Arc-en-ciel (Maurice Vaucaire)/26

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Alphonse Lemerre, éditeur (p. 51-52).

BRAS ET JAMBES


J’ai dessiné tes doigts blancs et ta jambe blanche,
Tu dormais, refoulant le drap de noir satin,
Le drap noir sur lequel ton œil bavard s’éteint,
Ta bouche étouffe un cri, ta taille se déhanche.

Le bras droit s’échappait comme une lourde branche
Pendant sur le rebord du lit ; l’autre, mutin,
Des cheveux mal tordus, des cheveux clair-chatain,
Tout instinctivement contenait l’avalanche.


Et tes genoux nerveux se tenaient ajustés,
Ces genoux taillés dans les ivoires lactés.
Ton cher corps étalait son orgueilleuse forme.

Ainsi j’ai pris croquis de tes contours finis,
Lorsque l’aube sur toi jetait ses rais ternis
— Et tu t’es réveillée avec un rire énorme. —