Au clair de la dune/Profanes

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Théo Hannon ()
Dorbon aîné (p. 26-27).
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X

PROFANES


Soit qu’elle orne, au matin, de dentelles les grèves,
Soit qu’elle les argente à cette heure de rêves
Où dans les cieux la lune a lui,

La mer, la blonde mer, est la grande coquette
Dont l’homme n’a jamais su faire la conquête,
Cruelle, elle se rit de lui.


Elle s’étend, l’été, câline et point méchante,
Et sa vague au reflet de nacre vibre et chante,
Berçant, avec un doux roulis,

La barque où, confiant, sous la voilure grise,
Le nautonier profane, au soleil qui le grise,
Se croise les bras amollis.

Mais parfois la sournoise en riant se courrouce
Et lance à l’imprudent l’écume et l’algue rousse,
Échevelant ses flots rageurs,

Puis chasse en le sifflant ce nocher des dimanches
Qui rame, haletant, et retroussant ses manches
Au milieu des éclats vengeurs.