Annales de pomologie belge et étrangère/Poire Beau-présent d’été

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Poire Beau-présent d’été.

Synonymies : Épargne, Saint-Samson, Cueillette, Grosse cuisse-madame, Jargonelle des Anglais.

(Spécimens récoltés sur pyramide.)

Nos ancêtres cultivaient un grand nombre de poires d’été, dont la plupart ont disparu des cultures modernes, à cause de leur insignifiance ou de leur mauvaise qualité. Parmi les variétés qui ont survécu à cet abandon presque général, l’Épargne ou Beau-Présent occupe un rang distingué ; elle se voit encore dans beaucoup de jardins et nul ne la trouve déplacée dans les desserts du mois d’août, à côté des pêches, des abricots et des Reine-Claude.

Nous croyons cette poire d’origine française ; cependant les écrivains du xviie siècle, qui l’ont mentionnée les premiers, se taisent sur cette circonstance. Duhamel n’en parle pas davantage ; il se borne à la décrire et à la recommander comme une des plus belles et des meilleures de la saison. Elle mérite, en outre, d’être cultivée à cause de sa fertilité dans toute espèce de situation, de forme et de terrain ; nous l’avons vue donner de beaux et bons produits à toutes les expositions, même au nord.

Ce fruit est très-allongé, renflé vers le milieu ; sa peau est verte, elle jaunit légèrement à la maturité, prend quelquefois un peu de rouge du côté du soleil, et est souvent marbrée de fauve. La queue est grosse, assez longue, placée à fleur du fruit, sans cavité, mais souvent accompagnée d’un renflement.

L’ombilic, de grosseur médiocre, est placé dans une cavité peu profonde, légèrement bosselée. La chair est fondante, suffisamment sucrée et relevée d’un aigrelet agréable et très-fin.

Le seul reproche qu’on puisse faire à cet excellent fruit, au centre duquel on trouve souvent quelques concrétions pierreuses, c’est de passer trop vite. Ce défaut lui est commun d’ailleurs avec les autres variétés d’été.

La maturité de l’Épargne ou Beau-Présent a lieu au mois d’août ; dans une partie de la France, elle arrive en juillet. Comme toutes les poires d’été et d’automne, il convient de la cueillir quelques jours avant qu’elle soit complètement mûre, parce qu’elle s’améliore au fruitier ; mais, pour la consommer, on ne doit pas attendre qu’elle jaunisse.

L’arbre, très-vigoureux, se met promptement à fruit ; il réussit sur franc et sur coignassier ; mais il se forme mal ; ses rameaux divergent de toute part, et il est assez difficile de lui donner une forme régulière. Le bourgeon est gros, gris du côté de l’ombre, teint de roux du côté du soleil. Les rameaux s’allongent beaucoup et sont arqués vers l’extrémité. Le bouton est pointu et assez gros. La fleur est une des plus grandes qui existent dans le genre poirier ; ses pétales sont creusés en cuiller. Les feuilles sont grandes, finement dentées et la plupart presque rondes ; elles sont portées sur un pédicule assez long et se soutiennent mal.

Une plus ample description serait inutile, car le facies de cet arbre est des plus reconnaissables aux yeux des amateurs.

A. Royer.