Anthologie japonaise ; poésies anciennes et modernes/Zak-ka/Toute terre peut produire des fleurs

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TOUTE TERRE PEUT PRODUIRE DES FLEURS

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Uyete mi-yo hána-no sodatanu sato-va nasi
Kokoro kara koso mi-va iyasi-kere[1].


Plantez ! Il n’est point de hameau qui ne puisse produire des fleurs ; c’est à cause (des imperfections) de notre cœur que notre personne est (parfois) méprisable[2].

On veut dire par là que tout homme peut, avec de la bonne volonté, obtenir des résultats utiles. S’il ne les obtient pas, c’est à la nonchalance volontaire de son esprit, bien plus qu’aux défauts inhérents à sa nature, qu’il doit son insuccès.

うえてみよ uyete-mi-yo, littéralement « en plantant voyez ! » est une forme de l’impératif dans laquelle le verbe miru « voir » remplit en réalité une fonction d’auxiliaire.

こそ koso est une explétive du style élégant qui peut se rendre par « en vérité, certainement ».

  1. Si-ka-zen-yò, p. 39.
  2. Voici une imitation libre de cette petite pièce de vers :

    Tout sol peut produire une fleur,
    Si l’on y soigne la semence.
    Dans une inutile existence,
    Le vrai coupable, c’est le cœur.

    On trouve, dans le Faust de Goethe (11e partie), cette même pensée exprimée en ces termes :

    Man säe nur, man erntet mit der Zeit

    et dans un autre passage du même poëme :

    Der Bauer, der die Furche pflügt,
    Hebt einen Goldtopf mit der Scholle.

    Enfin un auteur arabe a dit :

    À force d’efforts et de soins, l’homme peut arracher les montagnes de leur place.

    (Alexandre Handjéri, Recueil de proverbes de l’Orient musulman, dans la Revue orientale et américaine, t. II, p. 330.)