Astronomie populaire (Arago)/XXXIII/27

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GIDE et J. BAUDRY (Tome 4p. 697-698).

CHAPITRE XXVII

ère du monde


L’idée d’établir une ère qui coïncidât avec la naissance du monde et qui dispensât de recourir, pour les événements très-anciens, à des périodes ascendantes, était fort naturelle. Elle naquit au sein de l’église chrétienne, sinon dans les temps apostoliques, du moins à une date assez reculée. Malheureusement, le texte hébreu de la Bible, le texte samaritain et la version grecque des Septante, offrent des variantes. De là des différences très-notables entre les supputations, ou, si l’on veut, entre les conceptions imaginaires de ceux qui se sont occupés de la fixation de cette ère mondaine.

Prenez Jules Africain, et l’ère du monde, dite Alexandrine, remontera, à partir de l’ère chrétienne, à l’an 
 5 500
Consultez l’auteur de l’ère dite d’Antioche, le moine Panodore, et il fixera le commencement du monde à 
 5 493
L’ère mondaine des Grecs, dite de Constantinople, correspond à 
 5 509
Scaliger, par une discussion particulière des textes, trouvait 
 3 950
Le père Pezron 
 5 873
Usher ( dit Usserius ) trouva 
 4 004

Ce dernier nombre est celui qu’ont adopté Bossuet et Rollin[1].

Nous ne pousserons pas plus loin ce tableau, dans lequel nous pourrions inscrire jusqu’à deux cents manières différentes de compter par ans du monde.

  1. L’historien juif Josèphe donnait aux temps antérieurs à notre ère, une durée de 4 163 ans. D’autres historiens juifs firent remonter l’ère du monde jusqu’à 6 524 ans avant l’ère chrétienne.