Amours, galanteries, intrigues, ruses et crimes des capucins et des religieuses/21

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Tome 2. Chapitre XXI.



CHAPITRE XXI.

Capucinière de la rue St-Honoré.


Accusation contre le frère Grégoire.


Une dispute sérieuse s’étant élevée dans le couvent de la rue St-Honoré, les capucins se battirent ; cela fit une affaire qui fut portée au Parlement ; et il y eut des mémoires qu’on lut avec avidité.

Dans un de ces mémoires, dit un auteur, on accusait frère Grégoire d’avoir fait un enfant à mademoiselle Bras-de-fer, et de l’avoir ensuite mariée à Moutard, cordonnier. On ne disait point si frère Grégoire avait donné lui-même la bénédiction nuptiale à sa maîtresse et à ce pauvre Moutard, avec dispense ; s’il l’a fait, voilà le scandale le plus complet qu’on puisse donner ; il renferme fornication, vol, adultère et sacrilége.

Je dis d’abord fornication, continua l’auteur, puisque Grégoire forniqua avec Madeleine Bras-de-fer, qui n’avait alors que quinze ans.

Je dis vol, puisqu’il donna des tabliers et des rubans à Madeleine, et qu’il est évident qu’il vola le couvent pour les acheter, pour payer le souper, les frais de couche et les mois de nourrice.

Je dis adultère, puisque ce méchant homme continua de coucher avec madame Moutard.

Je dis sacrilége, puisqu’il confessait Madeleine ; et s’il maria lui-même sa maîtresse, figurez vous quel homme c’était que ce frère Grégoire.