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Au jardin de l’infante/Des soirs fiévreux et forts…

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Au jardin de l’infanteMercure de FranceŒuvres de Albert Samain, t. 1 (p. 159-160).

Des soirs fiévreux et forts comme une venaison,
Mon âme traîne en soi l’ennui d’un vieil Hérode,
Et, prostrée aux coussins, où son mal la taraude,
Trouve à toute pensée un goût de trahison.


Pour fuir le désespoir qui souffre à l’horizon,
Elle appelle la sombre danseuse qui rôde,
Et Salomé vient dans la salle basse et chaude
Secouer le péché touffu de sa toison.



Elle danse !… Oh ! pendant qu’avec l’éclat des pierres,
Au soleil, tes deux yeux brûlent dans leurs paupières,
Mon âme, entends-tu pas bêler dans le verger ?


Tu le sais bien pourtant quel enfer te l’amène,
Et qu’elle va, ce soir, réclamer pour sa peine
L’Agneau blanc de ton pauvre cœur pour l’égorger.