Annales de pomologie belge et étrangère/Nécrologie de Nicolas-Joseph Prévost

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Nécrologie.


La Commission royale de Pomologie a fait une perte regrettable en la personne de M.  Nicolas-Joseph Prévost (de Rouen), l’un de ses membres correspondants.

M.  Prévost, différant en cela de la plupart de nos confrères, ne s’occupait pas d’agriculture et de pomologie à ses moments perdus. Il était exclusivement agriculteur et pomologue. Il n’avait fait aucune espèce d’études littéraires, et les connaissances profondes en arboriculture et en pomologie qu’il devait à ses études persévérantes, à sa longue pratique et à son esprit d’observation y suppléaient si bien qu’il a publié sur la physiologie végétale, sur la botanique rurale, l’arboriculture et la floriculture, des écrits estimés qui lui ont ouvert les portes d’un grand nombre de sociétés savantes.

M.  Prévost était né à Rouen le 27 septembre 1787. Dès son enfance, il aidait dans les travaux de sa profession son père qui était jardinier-pépiniériste et agent voyer du canton de Bois-Guillaume. Il succéda à son père, dont il avait été l’élève et l’associé, et bientôt il donna à son établissement une notoriété qu’il n’avait pas eue jusque-là. Il s’acquit, par ses dessins de parcs et de jardins, une véritable célébrité. Nommé professeur de culture à l’école départementale d’agriculture et d’économie rurale de la Seine-Inférieure et à l’école communale de la ville de Rouen, il apporta dans son enseignement cette parfaite lucidité qui est le cachet de la vraie science. Il avait cette sérénité d’âme, cette bonté de cœur qui semblent être l’apanage des personnes ardemment vouées à l’étude et au travail. Aussi jouissait-il de l’estime de tous, et ses concitoyens l’avaient-ils comblé de toutes ces distinctions dont ils peuvent disposer par l’élection. Il était membre du conseil communal de Bois-Guillaume, chef de bataillon de la garde nationale, membre de l’Académie impériale des sciences, belles-lettres et arts de Rouen, président du Cercle pratique d’horticulture et de botanique dont il avait été le fondateur. Sa mort a été considérée comme une perte irréparable pour le département de la Seine-Inférieure où ses écrits et ses leçons ont exercé une grande influence sur les progrès de l’agriculture et de l’horticulture. Les discours prononcés sur sa tombe au nom de l’Académie de Rouen, du Cercle pratique d’horticulture et de botanique de la Seine-Inférieure et de l’administration communale de Bois-Guillaume, ont payé un légitime tribut de regrets aux services et aux talents de l’agriculteur, aux qualités estimables de l’homme privé.

Puissent ces hommages mérités être une consolation pour sa veuve et sa fille si cruellement frappées dans leurs plus chères affections !

Laurent de Bavay[1].

  1. Ces lignes sont les dernières qu’ait écrites M.  Laurent de Bavay. Sa dernière pensée a été un hommage rendu à la mémoire d’un confrère, un adoucissement à la douleur de sa famille. Il venait de terminer cet article, lorsque, frappé comme par un coup de foudre, il a lui-même payé son tribut à la nature, et ce que ni lui ni personne n’eût pu prévoir, sa propre notice nécrologique suit immédiatement celle qu’il a écrite pour vanter en M.  Prévost des talents, des qualités qu’il possédait lui-même.
    (Note de la Rédaction.).