Amours et priapées/Coquetterie nocturne
Coquetterie nocturne (1869)
COQUETTERIE NOCTURNE
Tout repose, tout dort. Seule, Saphica veille.
Écartant ses cheveux avec ses jolis doigts,
Guette-t-elle l’espoir d’une lointaine voix ?
Aux plaintes de la nuit prête-t-elle l’oreille ?
Non, les heures vont vite, et la terre sommeille.
Un souvenir d’amour, d’hier ou d’autrefois,
Semble errer sur sa bouche et sourire à la fois,
Comme autour d’une fleur joue une blonde abeille.
Elle quitte son lit, et court à sa psyché,
Se balance, coquette, et de l’œil se câline,
Comme cet enfant grec qui sur les flots s’incline.
Son front, qu’elle étudie, avec art est penché ;
Pour des combats nouveaux renouvelant ses armes,
Elle essaie au miroir la force de ses charmes.