Au fait, au fait !!! Interprétation de l’idée démocratique/18

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XVIII.


Il reste donc démontré que le socialisme n’est pas plus à craindre en lui-même que toute autre doctrine philosophique. Il reste acquis qu’il ne peut devenir dangereux qu’à la condition de gouverner. Ce qui revient à dire que nul n’est dangereux qui ne gouverne pas ; d’où il suit que quiconque gouverne est déjà ou peut devenir dangereux ; d’où encore la conséquence rigoureuse que la nation ne peut avoir d’autre ennemi public que le gouvernement.

Cela posé, il est hors de doute que la seule chose importante des temps modernes, la seule aussi à laquelle nos représentants n’ont pas pris garde, consiste à simplifier l’organisme administratif dans la mesure voulue par la liberté individuelle, qui a été sans garanties jusqu’à ce jour, et par la réduction de l’impôt, qui sera sans réalisation possible, tant qu’on persistera dans la voie tracée par les gouvernements à gros budgets.

L’institution gouvernementale actuelle est la même que celle de l’an dernier, et celle de l’an dernier résumait tous les pouvoirs de Louis XIV, avec la seule différence que l’unité d’action de la tutelle royale se trouve répartie entre six à sept départements ministériels, mis en jeu par une majorité parlementaire. Pouvons-nous être un peuple libre, tant que notre existence sera réglementée depuis l’ordre civil jusqu’à l’ordre hygiénique ?

Si nous posons la garantie de notre liberté individuelle, si nous nous résolvons à nous mouvoir de notre mouvement propre, la nation réacquerra cette force dont elle s’est dessaisie ou qu’on a usurpé sur elle ; cette force nécessaire, indispensable à la pondération des prérogatives populaires avec les attributions gouvernementales.

Si la nation rentrait dans sa force, l’assemblée qui sortirait de son sein, n’oublierait pas de sitôt où est le maître réel, où campe le véritable souverain et, dans le contrat qui serait passé, entre la France et ses intendants, il ne serait réservé à ceux-ci aucun moyen de se rendre maîtres de celle-là.