Arc-en-ciel (Maurice Vaucaire)/11

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Alphonse Lemerre, éditeur (p. 21-22).

FANTAISIE PRÉTENTIEUSE


À H. de Fouchier.


Un grand ciel si brouillé que l’on ne voit pas clair ;
L’eau tombe et cogne fort la vitre et la toiture ;
Personne dans la rue et pas d’oiseaux en l’air ;
Sale, de temps en temps défile une voiture.

Je cisèle des vers durs comme des brillants,
Ayant le pénétrant parfum d’un bouquet rare ;
Je chante ma maîtresse aux regards suppliants
Qui par ce jour malsain est gentiment bizarre.


Et le parc sous le vent puissant est agité,
On ne respire plus que de l’humidité ;
Et je polis des vers sur la Chine adorables

Où les objets sont vus en rouge, en vert, en blond,
Les gens revêtus d’or, les fleurs inaltérables,
Et le soleil si chaud qu’il fait fondre du plomb.