Au clair de la dune/Eau bénite

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Théo Hannon ()
Dorbon aîné (p. 13-14).
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IV

EAU BÉNITE


Or, donc on a béni la mer :
Oh ! les trois fois heureuses vagues…
On nous purgea le flot amer
À grand renfort d’oraisons vagues.

On a béni sans doute aussi
Du même coup, les estacades.
Voilà, mesdames, Dieu merci !
De quoi refroidir vos cascades…


Mais cette bénédiction,
De par ses vertus accomplies,
Étendit-elle son onction
Sur les soles et sur les plies ?

Peut-il, le goupillon sacré,
Répandre ses grâces congrues
Sur l’aiglefin, ventre nacré,
Et sur les maussades morues ?

Du même élan sanctifiant
La grande, l’immense cuvette,
Avec le crabe édifiant
Canonisa-t-il la crevette ?

Sut-il, enfin, le bénisseur,
En son beau geste fait au moule,
Bénir l’huître noble et sa sœur
Plus démocratique, la moule ?

Quoi qu’il en soit, déjà le flot
À venir vers lui nous invite :
Nous allons former un bon lot
De beaux diables dans l’eau bénite.