Annales de pomologie belge et étrangère/Poire Bon-Chrétien William’s

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BON-CHRÉTIEN WILLIAM’S.

Poire Bon-Chrétien William’s.

Synonymies : Bartlett de Boston, Barnet’s William, Bon-Chrétien Barnet, William’s pear, Delavault.

(Spécimen récolté sur pyramide.)

Cette bien bonne poire est regardée, avec raison, comme la première de toutes les poires d’été. Sa beauté, sa grosseur et ses excellentes qualités confirment bien cette prééminence.

L’arbre est des plus fertiles et produit presque sans alternat ; il est originaire du Berkshire, en Angleterre, où il fut connu vers 1770 et propagé par un horticulteur de Londres du nom de William.

D’après le pomologue Downing, elle fut introduite en Amérique en 1799, sans nom d’auteur et ayant été cultivée et répandue dans ce pays par M. Enoch Bartlett de Dochester, près de Boston ; elle fut dès cette époque généralement connue sous le nom de son introducteur, nom dont il serait impossible de la déposséder aux États-Unis. Il paraît, s’il faut en croire ce pomologue, que cette poire se comporte admirablement bien dans cette contrée, et surpasse en qualité les mêmes fruits récoltés en Europe.

Nous la trouvons mentionnée, pour la première fois, en Belgique, sous le nom de Poire d’Angleterre, dans le supplément à la première série du Catalogue de Van Mons, qui a paru en 1823 ; elle y est classée sous le n° 23, qui est aussi le numéro que portait, sans doute par erreur, la Poire Delavault, dont l’identité avec la William’s est maintenant bien reconnue.

Le fruit est gros ou très-gros, assez variable dans sa forme, qui est parfois ovoïde, parfois, mais plus rarement, arrondie, et le plus souvent pyriforme-pyramidal. Il est bosselé et un peu côté, principalement vers le calice et le pédoncule ; sa hauteur est de 10 à 12 centimètres, et son diamètre de 8 à 9. L’épiderme mince, vert-herbacé, passe au jaune d’or à l’époque de la maturité du fruit ; il est finement ponctué de roux, ombré de brun-clair autour du pédoncule et du calice, et parfois légèrement coloré du côté du soleil. Ceci a ordinairement lieu lorsqu’il est greffé sur coignassier. Le pédoncule, assez gros, ligneux, brun, long de 15 à 20 millimètres, est implanté un peu obliquement dans une cavité plus ou moins profonde et bosselée. Le calice, couronné, ouvert, assez régulier, est placé presque à fleur du fruit et quelquefois dans une cavité légère, bosselée et côtelée ; ses divisions sont raides, gris-brun, parfois caduques. La chair est blanche, fine, fondante, demi-beurrée ; son eau est assez abondante, sucrée, d’un parfum des plus prononcés et même un peu musqué, quand la maturité n’est pas trop avancée.

Ce bel et excellent fruit mûrit en Belgique dans la première quinzaine de septembre. Il annonce sa maturité par son changement de coloris et par l’odeur qu’il exhale. Nous conseillons beaucoup, afin d’augmenter la finesse de sa chair et de prolonger la durée de sa conservation, de ne pas le laisser mûrir sur l’arbre, mais bien de le cueillir huit jours avant sa maturité.

Arbre d’un aspect distingué, assez vigoureux et des plus fertiles, qu’il convient de cultiver en pyramide sur franc plutôt que sur coignassier, sujet sur lequel il s’épuise promptement, si l’on n’a la précaution de tailler court. Ses branches à fruit sont moyennes, gris-brun.

Les supports sont gros, courts, ridés et gris à leur base ; renflés, lisses et bruns à leur sommet.

Les boutons à fleur sont moyens, ovales, pointus, brun-clair nuancé de brun-noir.

Les jeunes rameaux sont gros, généralement courts, cotonneux vers leur sommet, flexueux et striés. L’épiderme, gris-verdâtre à l’ombre, jaune-noisette ombré de rouge-brun au soleil, est ponctué de petites lenticelles grises, rondes ou ovales, peu nombreuses et proéminentes.

Le gemme est triangulaire, pointu, brun-noir, lavé de gris, apprimé à sa base, écarté à son sommet et supporté par un renflement notable du bois.

Les mérithalles sont courts.

Les feuilles sont moyennes, épaisses, ovales-pointues ou ovales-lancéolées aiguës, un peu arquées, planes ou à bords latéraux relevés en gouttière et parfois en cuiller ; leur serrature est fine et régulière et leur couleur d’un beau vert-clair.

Le pétiole est gros, canaliculé, vert-clair nuancé de rouge.

Les stipules sont linéaires.

Alexandre Bivort.