Annales de pomologie belge et étrangère/Cerise Bigarreau monstrueux de Mezel

La bibliothèque libre.


Cerise Bigarreau monstrueux de Mezel

Bigarreau monstrueux de Mezel.

Cerise Bigarreau monstrueux de Mezel.


Le Bulletin de la Société d’horticulture de Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme) a décrit et figuré sous ce nom, en 1846, un Bigarreau qui mérite d’occuper une place parmi nos fruits d’été.

Ce Bigarreau n’est pas un fruit nouveau, mais un fruit négligé, oublié depuis trente ans, dans une vigne à Mezel, près de Clermont, et qui sans l’institution de la Société d’horticulture de cette ville, serait resté ignoré jusqu’à sa mort ; son nom veut dire, sans doute, qu’il est le plus gros des Bigarreaux connus. Les commissaires chargés d’aller en prendre connaissance, ont constaté que onze de ces fruits pesaient un hectogramme, ce qui donne cent dix fruits pour un kilogramme. Sa qualité est reconnue excellente et son noyau a été trouvé petit, ce qui est aussi une qualité. Sa maturité arrive dans la première quinzaine de juillet ; alors on en trouve de brun foncé, de rouge, de rose, etc., etc.

Le Bigarreau de Mezel est un arbre vigoureux et fertile, qui se distingue facilement de ses congénères, par son facies. Ses jeunes rameaux sont gros, assez longs, gris, nuancés de brun-roux et ponctués de petites lenticelles fauves, arrondies et proéminentes ; ils ont une grande propension à l’inclinaison, et il faut surveiller les écussons dès l’instant de leur pousse, sans quoi celle-ci s’avance horizontalement et il est ensuite difficile de la ramener à la ligne verticale sans former à sa base un coude très-disgracieux. Ses feuilles sont amples, minces, ovales-lancéolées, pointues ; leur dentelure est irrégulière et peu profonde ; elles sont glabres en dessus et poilues en dessous, d’un vert tendre, et très-sujettes à jaunir ou à se tacher quand elles sont exposées à un soleil trop ardent ou à des pluies continues ; leur longueur varie de 15 à 22 centimètres et leur largeur de sept à dix. Le pétiole qui les supporte est gros, profondément canaliculé, vert clair et lisse en dessous, rouge pourpre et poilu en dessus, long de 4 à 5 centimètres ; on remarque de chaque côté de la cannelure et près de la lame, une forte glande, ovale, déprimée, et ordinairement concave, rouge pourpre.

Les stipules, larges, crénelées et teintes en rose à leur base sont ensuite linéaires et vertes.

Le fruit, très-gros, aussi large que haut, mesure 22 à 30 millimètres, il est sensiblement rétréci vers son sommet et aplati de deux côtés ; il est parfois légèrement cordiforme, mesurant 35 millimètres en hauteur et 32 en largeur. La peau est très-luisante, assez épaisse et très-adhérente à la chair ; d’abord d’un rose pâle panaché de rouge, elle passe au rouge noir panaché de pourpre foncé lors de la maturité. Le point pistillaire est petit, rond, roux et proéminent ; la couture est superficielle ; le pédoncule, long de 5 à 6 centimètres, est grêle, placé dans une cavité large et arrondie. La chair est ferme, succulente, d’une saveur douce, sucrée, très-bonne, ressemblant à celle du Bigarreau noir, mais plus relevée.

Le noyau est petit, ovale, il mesure 13 millimètres en hauteur et 9 en largeur ; ses joues sont lisses, convexes, les arrêtes dorsales, obtuses ou légèrement tranchantes, sont séparées par un sillon large et profond.

Le Bigarreau monstrueux de Mezel est un excellent fruit ; c’est aussi une bonne acquisition dont nous sommes redevables à M. Ligier de la Prade, amateur de fruits, qui l’a fait connaître à la Société d’horticulture de Clermont-Ferrand. L’époque de sa maturité est de quinze jours plus tardive ici qu’en France ; elle commence vers la mi-juillet et les derniers fruits sont mûrs au commencement du mois d’août.

Alexandre Bivort.