Astronomie populaire (Arago)/XXVII/04

La bibliothèque libre.
GIDE et J. BAUDRY (Tome 4p. 331-333).

CHAPITRE IV

forme de jupiter


Le diamètre de Jupiter mesuré dans le sens de l’axe de rotation est plus petit que le diamètre équatorial, ou perpendiculaire au premier, dans le rapport de 17 à 18.

En 1647, Hévélius disait dans sa Sélénographie que Jupiter lui paraissait assez rond.

J.-D. Cassini remarqua en Italie vers l’année 1665 que le disque de cette planète n’était pas circulaire, que l’axe de l’équateur surpassait la ligne des pôles. Picard et Flamsteed, auxquels l’observation fut communiquée, en reconnurent l’exactitude. Mais ni l’un ni l’autre de ces deux astronomes ne chercha ou ne parvint à déterminer la valeur de l’aplatissement. À la fin de l’année 1690, le même J.-D. Cassini n’apercevait aucun aplatissement dans le disque de Jupiter. Remarquons qu’il donna toute son attention à l’observation de ce changement de forme et qu’il consacra à cet objet un chapitre à part dans un Mémoire publié en 1691.

En 1691, Cassini donna pour la valeur de l’aplatissement 1/15e.

En 1719, Pound, à l’aide d’une lunette d’Huygens de 42 mètres, ayant mesuré l’aplatissement en question à la demande de Newton, trouva en moyenne 1 /13e.

Derham nous dit dans sa Théologie astronomique que les astronomes ses contemporains portaient à 1/40e la différence des deux diamètres de Jupiter. Il ne pensait pas qu’une si petite différence pût être déterminée par l’observation. Au surplus il doutait, quant à lui, de l’existence d’un aplatissement.

Rochon obtint en 1777, par les observations d’une seule soirée, un aplatissement égal à 1/16e.

Short, avec un héliomètre achromatique, crut, au rapport de Lalande, pouvoir fixer cet aplatissement à 1/14e.

Schrœter, vers 1785, a trouvé 1/12e.

J’ai obtenu 1/17e à l’aide d’observations nombreuses faites à l’Observatoire de Paris depuis le mois d’avril 1812 jusqu’en juin 1814.

Suivant M. Struve cet aplatissement serait 1/14e ou, plus exactement, 1/13,7.

Beer et Mædler en 1839 ont trouvé 1/20e.

Il est remarquable que les astronomes en si grand nombre qui ont déterminé la valeur de l’aplatissement de Jupiter, ne se soient pas enquis de rechercher si cette planète est elliptique, si, en un mot, un diamètre passant par le centre et incliné de 45 degrés au diamètre de l’équateur, avait une valeur intermédiaire entre ce dernier diamètre et celui des pôles. Quant à moi, je n’ai pas négligé cette question. Des mesures nombreuses faites à 45 degrés du pôle ou de l’équateur en 1813, ne m’ont donné aucun motif de supposer que le disque de Jupiter diffère d’une ellipse d’une quantité appréciable.

Schrœter rapporte que lui et ses collaborateurs, armés d’instruments différents, virent, un certain jour, vers la fin du dernier siècle, un aplatissement local au pôle austral de Jupiter. Ils ajoutent qu’ayant calculé, d’après la durée de la rotation, le temps où le phénomène devait se reproduire, ils ne parvinrent pas à l’apercevoir de nouveau. Ce fait accidentel semble donc devoir être rangé dans la catégorie des illusions d’optique dont les observateurs les plus habiles ne parviennent pas toujours à se garantir.