Anna Rose-Tree/Lettre 42

La bibliothèque libre.
Veuve Duchesne (p. 213-214).


XLIIme LETTRE.

Mylady Ridge,
à Miſtreſs Goodness ;
à Londres.


Malgré vos promeſſes & mes doutes, je ne vois pas, Miſtreſs, que les choſes changent de face. L’état de Fanny devient tous les jours plus viſible, & perſonne ne ſe préſente pour l’épouſer. “ Soyez tranquille, Mylady, m’avez-vous dit à mon départ de Londres, vous n’aurez que l’embarras du choix. Celui qui a fait le mal le réparera, j’en ſuis ſûre ; je le verrai il eſt de mes Amis. Je lui ferai bien ſentir qu’on ne déshonore pas une Fille de qualité : il reviendra à Fanny. En outre, je vais écrire à Mylord Clarck, j’ai des moyens pour le dégoûter de cette Émilie dont il raffole. Avant deux mois je le conduirai moi-même aux pieds de votre charmante Fille ; fiez-vous à mes ſoins „ Je vous ai crue, Miſtreſs, & je m’imagine que vous n’avez pas à vous plaindre de mes généroſités. Cependant je n’entends parler ni de Buckingham ni de Clarck, ni même de vous. Expliquez-moi les raiſons de ce ſilence. Je ne vous accuſe point encore de m’avoir trompée ; je pourrois pourtant concevoir quelques doutes : faites-les ceſſer, & comptez que je ne mettrai pas de bornes à ma reconnoiſſance ; mais dans le cas contraire, craignez tout de mon reſſentiment : c’eſt dans ce ſentiment que je ſuis votre Servante


Eugénie Ridge.
De Raimbow, ce … 17