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Atlas universel d’histoire et géographie/Monde connu des anciens

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CARTE N° 1.

LE MONDE CONNU DES ANCIENS.

Les mots de Monde connu impliquent, non l’idée plus ou moins vague que l’on se faisait de pays éloignés, mais la portion du monde sur laquelle historiens et géographes anciens ont fourni des notions exactes.

En géographie, le mot Anciens dans le langage ordinaire indique communément les Grecs et les Romains, car les connaissances géographiques des autres nations civilisées ne nous ont guère été transmises que par eux. Aujourd’hui même que les progrès des sciences historiques nous fournissent de précieux renseignements sur les peuples de l’Afrique et de l’Asie, il est rare que ces renseignements étendent le cadre des connaissances géographiques que l’antiquité classique nous avait léguées.

La limite que l’on fixe à l’histoire ancienne étant la chute de l’Empire romain en 395, c’est cette date qui marquera pour nous la fin de la période des connaissances géographiques des Anciens.

Nous tracerons la suite chronologique des conquêtes géographiques des Anciens dans le tableau suivant (carte no 2) ; nous nous bornerons donc, dans celui-ci, à énumérer les pays connus d’eux dans les trois parties du monde, a l’époque de la plus grande extension de leurs connaissances, c’est-à-dire vers le temps de Ptolémée, dans le iie siècle de notre ère.

Europe. L’Espagne, la Gaule, l’Italie, la Bretagne, la Rhêtie, le Noricum, la Pannonie, l’Illyrie, la Mésie, la Thrace, la Macédoine, l’Achaïe, la Dacie et les Îles faisaient partie de l’Empire romain.

En dehors de l’Empire, les Romains connaissaient l’Hibernie (Irlande), la Calédonie (Écosse), les îles situées près de ce pays ; c’est dans le groupe des Schetland qu’était peut-être la fameuse Thulé, borne de l’Univers de ce côté. M. Kieppert incline à croire que c’était l’Islande.

La Germanie, comme en témoigne le livre de Tacite, leur était parfaitement connue, ainsi que la Chersonèse Cimbrique (Jutland) et le sud de la Scanie (Suède et Norvège) ; mais ils n’avaient pas pénétré au fond du golfe de Bothnie, et les Phéniciens qui exploraient si souvent les parages de la Baltique d’où ils tiraient l’ambre, ont pu croire eux-mêmes que la Scandinavie était une grande île. C’est donc au golfe de Finlande qu’il convient de limiter les connaissances des Anciens de ce côté.

La Sarmatie, désignation générale et assez vague qui peut s’appliquer aux peuples d’origine slave, représentait pour les Anciens une vaste contrée illimitée, arrosée par de grands fleuves dont le cours inférieur seul était connu, comme le Rha (Volga).

C’est au N. du Palus-Mæotis, si bien connu déjà au temps d’Hérodote, qu’il faut faire commencer la Scythie, dont la dénomination était plus générale et moins circonscrite, encore que celle de la Sarmatie, et qui s’étendait certainement fort avant vers le N. E., c’est-à-dire vers l’Asie septentrionale. Mais, pour mentionner les peuples d’origine Indo-Européenne ou Tartare qui se sont succédé au N. du Caucase et des Palus-Méotides, il faudrait suivre l’ordre des temps, car il est démontré que ces populations étaient toujours en marche vers l’Occident et que les Massagètes, les Dahes, les Dadices et les Saces, qu’Hérodote place à l’E. de la mer Caspienne, se retrouvent, au temps de l’Empire romain, dans la région du Danube, et ne sont autres que les Goths, les Daces, et peut-être même les Saxi, Saxoni.

Asie. Les connaissances des Anciens en Asie comprenaient : 1o l’Empire romain à l’époque de sa plus grande extension, c’est-à-dire, à la mort de Trajan : les Provinces d’Asie, de Bithynie, de Pont, de Galatie, de Pamphilie, de Cappadoce, de Cilicie (en Asie Mineure) ; d’Arménie, d’Assyrie, de Mésopotamie, de Babylonie, de Syrie, de Palestine et d’Arabie (dans l’Asie centrale) ;

2o Les pays situés hors de l’empire, c’est-à-dire les peuples du Caucase, bien connus du temps de Strabon, — l’Arabie, la Grande Médie et la Médie Atropatène, la Susiane, la Mésène avec la Characène, l’Arie, la Parthiène proprement dite, tous pays qui ont reconnu pendant longtemps la domination des Parthes ; la Bactriane, la Sogdiane, la Margiane, l’Arachosie, l’Indo-Scythie, le Bassin de l’Indus, décrit par Ptolémée en détail et dont presque tous les noms anciens ont été identifiés avec les noms modernes par M. Vivien de Saint-Martin dans ses importants mémoires lus à l’Académie des Inscript. et Belles-Lettres, sont les pays qui ont formé les dépendances du grand Royaume de Bactriane et d’Inde.

On ne doit pas hésiter aujourd’hui à comprendre parmi les pays connus des Anciens tout l’Hindoustan. Le bassin du Gange est décrit exactement par Ptolémée. L’Itinéraire théodosien nous donne les parcours et les stations jusqu’au delà du Gange, et les côtes maritimes nous sont connues par les Périples. C’est donc la chaîne de l’Imaüs ou Emodus (Himalaya) que nous assignons comme limite de ce côté. Quant au pays de la Sérique ou des Sinæ, c'està-dire la Chine, il est impossible de le comprendre parmi les pays connus des Anciens, non plus que l'Indo-Chine ou la Presqu'île au delà du Gange ; car, si l'existence de ces peuples et les relations commerciales que les Romains avaient avec eux, soit par terre, soit par mer, sont un fait hors de doute et remontant certainement au temps de Pausanias qui, le premier, donne une description exacte de la culture du ver à soie, il est assuré d'autre part qu'on n'avait sur ces contrées lointaines que des renseignements très-vagues et très-imparfaits et que la seule configuration donnée par Ptolémée à la côte de l'extrême Orient interdit de penser qu'ils soupçonnassent la disposition réelle des mers et des parages de la Chine.

Afrique. Il y aplus d'incertitude pour l'Afrique. Cependant, pour ce qui regarde la côte, on sait que les Phéniciens n'avaient pas dû dépasser la pointe de Sierra-Leone (Noti Cornu est l'Ile Sherboro). Le Bambotus de Polybe, le Fleuve des crocodiles et des hippopotames, mentionné dans le Périple d'Hannon, ne saurait être que le Sénégal. Le Theôn Ochema doit être le moderne Kakulina sur la côte des Bissagos, au sud de la Gambie. Les Iles Fortunées (Canaries) étaient connues même des Romains.

Sur la côte orientale de l'Afrique, les navigateurs ne paraissent guère avoir dépassé le promontoire Prasum (cap. Pouna), entre l'Ile de Zanzibar (qui serait la Menuthias du Périple érythréen, selon M. Ch. Mùller) et l'Ile de Monfia (ou M. d'Avezac porte cette même île Menuthias), point extrême des connaissances de l'auteur de ce Périple qui était un riche marchand égyptien du port de Myos-Hormos sur la mer Rouge, sans doute au temps des Antonins. M. Vivien de Saint-Martin veut que Menuthias soit Pemba, un peu au N. de Zanzibar.

Il est impossible de passer sous silence ici le fameux passage d'Hérodote sur le voyage de circumnavigation que les Phéniciens auraient fait autour de l'Afrique au temps du roi Néchao, c'est-à-dire au viiie siècle avant J. C. Les nombreux commentateurs qui se sont occupés de ce passage n'ont pas hésité pour la plupart à déclarer le fait impossible. Le dernier mot n'est pas dit sur cette question et l'on ne s'est peut-être pas assez préoccupé des expressions employées par l'historien : « La Libye est évidemment entourée d'eau, sauf l'espace qui forme la frontière du côté de l'Asie ; Néchao, roi d'Égypte, est le premier, à notre connaissance, qui l'ait démontré.... Il envoya, sur des vaisseaux, des Phéniciens auxquels il ordonna de revenir dans la mer qui est au N., par les Colonnes d'Hercule. Les Phéniciens partirent de la mer Rouge et naviguèrent au S. Quand vint l'automne, ils firent halte et ensemencèrent le lieu de la Libye où ils se trouvaient, car ils ne la perdaient jamais de vue. Là, ils attendirent la moisson et se rembarquèrent après avoir recueilli leur blé. Deux années s'écoulèrent ; la troisième, ils franchirent les Colonnes d'Hercule et arrivèrent en Égypte. Ils ont rapporté un fait que je ne crois pas et que d'autres peut-être croient : en faisant le tour de la Libije, ils ont eu le soleil à leur droite (t. IV, c. 42). » Hérodote se défend d'y croire, donc il n'a pas inventé le fait. Nous demandons comment, au viiie siècle av. J. C, on pouvait soupçonner cette observation vraie qui suppose que la ligne a été franchie et le cap de Bonne-Espérance doublé ? Faut-il croire que les connaissances des Anciens, 100 ans avant J. C, ne dépassaient pas, comme le dit M. Vivien de Saint-Martin, le Cap des Aromates (pointe Gardafui) ?

Quant à l'intérieur, c'est la région du Nil qui a été le plus et le mieux explorée. Sans parler des connaissances des Pharaons, sur lesquelles nous avons trop peu de lumière encore et qui étaient assurément fort étendues du côté de la haute Ethiopie et du Soudan, nous rappellerons que les centurions de Néron avaient pénétré jusqu'au 9° degré latit. N.


et avaient été arrêtés par ces fameux marais qui se rencontrent au-dessus de Khartoum, au confluent du Bahr-el-Abiad et du Bahr-el-Ghazal, exploré par notre compatriote Lejean : c'est-à-dire que les investigations des Romains dans l'intérieur de l'Afrique n'ont été dépassées que depuis 1840 par Arnaud, le Dr Peney, Lejean, et, plus récemment, par Speke et Grant.

Pline, en rappelant les expéditions romaines de Suetonius Paulinus, au sud de l'Atlas (42 ap. J. C), fait mention du Gir ou Niger, un autre Niger est cité par Pline et Ptolémée. Il faut se garder de les confondre avec le Niger moderne. M. Vivien de Saint-Martin a identifié le premier avec le Ghir actuel dans le Sarah marocain ; et l'autre avec le Djeddi du Sahara algérien.

L'expédition de Cornélius Balbus contre les Garamantes (19 ans av. J. C.) rapportée par Pline, montre qu'il avait pénétré jusqu'à la Regio Garamantica, qui est la Phazania ou le Fezzan moderne ; celle de Septimius Flaccus et de Julius Maternus au S. de la Phazania, jusqu'au pays appelé Agizimba (86-90 ap. J. C.), témoigne que ces généraux auraient marché pendant 3 mois vers le S. à partir du pays des Garamantes selon Marin de Tyr, et le géographe ajoute qu'ils y ont vu des rhinocéros. M. Leake place l'Agizimba dans le Bornou, aux environs du lac Tchad ; M. Vivien de Saint-Martin a pu, grâce aux récits du Dr Barth, l'identifier avec l'oasis d'Asben (15°-20° lat. N.), et c'est, pour lui, le point le plus méridional que les Anciens aient connu dans l'Afrique centrale.

Le voyage des 5 Nasamons dont parle Hérodote, qui auraient pénétré, après bien des jours de marche à travers le désert, dans une contrée arrosée par un grand fleuve qui nourrissait des crocodiles et dont les habitants, très-noirs, s'adonnaient à la magie, s'expliquerait, suivant M. V. de St-Martin, en leur faisant suivre la direction de l'O., à travers le Fezzan, jusqu'à l'oasis algérienne de Ouaregla. S'il faut renoncer à voir dans cette célèbre narration un voyage au pays du Bornou et aux fleuves du lac Tchad, où se voient des crocodiles encore aujourd'hui, peut-être faut-il admettre du moins que les Phéniciens, qui par intérêt commercial parlaient peu des pays qu'ils visitaient et qui ne pouvaient tirer leurs éléphants de l'Algérie ou du Maroc où ces animaux n'ont jamais dû vivre en liberté, les faisaient venir du Bornou où l'on en trouve encore en si grand nombre. D'autant plus que c'est bien ce pays qui semble désigné par Pline, ultra Syrticas solitudines, comme lieu de production de ces animaux : au delà des déserts des Syrtes, c'est-à-dire au delà des déserts qui s'étendent au sud de la Régence de Tripoli.

Terminons en disant que la célèbre inscription grecque d'Adulis qui a été gravée au iie siècle de notre ère fait connaître les nations soumises à l'Empire d'Axoum (qui correspond à l'Abyssinie actuelle), et que les nations dont les noms ont été pour la plupart identifiés avec les noms modernes des peuples du plateau Abyssin et des bords du Taccazé et du Nil Bleu par M. Vivien de St-Martin ne sont pas des pays étrangers aux Grecs et aux Romains, puisque cette inscription a été vue par un marchand grec du nom de Cosmas qui vivait en 520 de notre ère.

Races. Nous avons indiqué sur la carte les races anciennement répandues dans le monde à l'époque de l'Empire : l° Les Sémites dans l'Arabie, l'Assyrie, la Mésopotamie, la Syrie, la Palestine et les côtes de l'Afrique où dominait l'élément phénicien, et quelques régions de l'Égypte et de l'Abyssinie.

La race Indo-Européenne, comprenant les rameaux italique, grec, celtique, gaulois, germanique, dacique, slave ou sarmate, galate, cappadocien, arménien, persan et indien : en ajoutant à cette énumération quelques points de l'Afrique où les colonies grecques et l'occupation romaine ont fait prédominer ces familles conquérantes. Les races Couchite, Africaine ou Berbère, dominant dans toute l'Egypte, l'Ethiopie, l'Afrique duN. et une partie de l'Espagne dont les habitants primitifs ou Ibères sont probablement un rameau (les Basques en représenteraient aujourd'hui le dernier débris).


La race Tartare, dans une partie de la Scythie et dans la petite Tartane, sans parler de toute la haute Asie, et déjà les avant-postes des Huns au N. de la mer Caspienne.

La race Noire dans le Soudan et les contrées voisines de l'Atlas et du pays des Garamantes.

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MONDE CONNU DES ANCIENS

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