Anthologie de la littérature ukrainienne jusqu’au milieu du XIXe siècle/Le cosaque en exil

La bibliothèque libre.

Le cosaque en exil.

Cette chanson porte la trace de changements opérés au cours des âges par la tradition orale.

L’érable[1] planté au bord de l’eau,
Penche sa tête vers elle ;
S’il arrive malheur au cosaque,
Le voilà qui s’attriste.

Ne te penche pas, cher érable,
Tu es encore trop vert ;
Ne t’attriste pas, cher cosaque,
Tu es encore trop jeune.

Ce n’est pas de son plein gré que l’érable se penche —
L’eau sape ses racines ;
Ce n’est pas de son plein gré que le cosaque s’attriste —
Son cœur est rongé.

Hélas ! Il est allé en Moscovie,
Quelque part là-bas il a péri.
Sa chère Ukraine
Il l’a laissée pour toujours.

Il a ordonné qu’on lui élève
Un grand tertre sur sa tombe,
Il a ordonné qu’on y plante
Au sommet une viorne[2].


Les oiseaux y viendront à tire-d’aile,
Pour en manger les fruits,
Et ils lui porteront
Des nouvelles de l’Ukraine.

  1. Acer pseudo-platanus, voir p. 34.
  2. La viorne ou obier, appelée encore vulgairement boule de neige, est avant tout chez les Ukrainiens le symbole de l’amour et du mariage. De là de nombreuses images symboliques, dans lesquelles cet arbre joue un rôle, comme on peut le voir dans plusieurs des chansons suivantes et dans l’extrait que nous donnons ci-dessous de Maroussia par Kvitka.