Almanach des muses 1770/Vers à M. Le François sur quelques critiques
VERS
À M. LE FRANÇOIS
Sur quelques Critiques.
Envain la critique farouche,
Envain l’envie au regard louche
ſur mes écrits diſtillent leur poiſon :
Le François applaudit ; que faut-il davantage ?
la fleur qui plaît au papillon,
ne recherche pas d’autre hommage,
& n’appellera pas outrage,
le mépris forcé du Frélon.
Oui, malgré les cris & le ton
du cenſeur jaloux & ſauvage,
je ſuivrai les erreurs d’un goût vif & volage :
le plaiſir a toujours raiſon[1].
Eſt-il un Art, faut-il un Apollon,
quand on n’écrit que pour le badinage ?
Je ne veux pas me faire un nom ;
j’amuſe les jours du bel âge,
& le cœur eſt mon hélicon.
Je laiſſe au célèbre Voltaire,
je laiffe aux le François la gloire de courir
dans une plus belle carriere :
leur ſort eſt de briller, le mien eſt de jouir.
La jeune & ſenſible Bergere
ne voit dans l’univers que le lit de fougere,
que les Amours deſtinent au plaiſir.
Comment ſe peut-il trouver quelqu’un qui ne rende pas juſtice aux graces, à la légereté & au peu de prétention du petit nombre de vers que Madame la Marquiſe d’Antremont nous a donnés juſqu’à préſent, & qu’on deſire ſi fort de voir s’augmenter tous les jours !
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Vers agréable.