Allumez vos lampes, s’il vous plaît !!!/03

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Texte établi par Association de La Salle, Éditeurs Dussault & Proulx (p. 9-10).

« L’ÉVÉNEMENT », 24 septembre 1920

Action Canadienne vs Action Française


Sous prétexte d’action française, toute une école anglophobe travaille à combattre systématiquement l’enseignement de l’anglais dans les écoles élémentaires de la province de Québec. Voilà le nouvel objet que recherche certaine presse pseudo-catholique, qui sert de camoufflage à un groupe de politiciens dépités. Surveillons cette campagne, il peut en sortir une autre querelle de race, ce qui ravirait l’âme farouche des ennemis des institutions britanniques en Canada.

Les pères de famille canadiens-français qui sont soucieux de l’avenir de leurs enfants, sauront se garder de donner dans les idées rétrogrades ou anti-britanniques d’une secte. Ils savent que la connaissance de la langue anglaise est absolument nécessaire au succès d’un jeune homme sur ce continent, aux neuf dixièmes anglo-saxon. En dépit d’une bonne culture française, trop de jeunes gens souffrent toute leur vie de leur connaissance imparfaite et non suffisante de la langue de la majorité. Ils ne voudront pas s’attirer un jour le reproche d’avoir négligé de donner à leurs héritiers l’une des clefs nécessaires à la carrière de tout homme qui ne veut pas être réellement ou apparemment inférieur dans la lutte pour la vie.

Certaines académies commerciales, dirigées par les Frères des Écoles Chrétiennes, se sont acquis une enviable réputation pour l’enseignement bilingue donné dans leurs cours. Les sujets bien doués, qui sont sortis de ces maisons, ont marché de progrès en progrès dans les affaires, et font honneur à leurs co-nationaux. Précisément, à cette heure où la nationalité a besoin d’argent pour aider à une œuvre éducationelle vitale, c’est sur cette élite de jeunes gens du commerce que l’on compte pour fournir la grosse part des millions nécessaires. Ces braves éducateurs et leurs élèves ressentent vivement les critiques dirigées contre leurs maisons. L’opinion publique saine est avec eux.

À l’action française dont nous parlons et à ceux qui se cachent sous cette amorce, il faut opposer l’action catholique canadienne des pères de famille, qui, en somme, sont les premiers intéressés à l’éducation pratique de leurs enfants. Ceux-ci veulent un avenir de calme, de prospérité, de bonheur pour ceux qu’ils ont mis au monde. Ils veulent, autant que possible, leur aplanir les difficultés du chemin de la vie. Qu’ils donnent une bonne éducation bilingue à leurs fils, et ce sera le plus bel héritage à leur laisser avec la foi de leurs pères.