Anthologie féminine/Marquise de Caylus

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Anthologie féminineBureau des causeries familières (p. 94-96).

MARQUISE DE CAYLUS
(Marthe-Marguerite de Villette)

(1673-1729)


Elle était protestante, parente de Mme d’Aubigné, et raconte, dans ses Souvenirs, sa conversion dans les termes suivants :

Mme de Maintenon vint me chercher et m’emmena seule à Saint-Germain. Je pleurai d’abord beaucoup, mais je trouvai, le lendemain, la messe du roi si belle, que je consentis à me faire catholique à condition que je l’entendrais tous les jours.

Mme de Caylus traite spécialement dans ses Mémoires de la cour de Louis XIV ; nièce de Mme de Maintenon, elle y parle beaucoup de sa tante, de Mmes de Thianges et de Montespan. La belle duchesse n’est pas une moraliste dans l’acception du mot. Dans cet ouvrage, il n’y a pas à chercher des conseils de grande édification, mais plutôt des renseignements sur l’entourage du grand roi.


MÉMOIRES
LA COMÉDIE À SAINT-CYR

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Mme de Brinon avait de l’esprit et une facilité incroyable d’écrire et de parler, car elle faisait aussi des espèces de sermons fort éloquents, et tous les dimanches, après la messe, elle expliquait l’Évangile comme aurait pu le faire M. Le Tourneur.

Mme de Maintenon voulut voir une des pièces de Mme de Brinon ; elle la trouva telle qu’elle était, c’est-à-dire si mauvaise qu’elle la pria de n’en plus faire jouer de semblables, et de prendre plutôt quelques belles pièces de Corneille ou de Racine. Les petites filles représentèrent Cinna assez passablement pour des enfants qui n’avaient été formées au théâtre que par une vieille religieuse. Elles jouèrent ensuite Andromaque, et, soit que les actrices en fussent mieux choisies, ou qu’elles commençassent à prendre des airs de la cour, cette pièce ne fut que trop bien représentée au gré de Mme de Maintenon, et lui fit appréhender que cet amusement ne leur insinuât des sentiments contraires à ceux qu’elle voulait leur inspirer.