Anthologie féminine/Mlle Jeanne Schultz
Mlle JEANNE SCHULTZ
Une nouvelle venue qui a déjoué la routine. — Il parut un jour dans la Revue des Deux-Mondes, dont l’accès est si difficile, une nouvelle, la Neuvaine de Collette, qui avait été envoyée sans signature à cette rédaction, auprès de laquelle les écrivains s’imaginent avoir besoin de recommandations puissantes. Le talent de cette nouvelle suffit à la faire insérer. Il se produisit alors ce qui était arrivé pour le Péché de Madeleine, de Mme Caro : on l’attribua à diverses femmes du monde, et l’une d’elles, Mme de K., accepta tacitement d’être l’auteur de ce petit chef-d’œuvre. Partout elle était accueillie et félicitée ; elle ne rejetait point les éloges, et se laissa même attribuer d’autres ouvrages de la même plume. Un jour, les obstacles qui empêchaient Mme Schultz de se faire connaître furent levés, et elle se dévoila pour aller recevoir le prix que l’Académie lui décernait. Mme de K., confuse, fut rejetée comme une intrigante des salons qui l’avaient accueillie.