Amours et priapées/II. Le Bosphore

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Amours et priapéesPoulet-Malassis (p. 67-68).


II

LE BOSPHORE


— « Viens ; sous ces orangers fuyons l’ardeur du jour,
Dit la sultane émue ; esclave que j’adore,
Je connais des plaisirs qui te restent encore ;
Le maître est à la guerre, et je languis d’amour.

» Tes deux yeux sont de jais, ta poitrine est d’ivoire,
Et souvent, je l’ai vu, ta bouche m’a souri ;
Je veux te dévoiler mes beautés de péri,
Et t’ouvrir un calice où tes lèvres vont boire. »


Ali s’étonne, et suit sous les bosquets en fleur.
Il sent dans un baiser se perdre sa douleur,
Pendant que sous sa langue elle meurt et se pâme.

Ibnah les épiait : l’alkovan sur les flots
Entendit, vers le soir, deux cris sourds, deux sanglots…
Le Bosphore implacable avait puni leur flamme.