Aller au contenu

Amour, je pren congé de ta menteuse escole

La bibliothèque libre.
Amour, je pren congé de ta menteuse escole
Les Amours, Texte établi par Hugues VaganayGarnier2 (p. 338-339).

LIIII

Amour, je pren congé de ta menteuse escole
Où j’ay perdu l’esprit, la raison et le sens,
Où je me suis trompé, où j’ay gasté mes ans,
Où j’ay mal employé ma jeunesse trop folle.
Malheureux qui se fie en un enfant qui volle,
Qui a l’esprit soudain, les effects inconstans,
Qui moissonne noz fleurs avant nostre printens,
Qui nous paist de creance et d’un songe frivole.

Jeunesse l’alaicta, le sang chaut le nourrit,
Cuider l’ensorcela, paresse le pourrit,
Tout enflé de desseins, de vents et de fumées.
Cassandre me ravit, Marie me tint pris :
Ja grison à la Cour d’une autre je m’espris.
Si elles m’ont aimé, je les ay bien aimées.