Artaud le Mômo/1

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Bordas (p. 9-19).

LE RETOUR D’ARTAUD LE MOMO


L’esprit ancré
vissé en moi
par la poussée
psycho-lubrique
du ciel
est celui qui pense
toute tentation,
tout désir,
toute inhibition.

O dédi
A dada orzoura
O dou zoura
Adada skizi
O Kaya
O Kaya ponoura
O ponoura
A pona
Poni



C’est la toile d’araignée pentrale,
la poile onoure
d’ou-ou la voile,
la plaque anale d’anavou



(Tu ne lui enlèves rien, dieu
parce que c’est moi
tu ne m’as jamais rien enlevé de cet ordre,
je l’écris ici pour la première fois,
je le trouve pour la première fois)

Non la membrane de la voûte

non le membre omis de ce foutre,
d’une déprédation issu
Mais une carne,
hors membrane
hors de là ou c’est dur ou mou

Ja passée par le dur et mou,

étendue cette carne en paume,
tirée, tendue comme une paume
de main
exsangue de se tenir raide,
noir, violette
de tendre au mou.

Mais quoi donc à la fin, toi le fou ?

Moi ?

Cette langue entre quatre gencives,

Cette viande entre deux genoux,

ce morceau de trou
pour les fous.

Mais justement pas pour les fous,
pour les honnêtes,
que rabote un délire à rôter partout,

et qui de ce rôt
firent la feuille,

Écoutez bien :
firent la feuille
du début des générations,
dans la came palmée de mes trous,
à moi.

Lesquels, et de quoi ces trous ?

d’âme, d’esprit, de moi, et d’être ;
mais à la place où l’on s’en fout,
père, mère, Artaud et itou.

Dans l’humus de la trame à roues,


dans l’humus soufflant de la trame

de ce vide,
entre dur et mou
Noir et violet,
raide
pleutre
et c’est tout.

Ce qui veut dire qu’il y a un os,


dieu

s’est mis sur le poète,
pour lui saccager l’ingestion
de ses vers,
tels des pets de tête
qu’il lui soutire par le con,

qu’il lui soutirerait du fond des âges,
jusqu’au fond de son trou de con,

et ce n’est pas un tour de con
qu’il lui joue de cette manière,
c’est le tour de toute la terre

contre qui a des couilles
au con.

Et si on ne comprend pas l’image,
— et c’est ce que je vous entends dire
en rond,
que vous ne comprenez pas l’image
qui est au fond
de mon trou de con, —

c’est que vous ignorez le fond
non pas des choses,
mais de mon con
à moi,
bien que depuis le fond des âges
vous y clapotiez tous en rond
comme on clabaude un aliénage
complote à mort une incarcération

Re re ghi
reghéghi
geghena
a zoghena
a gogha

riri

Entre le cu et la chemise
Entre le foutre et l’infra-mise
Entre le membre et le faux bond
entre la membrane et la lame
entre la latte et le plafond
Entre le sperme et l’explosion
tre l’arête et tre le limon

entre le cu et la main mise
      de tous
sur la trappe à haute pression
d’un râle d’éjaculation
n’est pas un point
ni une pierre

éclatée morte au pied d’un bond

ni le membre coupé d’une âme
(l’âme n’est plus qu’un vieux dicton)
mais l’atterrante suspension
d’un souffle d’aliénation

violé, tondu, pompé à fond
par toute l’insolente racaille
de tous les empafrés d’étrons
qui n’eurent pas d’autre boustifaille

pour vivre
que de bouffer
Artaud
Mômo
Là, où l’on peut piner plus tôt
que moi
et l’autre bander plus haut
que moi
en moi-même
s’il a eu soin de mettre la tête
sur la courbure de cet os
situé entre anus et sexe

De cet os os sarclé que je dis

dans la crasse
d’un paradis
dont le premier dupé sur terre
ne fut pas le père ou la mère
qui dans cette antre te refit
mais
JE
vissé dans ma folie



Et qu’est-ce qui me prit
d’y rouler moi aussi ma vie ?
MOI
RIEN, rien
Parce que moi
J’y suis
J’y suis

et c’est la vie
qui y roule sa paume obscène

Bien
Et après ?

Après ? Après ?
Le vieil Artaud
est enterré
dans le trou de la cheminée
qu’il tient de sa gencive froide
de ce jour où il fut tué !

Et après ? Après ?
Après !

Il est ce trou sans cadre
que la vie voulut encadrer

Parce qu’il n’est pas un trou
          mais un nez
qui sut toujours trop bien renifler
Le vent de l’apocalyptique
          tête
qu’on pompe sur son cu serré
et que le eu d’Artaud est bon
pour les souteneurs en miserere

Et toi aussi tu as la gencive
La gencive droite enterrée
          dieu

toi aussi ta gencive est froide
depuis infiniment d’années
que tu m’envoyas ton cul inné
pour voir si j’allais être né
          à la fin
depuis le temps que tu m’espérais
          en raclant
          mon ventre d’absent

          menendi enenbi
          embenda

tarch enemptle
o marchte rombi
tarch pai et
a tinenptle
orch pendu
o patendi
a marchit
orch yorpch
ta urchpt orchpt
ta tou taurch
campli
ko ti aunch
a ti aunch
aungbli