Anecdotes pour servir à l’histoire secrète des Ebugors (éd. 1733)/24

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CHAPITRE XXIV. ET DERNIER.


Les Ebugors levent le ſiége & font Traicté
avec les Cythéréennes.



Cythére ſe trouvoit ſerrée de fort prés, comme on vient de le voir cy deſſus, il n’y avoit guéres d’apparençe qu’elle pût réſiſter davantage. Déja même on ſongeoit á ſe rendre, lors qu’on apperçût de loin une puiſſante Armée d’Omineſſes qui venoit au ſecours des Cythéréennes. Ces braves Amazones jouérent autre fois un grand rôle dans le monde ſous le commendement de Phoſa. Aprés la mort de cette illuſtre Générale, leur Empire étoit tombé en décadence ; Mais il commence á reprendre un nouvel éclât. Les Omineſſes n’ont pour toute arme qu’un Chémidoge ; C’eſt une eſpéce d’epée fort courte dont elles ſe ſervent trés avantageuſement. Rien ne peut égaler l’averſion qu’elles ont pour tous les hommes. Leur Gouvernement eſt á peu prés ſemblable á celui des Ebugors. Elles ont beaucoup de penchant pour les Cythéréennes quoi que les loix & les coutumes de ces deux Nations ſoient bien différentes. C’eſt á cette inclination que les Aſſiégées furent redevables de leur ſalut. Sans ce Secours, qui vint ſi á propos, C’en étoit fait de Cythére. Il ſeroit difficile d’exprimer quelle fût la conſternation des Aſſiégeans quand ils virent qu’on venoit leur arracher leur proyë. On aſſembla de rechéf le conſeil dont le réſultat fût qu’il falloit porter des propoſitions de paix, & conclure un Traité dans le quel on ménageroit, autant qu’il ſeroit poſſible l’honneur des Alliez. Pluſieurs d’entre les Cythéréennes ne vouloient entendre parler d’aucun accommodement & étoient d’avis qu’on devoit profiter des circonſtances préſentes pour écraſer entierrement l’ennemi. Mais les plus modérés jugérent qu’il ſuffiſoit á leur honneur de faire une paix glorieuſe qui les mit pour toujours á couvert des inſultes de leurs adverſaires. Voici quelles furent les articles de ce fameux Traité.