Annonces, 1er trim. 1830/02

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ANNONCES.

Mémoires de l’académie royale des sciences, arts et belles-lettres de Caen ; 1 vol. in-8o de 400 pag. Prix 6 fr., à Paris, chez Lance, rue Croix-des-Petits-Champs, no 50.

Fondée vers la moitié du 17e siècle, cette société lorsqu’elle possédait les célèbres ministres protestans Bochard et Morin, Huet, évêque d’Avranches, Segrais, etc., fut dispersée par la révocation de l’édit de Nantes. Louis xiv lui octroya des lettres patentes, en 1705. Pendant le 18e siècle, elle composa, eut, prononça beaucoup de discours et de mémoires ; mais elle reçut la réserve de ne publier qu’un petit nombre de tant de poésies et dissertations. L’académie de Caen, depuis 1801, a prouvé par quatre volumes de ses mémoires, qu’elle a suivi les sciences et les arts dans leurs progrès, et profité de l’alliance de l’érudition et de la littérature avec la philosophie positive. On remarque dans le nouveau volume un mode de parallélisme, pour traduire en vers les poésies des Hébreux, par M. Vautier ; une dissertation curieuse sur le siége du Mont-Saint-Michel (en 1423-24), par M. Labbey de la Roque ; de l’influence des bains de mer par le docteur Trouvé, et trois mémoires concernant les terrains, la géognosie du Calvados.

Isid. L……n.
Essai sur les poteries romaines et les nombreux objets d’antiquité trouvés au Mans en 1809 ; par M. Daudin, ancien colonel d’artillerie, ingénieur en chef ; des sociétés des Antiquaires de France, de Normandie, et membre de plusieurs académies : publié par M. Arc de Caumont, membre des mêmes académies, de celle des Antiquaires d’Édimbourg, etc. Paris, 1829, chez Lance, libraire, rue Croix-des-Petits-Champs, no 50. In-fol. de 33 pag. avec fig., prix, 10 fr.

Une colonie de Cenomans, à l’exemple de Bellovèse et conduite par Elitovius, pénétra, vers l’an 500 avant l’ère moderne, dans l’Italie, où elle fonda Bresse et Vérone. César trouva encore formidables les Aulerci Cenomani dans le pays dont se compose aujourd’hui le département de la Sarthe. Ce n’est cependant qu’en 1788, que M. Maulny découvrit l’aqueduc des Fontenelles, et en 1791, l’amphithéâtre des Arènes. M. Daudin, chargé en 1810 de reconstruire le pont, a trouvé, dans le lit de la Sarthe, des médailles impériales, des lampes, clefs, etc., et il a recueilli près de deux mille fragmens de poteries rouges et noires. La plupart de ces débris sont bien conservés, ornés de dessins élégans, de figures bien posées, de frises riches et artistement roulées. Mais, en vain, M. Daudin annonça sa précieuse découverte dès 1810 (in-4o de 18 pages). L’archéologie a trop négligé l’étude des poteries gallo-romaines ; et celles du Mans resteraient inconnues des antiquaires, sans le zèle généreux de M. de Caumont. L’ouvrage entier, tiré à un petit nombre d’exemplaires, n’aura que quatre livraisons.

Isid. L……n

Le château de Falaise, poème ; 1830. In-8o de 18 pag.

Quoique notre Revue ne s’occupe pas d’ouvrages en vers, nous faisons mention de cet opuscule, moins à cause du talent réel de M. Alphonse Le Flaguais, que parce que ce jeune écrivain a compris que la poésie trouverait encore des sujets intéressans à traiter parmi nos antiquités nationales.

Isid. L……n

Carporama : exposition des fruits et plantes des tropiques.

Les navigateurs, dans leurs relations, les naturalistes, par leurs descriptions, n’ont pu nous faire connaître que d’une manière imparfaite cette végétation si vigoureuse, extraordinaire par ses formes, si variée dans ses espèces et ses nuances. Les dessins les plus fidèles ne rendent pas les contours des énormes jacks, qui pèsent jusqu’à cent livres. Quel lecteur n’a envié à l’Océanie l’arbre à pin, à la voluptueuse Taïti l’hevy (arbre de Cythère) ? Qui ne se ressouvient des coyaviers et du palmiste sagoutier de Paul et Virginie, des cocotiers et des pampleucoussiers d’Atala ? L’Europe, malgré l’immense consommation qu’elle fait des épices, ne parviendra jamais à posséder les arbres qui les produisent ; les essais tentés pour en acclimater quelques-uns n’ont rendu que des fruits dégénérés ; toujours notre continent sera tributaire des Indes qui n’ont rien à lui demander.

Un Français né dans le Calvados, M. Robillard d’Argentelle, capitaine d’état-major dans l’expédition qui arriva en 1802, à l’île de France, a employé vingt-cinq années à modeler les plantes et les fruits les plus remarquables des tropiques. Décédé à son retour en 1827, il a emporté dans la tombe le secret de ses procédés ; mais sa précieuse collection reste unique, et elle a traversé les mers sans subir la moindre altération. Elle se compose de cent douze plantes « représentées en tout ou en partie, de grandeur naturelle et avec une perfection telle, qu’elle peut faire illusion aux yeux d’un botaniste exercé. Ces plantes artificielles sont très-supérieures à tout ce qu’on connaît en ce genre ; elles sont dignes de figurer honorablement dans toute collection ouverte au public, où elles procureraient facilement la parfaite connaissance d’objets intéressans. »

Le rapport de MM. Desfontaines, Labillardière et Cassini, approuvé par l’académie des sciences (séance du 10 août 1829), est comme sanctionné par les navigateurs, par les naturalistes, par les instituteurs, les artistes et les familles qui visitent le Carporama. Dans cette sorte d’herborisation, on peut étudier le vaquois de l’île de France, et le corossol de l’Amérique méridionale ; la cacaoyer de la Guyane et le mangoustan du Malabar, dont le fruit est le plus exquis de ceux de l’Asie ; le cambare de Java, le cannelier de Ceylan, le précieux sapokayer du Brésil, le plaqueminier du Japon, etc. Au départ de M. d’Argentelle, les habitans de l’île de France sollicitèrent la faveur d’admirer pour la dernière fois sa collection, qui, à peine exposée à Paris, trouve déjà des acheteurs ; mais ce sont des étrangers. Les amis de la science et des arts doivent désirer qu’elle soit jointe au Muséum d’histoire naturelle ou au Musée maritime.

Isid. L……n

L’écho poétique des départemens, nouveau recueil périodique, mois par mois, et destiné à former de 3 à 4 volumes par an, format in-8o
Enivrons nous de poésie,
Nos cœurs n’en aimeront que mieux.
Elle est un reste d’ambroisie
Qu’aux mortels ont laissé les Dieux.
(Béranger)

Ces quatre vers sont le principe de l’Écho poétique des départemens, à la tête duquel ils figurent comme épigraphe : en effet, le nouveau recueil n’est composé que de vers et de quelques analyses de poèmes dus au génie de la province.

Nous y avons remarqué plusieurs pièces très-distinguées, telles que celles qui sont sorties de la plume d’Antony Gaulmier, jeune professeur de Bourges, enlevé récemment à la littérature ; d’autres qui ne sont qu’agréables ; quelques-unes seulement passables ; mais en somme, la lecture des trois livraisons qui ont paru, nous a semblé intéressante, même pour les personnes qui ne s’occupent pas habituellement de poésie. Nous signalerons surtout au lecteur, la Jeune mère mourante ; l’Anniversaire du poète, le Viel Amant, l’Épître à M. Royer-Collard, l’Épître à mon ami ; l’Ange et l’Enfant ; le Dialogue avec M. Jacotot, et la Satire d’Hernani, pièces empreintes d’un vrai talent.

On s’abonne à Paris, au bureau de l’Écho poétique, rue du sentier, no 15 ; chez Denain, libraire rue Vivienne, no 16 ; et chez les principaux libraires des départemens.

Prix de l’abonnement, 34 fr. par an, et 18 fr. pour 6 mois, franc de port : pour l’étranger, 40 fr. par an, et 21 fr. pour 6 mois.