Astronomie populaire (Arago)/XXVII/01

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GIDE et J. BAUDRY (Tome 4p. 323-326).

CHAPITRE PREMIER

aspect de jupiter — son mouvement par rapport au soleil


Jupiter est représenté par le signe ♃ dans lequel les uns ont cru voir la première lettre barrée du nom grec de cette planète (Ζεύς), et d’autres une image des zigzags de la foudre. Le nom que les Égyptiens donnaient à cette planète correspondait au mot éclatant ; ils la nommaient aussi Osiris. Les Grecs rappelaient son éclat en la désignant quelquefois sous le nom de Φαέθων. La dénomination indienne de Jupiter était, d’après Bopp, Vrihaspati, ou plus anciennement, selon l’orthographe des Védas adoptée par Lassen, Brihaspati, Seigneur de la croissance ; ce nom, qui était celui d’une divinité védique, est formé de vrih (brih), croître, et pati, maître.

La scintillation de Jupiter, si tant est qu’elle existe, n’a été remarquée que dans des circonstances très-exceptionnelles.

La distance angulaire de Jupiter au Soleil, comptée à partir de la Terre, de l’occident à l’orient, va toujours en augmentant depuis 0 jusqu’à 360°. Lorsque cette distance est 0, la planète est dite en conjonction, elle passe au méridien en même temps que le Soleil ; son passage au méridien a lieu à minuit, quand la distance angulaire des deux astres a atteint une valeur égale à 180°. On dit alors que Jupiter est en opposition.

Jupiter est en quadrature lorsque sa distance angulaire au Soleil a pour valeur 90° et 270°. À cette époque, il passe au méridien à 6 heures du matin et à 6 heures du soir. Cette régularité dans le mouvement apparent de Jupiter cesse d’exister quand on compare l’astre aux étoiles fixes.

Au moment où l’on voit la planète le matin à l’horizon, peu de temps avant le lever du Soleil, son mouvement, rapporté aux étoiles, paraît direct, ou dirigé de l’occident à l’orient, et sa valeur est à son maximum. La vitesse du mouvement journalier va en diminuant jusqu’à l’époque où l’astre est éloigné du Soleil d’environ 115°. Ce jour et les jours suivants, la planète semble stationnaire, en sorte que, si ce n’était son éclat, on pourrait la confondre avec une étoile proprement dite. Jupiter prend ensuite sa course apparente à travers les constellations de l’orient à l’occident. Ce mouvement rétrograde atteint son maximum de vitesse le jour de l’opposition. Il se ralentit plus tard pour offrir un second moment de repos ou une seconde station, lorsque sa distance angulaire au Soleil est devenue, de nouveau, d’environ 115°.

Après un certain nombre de jours d’immobilité, la planète se remet en marche, d’abord lentement, puis avec plus de rapidité, mais toujours de l’occident à l’orient, jusqu’à la conjonction. L’arc de la rétrogradation est d’environ 10°. Le temps que Jupiter emploie à parcourir cet arc s’élève à 121 jours. Mais ces deux nombres varient sensiblement suivant la position de la planète dans son orbite.

Le mouvement de Jupiter ne s’effectue pas dans le plan de l’écliptique ; cet astre en est quelquefois éloigné de 1° 19′.

Le temps que Jupiter emploie à revenir aux mêmes étoiles, ou la durée de la révolution sidérale, est de 4 332 jours et 58 centièmes de jour, ou 11 ans 10 mois 17j,6.

Le temps de la révolution synodique, ou de son retour à la même position relativement au Soleil, est de 399 jours ou 1 an 34 jours ; 278 jours sont employés au mouvement direct et 121 au mouvement rétrograde.

L’inclinaison de l’orbite de Jupiter sur le plan de l’écliptique est de 1° 18′ 52″. L’inclinaison de cette orbite sur l’équateur terrestre est de 23° 18′ 28″.

La distance moyenne de la planète au Soleil est de 5,203, la distance moyenne du Soleil à la Terre étant 1. La distance du périhélie est de 4,953, et celle de l’aphélie, de 5,153.

L’excentricité est égale à 0,048. La longitude du périhélie est de 11° 7′ 38″ ; celle du nœud ascendant, de 98° 25′ 45″ ; la longitude moyenne de l’époque (1er janvier 1800) est de 81° 54′ 49″.

Ces éléments de l’orbite de Jupiter sont empruntés aux tables de M. Bouvard.

Les quantités de chaleur, et de lumière envoyées par le Soleil à la Terre étant 1, les quantités envoyées à la surface de Jupiter sont 0,037.

Jupiter n’a pas de phases sensibles même en quadratures ; on verra dans le chapitre viii des observations d’un autre genre nous démontrer que la planète n’est pas lumineuse par elle-même et qu’elle emprunte au Soleil l’éclat dont elle brille.

Jupiter est si brillant que divers observateurs ont cru remarquer par un ciel très-pur et dans le moment du plus grand éclat de la planète, que sa lumière projetait une ombre sensible derrière un corps opaque.