Annales de pomologie belge et étrangère/Poire Émile d’Heyst

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Poire Émile d’Heyst.


(Spécimen récolté sur pyramide.)

Le major Espérin, de Malines, obtint ce bel et bon fruit en 1847, et lui donna le nom de l’un des fils de M. Berkmans, pomologue distingué, alors propriétaire à Heyst-op-den-Berg, et aujourd’hui établi dans l’État de New-Jersey (États-Unis), d’où il nous transmet d’utiles renseignements, avec un zèle que nous ne saurions assez reconnaître.

La poire Émile d’Heyst est d’un très-beau volume ; elle atteint jusqu’à 10 à 11 centimètres de haut, sur 6 à 7 de diamètre vers son milieu : sa forme est irrégulièrement pyramidale, obtuse et rétrécie vers les deux bouts, renflée au milieu, parfois calebassiforme ; la couleur de la peau, vert-clair, disparaît presque entièrement, tant elle est marbrée et tachetée de fauve et de rouille.

Le pédoncule est grêle, ligneux, légèrement arqué, brun, long de 25 millimètres environ, implanté presque à fleur du fruit, et souvent incliné d’un côté par l’effet d’une légère gibbosité.

Le calice se trouve au milieu d’une cavité peu profonde et irrégulière ; ses divisions sont brunes ou noirâtres.

La chair est d’un blanc tirant sur le vert, fine, fondante, beurrée ; l’eau abondante, sucrée, vineuse, un peu acidulée, relevée d’un parfum agréable.

Le trognon est petit ; les loges sont étroites et renferment des pepins ovales, allongés, brun-marron, parfois avortés, mais toujours assez petits.

La maturité de cette poire commence au mois de novembre ; elle se perfectionne lentement au fruitier, et s’y conserve longtemps. Nous l’avons dégustée dans toute sa perfection le 23 décembre 1855, et rien n’annonçait encore une détérioration ou un excès de maturité ; malheureusement je n’en possédais alors qu’un très-petit nombre d’exemplaires, produits d’une jeune pyramide, sur coignassier, et il nous a été impossible de déterminer les limites de sa conservation. À défaut d’un arbre suffisamment développé, nous avons recours à la description due à notre collègue, M. Bivort, d’après la plante-mère de cette variété.

« L’Émile d’Heyst est un arbre d’une vigueur moyenne, à rameaux épineux, diffus, en partie droits, en partie horizontaux, et présentant assez l’aspect d’une Bergamote de la Pentecôte ; feuillage petit et épais, tronc écailleux et rugueux, grisâtre.

» Branches à fruits assez gros, courts, rugueux, gris ; supports moyens, gris, ridés.

» Bourgeons à fruits petits, ovales, pointus, brun-clair ombré de marron.

» Jeunes rameaux courts, grêles, droits, striés, cotonneux dans leur jeunesse ; épiderme jaune-noisette, légèrement lavé de roux au soleil, verdâtre à l’ombre, ponctué de petites lenticelles rousses, ovales, irrégulièrement distribuées.

» Gemmes triangulaires, déprimés, pointus, saillants, portés sur un renflement notable, brun-clair ombré de marron et nuancé de rouge.

» Mérithalles courts et inégaux.

» Feuilles minces, petites, ovales, pointues, finement serretées, vert-foncé, à bords légèrement relevés en gouttière, mesurant 65 millimètres en longueur, et 35 en largeur.

» Pétiole grêle, légèrement cannelé, vert-glauque nuancé de rouge, long de 35 millimètres.

» Feuilles des lambourdes ovales lancéolées, longues de 93 millimètres, larges de 45 ; leur pétiole, long de 65 millimètres, est gros, vert-clair.

» Stipules filiformes.

» Les jeunes sujets greffés de l’Émile perdent leurs épines, mais conservent la forme de l’arbre-mère ; leurs feuilles sont un peu plus amples et plus épaisses ; une différence notable c’est que l’épiderme du rameau à bois est ponctué de lenticelles grandes, arrondies et fortement proéminentes, tandis qu’elles sont presque nulles sur l’arbre-mère. »

A. Royer.