Amours et priapées/Arcades ambo
Apparence
Arcades ambo (1869)
ARCADES AMBO
Deux garçons de quinze ans, cœurs à peine entr’ouverts,
Bras dessus bras dessous, et beaux comme des femmes,
L’un aux cheveux dorés, l’autre à l’œil noir de flammes,
S’en allaient, accouplés, sous les feuillages verts.
Sous un vieux chêne, d’où pleuvaient l’extase et l’ombre,
Ils s’assirent, les yeux fixes, et tout songeurs :
L’un riait à demi, l’autre avait le front sombre,
Et le vent caressait leurs rêves voyageurs.
Pareils au blond Narcisse amoureux de lui-même,
D’une fiévreuse main chacun se dit : je t’aime !
Et le lait du plaisir mouilla cet entretien.
Un cri de volupté jaillit de leur poitrine !
— « À qui donc pensais-tu ? » demanda l’un. — « À Dine. »
L’enfant brun répondit : — « Moi, je ne pense à rien. »