Au clair de la dune/Les Mouettes

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Théo Hannon ()
Dorbon aîné (p. 36-37).

XV

LES MOUETTES


Les mouettes aux ailes grises
Tourbillonnent sur les flots bleus
Et, plus légères que les brises,
Déroulent leur vol onduleux,
Les mouettes aux ailes grises.

Je voudrais choisir l’une d’elles,
Confidente de mes aveux,
Pour l’envoyer à tire-d’ailes
Au loin porter mes tendres vœux…
Je voudrais choisir l’une d’elles…


Je lui dirais : va près de celle
Dont les yeux aux flammes d’acier
Ont dans mon cœur, d’une étincelle,
Allumé l’éternel brasier…
Je lui dirais : va près de celle,

Près de celle qui tient ma vie
Dans un sourire, dans un pleur,
Montre-lui ma force asservie
Agonisant dans la douleur
Loin de celle qui tient ma vie.

Ô blanche messagère ailée,
Dis-lui ma peine et mon ennui,
Dis-lui que mon âme esseulée
Referme son aile en la nuit,
Ô blanche messagère ailée,

En la nuit morne de l’absence
Où, sevré du charme vainqueur
De sa chère toute-puissance,
Languit et trépasse mon cœur
En la nuit morne de l’absence.