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Au jardin de l’infante/Fin d’Empire

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Au jardin de l’infanteMercure de FranceŒuvres de Albert Samain, t. 1 (p. 213-214).
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FIN D’EMPIRE

Dans l’atrium où veille un César de porphyre,
Arcadius, les yeux peints, les cheveux frisés,
Par un éphèbe au corps de vierge se fait lire
Un doux papyrus grec tout fleuri de baisers.


C’est une idylle rose, où le flot bleu soupire,
Où l’art mièvre zézaie en vers adonisés ;
Et l’empereur, qu’un songe ambigu fait sourire,
Respire un lis avec des gestes épuisés.



Cependant d’heure en heure entrent des capitaines ;
Ils disent la terreur des batailles lointaines ;
Mais le maître au front ceint de roses n’entend pas.


Et, seul, l’aïeul de marbre au dur profil morose
A tressailli dans l’ombre, en écoutant là-bas
Craquer sinistrement l’Empire grandiose.