Anthologie féminine/Princesse de Salm-Dyck
PRINCESSE DE SALM-DYCHA
(Constance-Marie de Théis)
(1767-1845)
Femme de lettres, née à Nantes. Elle a laissé des Poésies et de nombreux écrits, ainsi que des Mémoires sur sa vie. — Œuvres, 4 vol. 1842.
« Plie et travaille » est la devise heureuse
D’un noble cœur, d’un esprit éclairé :
C’est d’une vie et pure et généreuse
L’art, le devoir et le bonheur sacré.
« Prie et travaille » était, dans le village,
Ce que disaient nos guerriers valeureux.
Ils priaient même au milieu du carnage,
Et pour l’honneur ils en travaillaient mieux.
« Prie et travaille » est ce que l’on répète
Au malheureux qui réclame un peu d’or:
Et ce conseil que souvent il rejette.
S’il le suivait, lui vaudrait un trésor.
« Prie et travaille » est le refrain du sage;
Faibles mortels, récitez-le tout bas:
Ceux dont l’erreur fut l’éternel partage
Ne priaient guère et ne travaillaient pas.
Prie et travaille, ô toi que peut surprendre.
Loin d’un époux, le monde, le plaisir;
Par la prière occupe un cœur trop tendre,
Par le travail un dangereux loisir.
Prie et travaille en tes sombres retraites,
Beauté qu’à Dieu l’on veut sacrifier :
Crains, en priant, les biens que tu regrettes.
En travaillant cherche à les oublier.
Prie et travaille, homme vain, femme altière.
Riche qu’entoure un pompeux attirail.
Que reste-t-il à notre heure dernière,
Hors la prière et les fruits du travail ?
Prie et travaille, ou redoute le blâme ;
Avec raison, enfin, on te redit :
Car la prière est le charme de l’âme,
Et le travail, le repos de l’esprit.
On doit à M. de Pongerville une bonne édition
des Pensées de la princesse de Salm. En voici trois
qui nous semblent charmantes :
— Nous aimons la morale quand nous sommes vieux, parce qu’elle nous fait un mérite d’une foule de privations qui nous sont devenues une nécessité.
— Il est des chagrins profonds qui semblent rester en réserve dans l’âme, où on les retrouve toujours lorsqu’on est disposé à s’affliger.
— La conversation des femmes, dans la société, ressemble à ce duvet dont on se sert pour emballer les porcelaines : ce n’est rien, et sans lui tout se brise.