Astronomie populaire (Arago)/XIV/17

La bibliothèque libre.
GIDE et J. BAUDRY (Tome 2p. 137-139).

CHAPITRE XVII

régions où apparaissent les taches proprement dites


Galilée donnait le 29° degré de déclinaison, nord et sud, compté à partir de l’équateur solaire, comme la limite au delà de laquelle aucune tache n’apparaissait.

Scheiner portait ces déclinaisons limites à 30°. L’amplitude de la zone royale était donc de 60°. La zone royale, pour le laborieux jésuite, c’était la région solaire où toutes les taches naissent.

Les taches s’écartent quelquefois assez notablement des limites fixées par Scheiner et par Galilée. En juillet 1777, Messier observait une tache noire dont la déclinaison boréale s’élevait à 31 degrés 1/2 ; en juillet 1780, une belle tache du même genre avait, d’après les observations concordantes de Méchain, 40 degrés 1/2 de déclinaison boréale.

Gassini et Maraldi croyaient qu’il se forme beaucoup plus de taches dans l’hémisphère méridional du Soleil que dans l’hémisphère septentrional. En 1707, ils ne se ressouvenaient d’avoir vu dans l’hémisphère septentrional qu’une seule, tache (celle du mois d’avril 1705). En consultant les Mémoires qui ont été publiés postérieurement à 1707, je n’aperçois aucune prépondérance des taches méridionales sur les taches septentrionales.

J.-D. Cassini crut reconnaître que les taches des mois de mai et juin 1688, occupaient exactement sur le Soleil les places dans lesquelles des taches plus anciennes s’étaient déjà montrées. Il poussa même l’assimilation jusqu’à rechercher ces taches parmi celles que Scheiner et Hévélius avaient observées. Les temps de la rotation de l’astre auquel il arriva ainsi lui paraissaient confirmer la conjecture.

Lalande reprit cette recherche en 1778. Voici quelles furent ses conclusions :

« Il y a des taches fort considérables qui reparaissent aux mêmes points physiques du disque solaire, tandis que d’autres, également remarquables, paraissent en des points différents. »

On voit des lucules, des rides lumineuses par toutes les déclinaisons, jusque dans le voisinage des pôles de rotation du Soleil. Le 26 novembre 1794, Herschel écrivait dans son journal d’observations :

« Le Soleil paraît bigarré, pointillé dans toute son étendue, c’est-à-dire aux pôles comme à l’équateur. Les petits points inégalement lumineux se voyaient mieux, cependant, au centre que près des bords.

C’est tout le contraire pour les grandes facules. Quant aux petites, la remarque d’Herschel est en opposition directe avec une observation de Francis Wollaston.

Herschel croyait qu’un des hémisphères du Soleil est, par sa constitution physique, moins propre à émettre de la chaleur et de la lumière que l’hémisphère opposé, en sorte qu’à de très-grandes distances cet astre pourrait offrir tous les phénomènes que les étoiles périodiques régulières présentent, vues de la Terre ; mais Herschel n’a pas dit sur quelles observations cette conjecture est appuyée.