Annales de pomologie belge et étrangère/Chasselas de Fontainebleau

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Chasselas de Fontainebleau.

Synonymies : — Chasselas commun, Chasselas de Thomery, Chasselas doré, Raisin de Champagne ; à Montpellier : Raisin d’officier.

C’est partout le raisin le plus cultivé et le plus estimé pour la table. Duhamel lui avait encore donné pour synonyme Chasselas de Bar-sur-Aube ; mais cette dernière variété s’en distingue par plus de précocité et par des caractères assez remarquables, que nous ferons connaître plus tard, quand nous la décrirons.

Les Parisiens connaissent le mérite du Chasselas de Fontainebleau, pour lequel ils ont un véritable engouement : non-seulement il faut que tous en mangent, mais ils croiraient ne pas avoir rempli leurs devoirs de bons parents ou d’amis, s’ils n’envoyaient aux absents les prémices de la cueillette de Fontainebleau.

Ce Chasselas a les sarments minces, les mérithalles rapprochés, les gemmes assez gros ; les feuilles moyennes, à cinq lobes, profondément dentées, d’un vert ordinaire ; les grappes d’un volume très-variable, généralement grosses, allongées et lâches ; les grains ronds, de grosseur inégale, d’un vert-clair transparent, plus ou moins dorés du côté du soleil. Ceux-ci contiennent un à quatre pepins, ce qui indique le degré d’ancienneté de la variété : plus elle est ancienne, moins il y a de pepins ; la pulpe est verdâtre, gélatineuse et sucrée.

Cette variété, qui est de toute première qualité[1], exige chez nous l’espalier au midi, où la forme en palmette ou à la Thomery lui convient le mieux. Elle est tout à fait digne de la dépense de châssis mobiles, pour amener le raisin à maturité complète et pour assurer sa conservation. Les grappes les plus propres à être conservées, sont celles qui, quoique mûres, ont été peu dorées par le soleil, dont les rayons altèrent la pellicule, si elle reste trop longtemps soumise à leur action. Elles doivent être cueillies par un temps sec ; on choisit celles à grains les moins serrés et qui ont été ciselés. Cette dernière opération consiste à éclaircir les grappes avec des ciseaux, quand les grains se touchent ou sont trop agglomérés au moment où ils n’ont que le tiers de leur développement. Ainsi épluchées et saines, elles doivent être suspendues, par le petit bout, dans un fruitier convenable, sec et dont la température est la plus égale possible.

L. de Bavay.

  1. Il n’y a pas de fruit qui, autant que le raisin, ait besoin d’être mûr pour être bon. Ainsi, dans la désignation des qualités, nous supposons une maturité complète.