Au bord des terrasses/18

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Madame Alphonse Daudet ()
Alphonse Lemerre, éditeur (p. 55-56).




EAUX PROFONDES




Quel miroir font les yeux que remplit une larme
En fleurs qu’inonde le matin !
Leur bleu reflète des violettes de Parme,
Le jais s’assombrit sur leur tain !

Et comme cette eau vient d’une source profonde,
Puits de silence et de clarté,
Elle réfléchit mieux que le visible monde
Une intérieure beauté ;


Mieux que le vent qui passe, en jonchant les allées,
L’orage d’un printemps d’amour,
Mieux que le tourbillon des abeilles ailées,
Tout l’essaim des peines d’un jour.

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . .



Rosée, ondée, étang obscur ou large fleuve,
À la mesure des douleurs
S’emplissant, s’épandant, afin que l’on abreuve
Son cœur aride avec ses pleurs !