Astronomie populaire (Arago)/XXXII/13

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GIDE et J. BAUDRY (Tome 4p. 568-570).

CHAPITRE XIII

sur les froids périodiques de février et de mai


Nous avons dit que, si l’on prenait les températures moyennes de chaque jour de l’année à Paris, on trouvait une augmentation de chaleur depuis le 14 janvier jusqu’au 15 juillet et ensuite une diminution constante entre cette dernière date jusque vers le 14 janvier suivant. Ce phénomène général ne laisse pas que d’avoir quelques discontinuités. Ainsi l’on a remarqué que la température de chaque jour, en février et en mai, n’est pas toujours supérieure à celle de la veille, inférieure à celle du lendemain. Nous avons déjà indiqué (liv. xxvi, chap. vii) que quelques astronomes et entre autres MM. Erman et Petit attribuent ces phénomènes frigorifiques aux masses d’astéroïdes qui s’interposent parfois entre le Soleil et la Terre.

Nous avons vu que la Terre traverse un essaim d’astéroïdes vers le 13 novembre. Si ces astéroïdes forment un anneau plan et continu, nous pourrons le rencontrer dans le point opposé de l’orbite terrestre, du 10 au 13 mai.

Il y a ici trois cas à considérer. Le point d’intersection de l’anneau d’astéroïdes et de l’écliptique est-il sur l’orbite terrestre même, la Terre passera au travers, et nous verrons, dans le mois de mai, des apparitions nombreuses d’étoiles filantes, comme en novembre.

La région où l’anneau d’astéroïdes rencontre l’écliptique est-elle moins éloignée du Soleil que ne l’est la Terre, les astéroïdes se projetteront sur le Soleil, en affaibliront l’éclat. La température du 10 au 13 mai pourra s’en ressentir.

Enfin, les astéroïdes de novembre ne produiront aucun effet et seront difficilement visibles dans le mois de mai, si leur second point de rencontre avec l’écliptique est plus éloigné du Soleil que la Terre.

M. Erman, ayant remarqué une anomalie dans la progression croissante et naturelle des températures entre le 1er  et le 31 du mois de mai, cette anomalie existant dans des lieux diversement situés, étant toujours une diminution, se manifestant partout du 10 au 13, s’est cru autorisé à l’attribuer à l’interposition des astéroïdes entre la Terre et le Soleil.

Le flux d’astéroïdes du 10 août conduit à un résultat semblable. Disposé en anneau plan, ce flux rencontrera l’écliptique entre le 5 et le 11 février ; c’est dans cet intervalle qu’il pourra produire une éclipse partielle du Soleil. M. Erman se croit autorisé, d’après diverses séries d’observations météorologiques, à affirmer que cette éclipse a lieu réellement toutes les années.

Le froid périodique du mois de mai est une tradition populaire ; les horticulteurs appellent les trois saints de glace, saint Mamert, saint Pancrace et saint Servais, dont les anniversaires ont lieu les 11, 12 et 13 mai. Il y a là une coïncidence bien remarquable. Toutefois, on explique aussi le phénomène en l’attribuant à la fonte des neiges et des glaces sur les diverses montagnes du nord de l’Europe. La neige en fondant absorbe, comme nous l’avons vu, une grande quantité de chaleur qu’elle doit emprunter à tous les corps environnants, et par conséquent aussi à l’air avec lequel elle est en contact. On a donc supposé que le froid qui résultait de la fonte annuelle des neiges se propageait du nord vers le sud, et qu’il amenait l’abaissement périodique signalé par les observations. Un hiver neigeux devrait, dans cette hypothèse, être suivi d’un mois de mai plus froid, et avec un hiver doux la période froide de mai devrait être peu sensible.