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Astronomie populaire (Arago)/XXI/15

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GIDE et J. BAUDRY (Tome 3p. 428-429).

CHAPITRE XV

la lune est-elle un monde dans lequel il ne survient de changements d’aucune sorte, un monde achevé, s’il est permis de s’exprimer ainsi ?


Pour prouver qu’il faut bien se garder de croire que la matière de la surface lunaire éprouve même actuellement des changements de forme, je rapporterai une observation d’Olbers.

Le 5 janvier 1794, Olbers vit dans la mer des Crises, entre Auzout et Picard, deux petits cratères qui ne figuraient pas dans les cartes de Schrœter. Il le manda à cet astronome. Or, il se trouva que ce jour, 5 janvier, Schrœter avait observé la même région de la Lune avec de très-puissants instruments sans remarquer les deux cratères. Le 6, quoique averti, il ne fut pas plus heureux ; le 17, même résultat négatif. Enfin, le 6 mars, le plus grand des deux se voyait parfaitement. (Trans., 1795, pages 154-155.)

N’avoir pas vu à une certaine époque, ne prouve point que l’objet n’existait pas ; le mode d’éclairement et même les inclinaisons sous lesquelles les parois d’un cratère ou les flancs d’une montagne se présentent à des points de notre Terre peu éloignés les uns des autres, ont trop d’influence dans ce genre d’observations pour qu’on doive se fier aux résultats négatifs.

Ajoutons que MM. Beer et Maedler n’ont jamais aperçu à la surface de la Lune des changements analogues à ceux que Cassini, Schrœter, Gruithuysen avaient cru y remarquer ; suivant eux, ces observations ne sont qu’apparentes et tiennent à des différences dans l’éclairement des objets.