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Au coeur de la vie/1

La bibliothèque libre.
Calmann-Lévy, éditeurs (p. Titre-66).

BADEN

« Tout concourt et tout consent. »
Baden.

Eh bien, je l’ai donné à la-Vie mon livre sur l’Angleterre. Je ne sais pas si je lui ai fait un beau cadeau mais je sais qu’il a coûté très cher à la Nature et à moi. J’ai tenu à l’achever le jour de Pâques, le jour triomphant par excellence. Le matin même, sur le plateau de mon thé, j’ai trouvé un panier en forme d’œuf, je l’ai ouvert et un petit poussin remonté à point s’en est échappé. Il tenait dans son bec une minuscule couverture jaune sur laquelle était écrit : « L’Ile Inconnue ». C’était l’envoi d’une Américaine de mes amies. Il m’a causé une joie enfantine, une joie que n’éprouveraient certes pas mes grands confrères, mais dont je n’ai aucune honte. Le poussin est là sur ma table de travail pour m’encourager à lui donner un frère. J’y pense… oh ! j’y pense.

Aussitôt le dernier mot de mon gros volume écrit, une paix soudaine s’est faite en moi. J’ai eu alors la sensation d’une onde très douce et colorée, une sensation de quelques secondes, mais vraiment divine. Le phénomène s’est produit à l’achèvement de tous mes livres. Sous cette influence, j’ai caressé mon manuscrit et à haute voix j’ai dit : « C’est bien, oui, je crois que c’est Page:Laperche - Au coeur de la vie.djvu/14 Page:Laperche - Au coeur de la vie.djvu/15 Page:Laperche - Au coeur de la vie.djvu/16 Page:Laperche - Au coeur de la vie.djvu/17 Page:Laperche - Au coeur de la vie.djvu/18 Page:Laperche - Au coeur de la vie.djvu/19 Page:Laperche - Au coeur de la vie.djvu/20 Page:Laperche - Au coeur de la vie.djvu/21 Page:Laperche - Au coeur de la vie.djvu/22 Page:Laperche - Au coeur de la vie.djvu/23 Page:Laperche - Au coeur de la vie.djvu/24 Page:Laperche - Au coeur de la vie.djvu/25 Page:Laperche - Au coeur de la vie.djvu/26 Page:Laperche - Au coeur de la vie.djvu/27 Page:Laperche - Au coeur de la vie.djvu/28 Page:Laperche - Au coeur de la vie.djvu/29 Page:Laperche - Au coeur de la vie.djvu/30 Page:Laperche - Au coeur de la vie.djvu/31 Page:Laperche - Au coeur de la vie.djvu/32 Page:Laperche - Au coeur de la vie.djvu/33 Page:Laperche - Au coeur de la vie.djvu/34 Page:Laperche - Au coeur de la vie.djvu/35 Page:Laperche - Au coeur de la vie.djvu/36 Page:Laperche - Au coeur de la vie.djvu/37 Page:Laperche - Au coeur de la vie.djvu/38 Page:Laperche - Au coeur de la vie.djvu/39 Page:Laperche - Au coeur de la vie.djvu/40 Page:Laperche - Au coeur de la vie.djvu/41 Page:Laperche - Au coeur de la vie.djvu/42 Page:Laperche - Au coeur de la vie.djvu/43 Page:Laperche - Au coeur de la vie.djvu/44 Page:Laperche - Au coeur de la vie.djvu/45 Page:Laperche - Au coeur de la vie.djvu/46 Page:Laperche - Au coeur de la vie.djvu/47 Page:Laperche - Au coeur de la vie.djvu/48 Page:Laperche - Au coeur de la vie.djvu/49 Page:Laperche - Au coeur de la vie.djvu/50 Page:Laperche - Au coeur de la vie.djvu/51 Page:Laperche - Au coeur de la vie.djvu/52 Page:Laperche - Au coeur de la vie.djvu/53 Page:Laperche - Au coeur de la vie.djvu/54 Page:Laperche - Au coeur de la vie.djvu/55 Page:Laperche - Au coeur de la vie.djvu/56 Page:Laperche - Au coeur de la vie.djvu/57 Page:Laperche - Au coeur de la vie.djvu/58 Page:Laperche - Au coeur de la vie.djvu/59 Page:Laperche - Au coeur de la vie.djvu/60 Page:Laperche - Au coeur de la vie.djvu/61 Page:Laperche - Au coeur de la vie.djvu/62 Page:Laperche - Au coeur de la vie.djvu/63 Page:Laperche - Au coeur de la vie.djvu/64 Page:Laperche - Au coeur de la vie.djvu/65 Page:Laperche - Au coeur de la vie.djvu/66 Page:Laperche - Au coeur de la vie.djvu/67 Page:Laperche - Au coeur de la vie.djvu/68 Page:Laperche - Au coeur de la vie.djvu/69 Page:Laperche - Au coeur de la vie.djvu/70 Page:Laperche - Au coeur de la vie.djvu/71 Page:Laperche - Au coeur de la vie.djvu/72 Page:Laperche - Au coeur de la vie.djvu/73 Page:Laperche - Au coeur de la vie.djvu/74 Page:Laperche - Au coeur de la vie.djvu/75 Ses établissements financiers, ses maisons de commerce sont de véritables palais. Le Zuricois est essentiellement « glorieux », comme disent les paysans. A Bâle, on devine qu’il y a de l’argent, ici on le voit. Sous le coup d’une réflexion, je m’arrêtai au beau milieu du trottoir. Je venais de songer que le principal agent de cette prospérité était un petit ver— le ver à soie ! Oui, en vérité, il croyait, comme nous, filer pour lui-même et il filait pour la Vie. Il y avait un peu de sa substance dans tous ces édifices, dans toutes ces confortables habitations humaines. « Il concourt. »

De Zurich à Baden j’ai ruminé mes impressions… Pour moi, elles en valaient la peine. J’avais vu l’homme tout à fait objectivement, c’est-à-dire comme Terrien. Les oreilles et la tête ne seront jamais plus à ma pensée ce qu’elles étaient. Et qu’étaient-elles ?… des mots… eh bien ! aujourd’hui elles sont quelque chose.

L’humanité éprouvera sans doute un choc semblable à celui que j’ai ressenti. Le cycle de son rêve d’enfant a été vécu. Pendant ce rêve, elle a tout imaginé. Dicu, le ciel, son commencement, sa fin, elle s’est imaginée elle-même. La voici au seuil de son adolescence. Par les découvertes de la science, elle va prendre contact avec la Vérité. Le contact lui sera douloureux, je n’en doute pas, mais dans la vérité elle trouvera sa vraie grandeur. En attendant, je crois qu’il est plus profitable de méditer sur un crâne vivant que sur unc tête morte.