Astronomie populaire (Arago)/XXVIII/11

La bibliothèque libre.
GIDE et J. BAUDRY (Tome 4p. 415--).

CHAPITRE XI

aberration des planètes


Le phénomène de l’aberration des étoiles, découvert et expliqué par Bradley, étant, comme nous venons de le voir, l’effet de la combinaison du mouvement de la Terre avec le mouvement de la lumière au moment où celle-ci pénètre dans la lunette, il est indubitable que l’aberration s’exercera tout aussi bien sur la lumière réfléchie provenant d’une planète que sur la lumière émanant directement d’une étoile, puisque l’une et l’autre de ces deux lumières ont la même vitesse ; ainsi, les positions des planètes seront affectées de l’aberration suivant les mêmes lois que les positions des étoiles semblablement placées. Il est une autre cause qui affecte les positions des planètes et qu’on a considérée à tort comme dépendante de l’aberration constatée par Bradley. Cette cause, je vais l’indiquer en deux mots. Une planète occupant momentanément dans l’espace une position déterminée, lance vers la Terre un rayon lumineux ; ce rayon se mouvant en ligne droite, lorsqu’il arrive à l’œil de l’observateur, est dirigé vers la place que la planète occupait au moment de son départ. Mais le rayon a employé un certain temps à nous parvenir ; dans ce temps la planète, puisqu’elle a un mouvement propre, se déplace d’une certaine quantité ; la direction du rayon n’indique donc pas la position actuelle de la planète, mais cette position au moment du départ : cette aberration, puisque aberration il y a, existerait lors même que la Terre serait immobile dans l’espace. Il faut, pour en calculer la valeur, connaître la distance de la planète à la Terre et sa vitesse propre ; ce n’est qu’aux dépens de la clarté que les auteurs des Traités d’astronomie ont souvent confondu cette correction avec l’aberration des étoiles.

Fig. 339. — Appareil de M. Fizeau pour la mesure de la vitesse de la lumière par des observations faites sur la Terre à de courtes distances.