ces parcelles praemises au premier livre de ce fragment sont certaines pieces de feuilletz, ou entiers, on entrerompus. Lesquelz, par estre mutilez, defaillans et non consequens, n’ont peu estre adaptez en nul lieu ny chapitre de l’oeuvre. Mais toutesfois pour autant qu’ilz semblent bien estre parties appartenantes à la precedence de l’histoire et à quelques passages du suyvant discours d’icelle, il a semblé convenant ne les laisser du tout perir, mais les proposer à l’entrée de l’oeuvre sans chef, pour reste de monstre et enseigne de ce que pouvoit estre au principe.



PROPOS ROMPU,


Semblant appartenir à la generation de l’Hippocentaure.


(...) en la nuée qui, par tresforte impression phantastique et par l’ardeur du desir vehement, luy representoit au vraysemblant l’image, propre forme et figure de la desdaigneuse et superbe Deesse que tant il aimoit, comme ceux qui aiment se forgent des songes et imaginent estre vray en dormant ce qu’ilz ont voulu en veillant. Donc à ceste feincte, estimant au vray, par trop outrecuydée presomption, que celle tresnoble et tresriche dame se fust à son impudique volonté soubmise, en guise d’elle il compressa la vaine nuée, qui, de ceste forcenée compression devenue grosse et enflée outre mesure, quelque temps après avec un terrible bruyt de tonnerre se espartit en reflambante elide et en tresvehemente abondance d’une foudroyante et merveilleuse pluye, non d’orages et d’eaux, mais de corps vivans biformes et difformes, mipartiz de nature humaine et chevalline, au grand esbahissement du monde. Lesquelz incontinent s’elevans sur leurs quatre piedz, et se fians et fortifians en leur redoublée force et legiereté de nature monstrueusement meslée, commençarent à faire violens effors par tout où ilz se trouvoient, mesmement en unes certaines, magnifiques et Royalles nopces de la belle (…)

(...) Après laquelle horrible defaicte de ces monstrueux enfans de l’air, causée pour la trop outrageuse audace de vouloir attanter à ravir l’espouse, et leur mortelle dispersion, ceux qui en petit nombre mis en ropte se peurent sauver prindrent la fuyte en diverses pars, tellement que l’un, elevé par un turbin vehement, monta jusques au Zodiac, un autre nommé Nessus, s’en alla estre passagier au fleuve Even, où depuys il fut occis par le puissant filz d’Alcmena. Un autre aussi de ces monstres chevalhommes, tresfort et robuste, qui se faisoit appeler Monych, s’enfuyt tant loing de ceste sanglante feste qu’il s’en alla cacher en l’obscure forest des hazardz, ainsi appellée pour les hazardeuses adventures qui depuys y furent rencontrées, comme cy après sera declaré plus au long, et là, armé de pavois, d’arc, de flesches et de masse no¸euse, et encore plus de forte vitesse et de sauvage felonnie, exercea en celle forest innombrables cruautez, tant sur les bestes que sur les personnes. Car le tiers jour après qu’il y fut arrivé advint que (...)



AUTRE PROPOS ROMPU,


Appartenant (comme on peut conjecturer) à l’origine du grand Chevalier invisible à l’escu verd, au Gal d’or.


(...) ainsi nommé à cause du Gal hault elevé en son escu verd, du tymbre de mesme et de la creste Rubine dentelée du heaume qu’il portoit. Et fut bisayeul de celluy incomparable en armes Gallehault le Brun, filz de l’invincible Hector le Brun, ainsi nommé pour avoir receu l’ordre de chevalerie du Royal filz de {[tiret|Scaman|der}} {[tiret2|Scaman|der}} Astianax, Prince tresmagnanime, au nom du nompareil preux Hector de Troie, son grand pere, lequel Gallehault le Brun du nom Hectorien acomplit les grandes merveilles d’armes, devant et au temps du Roy Uterpandragon, antecesseur du renommé Artus, Roy de la grand Bretaigne, chef de la table ronde, un des trois preux Chrestiens, tellement que de son siecle, ny long temps après, ne se trouva son pareil, combien que de son sang depuys furent engendrez les tresvaillant Brunor le Noir, dominateur tenant les destroictz de Sorelois en sa subjection, avec la belle Geande son espouse, où tous deux puys après furent occis par le noble et vaillant chevalier Gaulois Tristan de Lionnois, à son grand regret, mais à ce faire contrainct par la necessaire cruauté, en l’observance des jurées costumes barbares du pays. En hayne desquelles, leur noble filz Gallehault, puissant et heureux conquereur, et terreur du Roy Artus et singulier ami du chevalereux Lancelot du Lac (pour l’amour duquel aussi il mourut en douleur), quicta son hereditaire seigneurie et alla conquester les nouvelles et estranges isles Orcades, d’ond il se feit Prince et Roy de trente Royaumes, laissant après sa mort un seul filz nommé Gallehodin, qui peu de temps le survesquit, ains fut tué jeune par mesadventure suspicionnée de trahison. Toutesfois le sang illustré des Galz et Gallehaux Macrobes ne defaillit point en luy, ne la vertu de ses ancestres. Car avant que mourir, auprès de la riviere (...)



AUTRE PROPOS ROMPU.


(...) blanche dame Galatide, dont nasquit Galgalant, bisayeul du grand Phebus, le merveilleux Gaulois, dont de ligne en autre descendit Giron le courtois, pere du fier Gallmant le blanc, qui d’une lance abbatit tous les chevaliers de la table ronde, et mesme Lancelot et le Roy Artus, puis sinistrement fut occis par Palamedes, le puissant Sarrazin, qui onques ne fust Chrestien, jusques à ce que (...)



Le reste ne se treuve point.