Annales de pomologie belge et étrangère/du Framboisier

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DU FRAMBOISIER

Rubus idæus. — Famille des Rosacées


Le framboisier, qui porte encore aujourd’hui le nom de ronce du mont Ida, où il se trouvait en abondance, a été connu pendant bien longtemps sans que ses fruits, abandonnés aux habitants des campagnes et aux écoliers en expédition buissonnière, fussent employés aux usages de la table. Ce n’est qu’au xviie siècle qu’on l’a introduit dans les jardins des montagnes des Alpes et du Dauphiné, où il croît naturellement, et qu’on en a obtenu de bons fruits qui n’ont pas été connus des anciens.

La framboise, dont l’arôme est particulier et fort agréable, se marie parfaitement avec la fraise et la groseille, avec lesquelles on l’associe souvent sur nos tables. Elle est également propre à la confection des confitures, mais comme addition à la confiture de groseilles, dans la proportion d’un tiers, elle en relève et en améliore le goût. On en fait aussi des vinaigres arômatisés et un sirop alcoolique qui se conserve assez bien, quoique, en général, il perde assez facilement son arôme.

Le framboisier comprend des arbrisseaux et des sous-arbrisseaux des deux mondes ; ils ont pour caractères communs :

Un calice profondément découpé en cinq segments lancéolés, aigus, persistants, très-ouverts ;

Cinq pétales insérés à l’orifice du calice et alternant avec ses divisions ;

Les étamines en nombre indéterminé, insérées comme les pétales, à filaments élargis à la base, en alène à leur sommet, qui est toujours terminé par une anthère biloculaire ovale ;

Un ovaire libre, composé de plusieurs ovules ayant un style latéral, long comme les étamines et à stigmate obtus ;

Le fruit composé d’autant de petites baies qu’il y avait d’ovules dans la fleur, lesquelles sont caractérisées par un petit mamelon, ayant au centre une petite graine dure, réniforme, mais renfermée dans leur substance propre ; ce qui les distingue surtout des fraises.

On propage le framboisier par les drageons qui se développent sur les racines des vieux pieds. On les plante depuis novembre jusqu’en mars. On éclate aussi les touffes, dont on sépare les racines en autant de morceaux qu’on peut en trouver munis d’un ou de deux bourgeons. On plante les framboisiers en carré et on les sépare d’un mètre en tout sens. Ainsi plantés, ils rapportent pendant six ou sept ans, si l’on a soin, à chaque automne, de donner une fumure.

À la fin de chaque hiver, on supprime toutes les tiges qui ont fructifié l’année précédente, et qui périssent spontanément. On taille en même temps les jeunes tiges sur une longueur de 70 centimètres à 1 mètre, pour faire ouvrir tous les boutons maintenus, jusqu’à environ 30 centimètres du sol. Ils se convertissent tous en brindilles, qui s’allongent d’autant plus qu’elles approchent du sommet, se terminent par une grappe de fleurs et développent, sur leur longueur, des feuilles à l’insertion desquelles se forment d’autres grappes ; ces brindilles meurent après avoir fructifié. On ne doit pas cependant conserver toutes les jeunes tiges à chaque printemps, car on épuiserait les framboisiers : il suffit d’en laisser cinq ou six à chaque touffe. On donne ensuite un labour peu profond, pour ne pas endommager les racines, qu’on rehausse d’environ 3 centimètres de bonne terre.

On plante les framboisiers en terre légère, fraîche et un peu ombragée. C’est à l’exposition du nord qu’ils poussent avec le plus de vigueur ; mais leurs fruits n’y acquièrent ni saveur, ni parfum. On doit donc donner la préférence à celle du midi, pour les espèces bifères ou remontantes, et à celle du levant ou du couchant, pour toutes les autres.

Les framboises ne mûrissent pas toutes en même temps ; il est nécessaire d’en faire plusieurs cueillettes ; car celles qu’on laisse sur pied, après qu’elles ont atteint leur maturité, tournent promptement.

On ne sème le framboisier que pour en obtenir des variétés ; on en a obtenu ainsi de très-intéressantes.