Anecdotes pour servir à l’histoire secrète des Ebugors. Statuts des sodomites au XVIIe siècle./III/02

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Texte établi par Jean HervezBibliothèque des curieux (éditions Briffaut) (p. 42-44).

Bandeau de début de chapitre
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CHAPITRE II

MANIFESTE DES EBUGORS CONTRE
LES CYTHÉRÉENNES


Separateur-7-Vaguelettes orienté haut
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« Personne n’ignore à quel haut degré de puissance sont parvenues les Cythéréennes ; cette ambitieuse Nation s’est toujours persuadée que les hommes sont faits pour être ses esclaves. Tous les jours on la voit s’agrandir par de nouvelles conquêtes ; il semble qu’elle aspire à la Monarchie universelle, mais c’est moins à son courage qu’à la faiblesse de ses adversaires qu’elle est redevable de ses succès, car les Cythéréennes n’ont qu’à se montrer pour remporter la victoire. Un seul de leurs regards suffit pour terrasser l’ennemi, qui, après sa défaite, se voit condamné à un honteux esclavage. La perte de sa liberté n’est pas le seul des maux qu’il ait à souffrir ; il faut encore essuyer les caprices de ces impérieux tyrans, exécuter sans délai leurs ordres les plus injustes, baiser même avec respect les fers sous le poids desquels ils vous accablent. Ce n’est qu’après avoir sacrifié la meilleure partie de leurs biens que les captifs peuvent rompre leurs chaînes, ou lorsque la délicatesse de leur complexion ou les infirmités de la vieillesse les mettent hors d’état de supporter les travaux auxquels ils sont condamnés. Malgré des traitements si durs, personne ne fait des efforts pour se soustraire à cette affreuse tyrannie. L’amour que nous portons à nos semblables nous oblige de prendre les armes en leur faveur. C’est à nous de secourir des malheureux qui n’ont pour toute nourriture que des soupirs et des larmes, que les soucis et les inquiétudes empêchent de goûter les douceurs du sommeil ; dont les corps faibles et abattus sont un indice certain des rigueurs qu’on exerce à leur égard ; il faudrait être insensé pour n’être pas touché à la vue d’un tel spectacle. Peut-on manquer d’approuver notre conduite quand on saura les louables motifs qui nous déterminent à déclarer la guerre ? Il est de notre intérêt comme de notre gloire de détruire une Nation qui ne cherche à assujettir les hommes que pour les rendre misérables. »

Les Cythéréennes, dont ce n’est pas la coutume de demeurer sans réplique, répandirent aussi de leur côté un manifeste détaillé dont voici le contenu :


Vignette de fin de chapitre
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