Annales de pomologie belge et étrangère/Terret noir

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Raisin Terret noir.

Terret noir.

Synonymes : Terret rouge ; — Terret du pays ; — Terré. — Sous-variétés : Terret bourret ; — Terret blanc ; — Terret coulayre.

C’est l’un des plus anciens cépages cultivés dans le midi de la France, et c’est aussi l’un de ceux qui y étaient le plus répandus. De nos jours, où l’on est assez disposé à sacrifier la qualité à la quantité, on lui préfère pour vignobles, quelques autres variétés qui sont plus productives ; aussi la culture du Terret noir a-t-elle diminué sensiblement depuis quelque temps.

Cette variété est d’une apparence assez chétive ; les sarments sont érigés, peu nombreux, courts, assez faibles, et leur couleur est en hiver d’un rouge-brun clair ; les nœuds sont assez serrés, et les bourgeons recouverts d’un duvet épais.

Les feuilles sont peu nombreuses, presque entières, facilement emportées par le vent, et leurs bords qui ne sont presque pas dentés, se retournent légèrement en dessous ; leur surface généralement plane et parfois un peu verruqueuse, est d’un vert clair en dessus, blanchâtre en dessous ; elles se rouillent facilement, rougissent à l’automne et tombent de bonne heure. Leurs pétioles sont courts et faibles.

Les grappes sont grandes, lâches, généralement ailées, et portées par de longs pédoncules ; elles sont nombreuses et mûrissent également. Les grains sont assez gros, presque ronds, noirs et recouverts d’un duvet fort léger.

Le Terret noir est un peu plus tardif que le Grenache ; il fournit un vin de très-bonne qualité, et entre dans la composition des meilleurs vignobles du midi de la France. De plus, c’est un bon raisin de table, d’une saveur agréable, dont la peau est épaisse, et qui ne pourrit pas facilement. Aussi cette variété est-elle préférée pour la conservation en fruitier ; dans le Midi, en suspendant ses grappes dans un lieu aéré, elles se conservent pendant tout l’hiver, et même fort avant dans l’été.

Nous avons déjà précédemment émis l’opinion que, parmi les nombreuses variétés qui composent nos collections, plusieurs pourraient bien n’être que des formes qui se seraient montrées accidentellement sur d’autres variétés ; ces nouveaux caractères auraient été fixés et propagés ensuite par la greffe ou le bouturage, devenant alors, en apparence, de nouvelles variétés. C’est ainsi que le Terret noir a produit plusieurs formes, parmi lesquelles nous nous bornerons à citer les principales. L’une d’elles désignée sous le nom de Terret-bourret, a été propagée et cultivée en grand dans le Midi ; elle est beaucoup plus fertile que le type, et produit un raisin d’un très-beau rose, qui se conserve aussi très-bien, mais dont le vin qui en résulte est peu coloré, et de qualité inférieure. Une autre forme, moins répandue, est à grains blancs ; aussi l’appelle-t-on Terret blanc, mais elle est peu cultivée, et n’offre d’ailleurs rien de particulier. Enfin, plusieurs autres formes se montrent accidentellement, mais ce sont généralement des dégénérescences que les vignerons s’empressent de faire disparaître au fur et à mesure qu’elles se produisent ; la plus fréquente que l’on remarque surtout dans les plantations les plus anciennes, est désignée sous le nom de Terret-coulayre, parce que les grappes qu’elle produit, coulent beaucoup à l’époque de la floraison.

Ces divers exemples de formes accidentelles se produisant de nos jours, autorisent à supposer qu’il a pu s’en produire d’autres et à différentes époques, depuis que cette variété est cultivée. Or, en admettant ce principe pour le Terret noir, pourquoi ne pas l’admettre également pour les différentes autres variétés cultivées. Dès lors, le nombre des variétés réelles serait infiniment restreint, et les innombrables variétés ou supposées telles qui existent de nos jours, pourraient bien se rapporter à un nombre fort limité de variétés types.

Qu’on nous pardonne cette digression, un peu étrangère à notre sujet ; c’est néanmoins une question intéressante, qui mériterait d’être l’objet d’un examen approfondi que ne comporte pas le cadre de cet ouvrage.

La maturité du Terret noir coïncide avec celle du Chasselas de Fontainebleau.

F. G. Sahut,
Membre correspondant de la Commission royale de Pomologie.